Coups de coeur

Le Moyen-Âge dans les Hauts-de-France

Pour le 100e article du site, je vous emmène dans un voyage temporel à travers 8 siècles d’histoire en Hauts-de-France ! De nombreux combats ont eu lieu dans la région durant le Moyen-Âge, car ces terres frontalières étaient un carrefour européen qui leur ont valu d’être au cœur de l’histoire. Mais le Moyen-Âge a également façonné les villes, les reliefs, les coutumes… et notre mémoire collective. Cette riche histoire, visitons-là au travers de musées, de châteaux, d’églises et d’abbayes, de mémoriaux et de citées fortifiées.

Il existe de très nombreuses traces du Moyen-Âge dans la région et je ne peux évidement vous les présenter toutes. J’ai également fait une sélection des monuments dont l’aspect actuel est le plus proche possible de celui qu’il possédait à sa construction.

Les batailles

Commençons par les batailles. Bouvines en 1214 vit s’opposer les troupes royales françaises à une coalition de seigneurs ennemis. Puis deux grandes batailles eurent lieu pendant la guerre de 100 ans (qui opposaient les “Français” et les “Anglais”) : Crécy en 1346, puis Azincourt en 1415. Et sans vouloir vous “spoiler” la fin de l’histoire, ça ne s’est pas bien terminé pour les Français…

Bouvines (Nord)

La bataille de Bouvines s’inscrit dans la série de conflits ayant opposé Capétiens (français) et Plantagenêt (anglais) aux 12e et 13e siècle, et plus précisément dans l’affrontement entre le roi de France Philippe Auguste et le roi d’Angleterre Jean sans Terre.
On ne le sait peut-être pas, mais durant une bonne partie du Moyen-Âge, la France… n’était pas française ! En 1202, le roi d’Angleterre possédait plus de la moitié du royaume de France (Normandie, Bretagne, Loire et Aquitaine) et Philippe Auguste a saisi un prétexte pour confisquer tous ses fiefs, les uns après les autres. Évidement, Jean Sans Terre n’a pas apprécié ! Il a donc monté une coalition de tous les ennemis de Philippe Auguste pour reprendre ses terres, voir carrément tout le royaume de France.
Les coalisés ont envisagé un plan d’invasion d’envergure : les troupes anglaises de Jean sans Terre attaqueraient par La Rochelle alors que l’Empereur du Saint-Empire Otton IV et ses alliés frapperaient par le Nord.
Fin juillet 1214, Philippe Auguste était dans le Nord de la France. Tandis qu’il se repliait vers Lille avec ses troupes, Otton IV et les siens ont attaqué, pensant que le roi était en position de faiblesse. Mauvaise tactique ! Ils se sont retrouvé à combattre l’armée entière plutôt que son arrière-garde.

L’église de Bouvines

Bouvines, située à une quinzaine de kilomètres de Lille, est un petit village discret de 750 habitants. C’est pourtant ici que les troupes royales de Philippe-Auguste ont vaincu la coalition de seigneurs flamands, anglais, allemands et français, mené par l’Empereur du Saint-Empire Otton IV. Cette bataille décisive est commémorée sur les sublimes vitraux de l’église de la ville.

La bataille a été rude. Les chevaliers, cavaliers et miliciens se sont souvent battus au corps à corps. Les chevaliers d’Otton ont fini par trébucher sur les blessés et les morts, impossible pour eux de reculer sous la charge des Français. Dans la pagaille, ceux qui étaient à l’arrière ne comprenaient pas ce qui se passait devant. Alors que du côté Français, les lieutenants du roi étaient mobiles, ils sont parvenus à faire des prisonniers de haut-rang, ils ont désarçonné Otton IV, ils ont réussi des percés qui ont décontenancés les opposants… Une victoire éclatante pour les troupes de Philippe Auguste !

La “Bataille de Flandres”, alias Bataille de Bouvines. Enluminure des Grandes Chroniques de France, bibliothèque municipale de Castres

Les vitraux de l’église de Bouvines sont très colorés et soignés, ils regorgent de petits détails. On peut passer des heures à les observer pour distinguer ici un soldat qui remet en place sa chausse, là un combattant mort sur le sol, là un cheval qui se braque, ici le drapé d’une tunique…

Dans l’église, des panneaux rappellent le déroulement de la bataille et les forces en présence. L’église propose d’ailleurs un guide audio et un guide vidéo à ouvrir sur votre smartphone.

En savoir plus sur l’église de Bouvines et ses superbes vitraux, ainsi que les monuments commémoratifs de la bataille.

INFORMATION PRATIQUE

Adresse : Rue Jeanne d’Arc 59830 Bouvines

Horaires : L’église est ouverte tous les jours. En été de 9h à 18h, en hiver de 10h à 17h.

Crécy-en-Ponthieux (Somme)

Après la bataille de Bouvines, Jean sans Terre a dû accepter de signer un traité qui l’a dépossédé de la Normandie, du Maine, de l’Anjou, de la Touraine et de la Bretagne. 
Mais les guerres entre la France et l’Angleterre n’étaient pas terminées, bien au contraire !

Plus d’un siècle plus tard, en octobre 1337, le roi d’Angleterre Edouard III Plantagenêt a lancé publiquement un défi à son cousin, le roi de France Philippe VI de Valois. Il revendiquait la couronne de France pour lui-même, en tant que petit-fils de Philippe IV le Bel.
C’est ce qui a déclenché la guerre de Cent Ans. Pendant plus d’un siècle (1337-1453), ce conflit allait opposer les rois de France aux rois d’Angleterre. 

En juillet 1346, Édouard III s’est décidé à envahir la France, avec pour but de prendre Paris et la couronne de France… et en pillant tout sur son passage. Il a débarqué en Normandie en juillet avec 40.000 hommes !

Après avoir saccagé la Normandie, Edouard III s’est dirigé vers le nord pour rejoindre ses alliés flamands. Philippe VI l’a laissé remonter vers la Somme sans l’attaquer, car il était occupé à rassembler des troupes. En août, le roi de France a rejoint Amiens à la tête d’une vaste armée, alors qu’Edouard III louvoyait entre les marais de l’Authie et ceux de la forêt de Crécy, se rapprochant de l’armée française, parvenue à Abbeville.

Le 25 août 1346 au soir, Edouard III s’est installé sur les hauteurs du plateau de Crécy-en-Ponthieu, en position dominante et favorable.
De son côté, Philippe VI est sorti d’Abbeville à la tête d’une impressionnante armée de 20.000 cavaliers et au moins 50.000 hommes à pied, dont 6.000 arbalétriers, mené par ses vassaux et alliés (dont Jean Ier de Luxembourg roi de Bohême, et son propre frère Charles II de Valois).
Les troupes du roi sont arrivé près du plateau de Crécy juste au moment où un orage éclatait, rendant le terrain boueux et glissant.

Le centre historique “Crécy la bataille”

Ce musée associatif retrace de manière vivante et colorée l’histoire de la bataille de Crécy. Il présente toutes les forces en présence grâce à des maquettes, et décrit les équipements des soldats et chevaliers avec des reconstitutions d’armes et d’armure ou des mannequins vêtus de costumes.

Grâce à des panneaux explicatifs imagés, le visiteur part à la découverte de la bataille, mais aussi de la guerre de Cent Ans, en suivant un parcours chronologique fléché.

D’autres thématiques sont consacrées à l’héritage culturel de l’événement ainsi qu’à la vie quotidienne au Moyen-Âge grâce à des reproductions d’enluminures des 14e et 15e siècles.

Au sein d’un espace dédié aux plus jeunes, on peut s’initier au célèbre “jeu de Mérelle”, un jeu de réflexion qui se joue avec des pions sur un plateau.

Pour terminer la visite, un passionnant film animé nous explique comment “la fine fleur de la noblesse française” a été décimée à Crécy…

Que s’est-il donc passé ce 26 août 1346 ?

Faisons le point.
Philippe VI était en supériorité numérique, certes, mais ses troupes étaient situées plus bas que celle d’Edouard III et dans la boue jusqu’aux mollets.
Le roi de France ne pouvait se douter que non seulement les troupes du roi d’Angleterre étaient formées au 3/4 d’archers rapides et précis, mais que les soldats étaient positionnés derrière des rangées de pieux où allaient s’empaler les chevaliers français.
Car, contrairement à Edouard III, l’armée française n’avait prévu aucune tactique pour la bataille et arrivait devant la position anglaise en fin de journée, fatiguée par le voyage, dans le désordre. Les troupes françaises étaient indisciplinées et, surtout, mal commandées.

Arriva ce qui devait arriver. Les soldats et les chevaliers français se sont rué vers les hauteurs où les attendaient prudemment les Anglais. Philippe VI a ordonné d’arrêter la charge et de reporter le combat au lendemain, afin d’avoir des conditions plus favorables. Mais, si les premiers escadrons se sont arrêté, les suivants n’ont pas entendu les ordres et ont – au contraire – accéléré la cadence. Les soldats à l’arrêt ont été entraînés par les autres… et tout le monde a chargé.

“Pagaille” est un mot bien trop faible pour décrire ce qui s’est déroulé ensuite.
Les chevaliers à cheval ont été gênés dans leur progression par la boue et par les soldats à pied. Les longs arcs des archers gallois ont fait merveille, arrosant littéralement de milliers de flèches les troupes françaises… dont les arbalétriers sans protection, car leurs grands boucliers étaient restés dans les bagages à l’arrière ! Lorsqu’ils se sont repliés pour se protéger, Philippe VI a cru à une trahison et a ordonné aux chevaliers français de tuer ses fuyards… qui se sont défendu en décimant les chevaliers de leurs carreaux d’arbalète.

Jusque tard dans la nuit, les Français ont effectué sans succès une quinzaine de charges, systématiquement brisées par les archers gallois. Même si, au lever du jour, le frère de Philippe VI est parvenu à atteindre les archers pour les écharper, les troupes anglaises ont repoussé l’offensive. Les chevaliers français, épuisés par le poids de leur armure et aveuglés par le soleil, sont tombé comme des mouches. Ils ont à leur tour été massacrés par les Anglais.
Le roi de France lui-même, blessé par une flèche, a abandonné le champ de bataille.

La bataille de Crécy dans les Chroniques de Jean Froissart, BnF

L’armée française anéantie, Édouard III est remonté vers le nord et a fait le siège de Calais, qui a fini par céder. Calais est passé sous domination anglaise (elle allait le rester jusqu’au 16e siècle).

INFORMATIONS PRATIQUES
Adresse :
16A, Avenue des Fusillés 80150 Crécy-en-Ponthieu
Horaires : Du mercredi au dimanche, 10h – 12h15 et 14h15 – 18h du 1er février au 31 octobre. Fermeture les jours fériés.
Tarifs : Adulte : 5 €, 12 à 18 ans : 3 €, moins de 12 ans : gratuit

Le site de la bataille

Depuis 1984, une tour de guet permet d’observer le panorama du champ de bataille. Elle se trouve à l’emplacement du “moulin d’Édouard III”, observatoire du roi d’Angleterre le 26 août 1346.
Un petit parking attenant permet de garer votre voiture ou votre vélo.

Le mémorial de Jean de Luxembourg

Édifié en 1905 en centre-ville de Crécy-en-Ponthieu, le monument rend hommage à Jean de Luxembourg, roi de Bohême, et à ses “vaillants compagnons d’armes” morts à la bataille de Crécy. Ce roi, bien qu’aveugle, s’était courageusement jeté dans la bataille pour Philippe VI de Valois.

À quelques mètres du mémorial à Jean de Luxembourg se dresse “La croix du Bourg”, un monument en briques qui n’a rien à voir avec la bataille de Crécy. Il aurait été érigé en hommage à Éléonore de Castille, épouse d’Edouard Ier roi d’Angleterre et comtesse de Ponthieu.

La forêt de Crécy

C’est ici qu’en 1346, l’armée de Philippe VI de Valois a été battue par les troupes du roi d’Angleterre. Mais c’est aussi un endroit où vous pouvez vous promener et vous ressourcer dans le plus grand massif forestier de la Somme.
De nombreuses balades sont possibles le long de différents itinéraires entre les hêtres et les chênes.

Azincourt (Pas-de-Calais)

On pourrait penser que la noblesse et le roi de France auraient tiré des leçons de la bataille de Crécy. Il n’en est rien, car la bataille d’Azincourt, qui s’est déroulé 69 ans plus tard, en 1415, a rencontré les mêmes problèmes… et les mêmes conséquences. La “fine fleur” de la chevalerie française – supérieure en nombre, mais en position basse – s’est jetée dans la bataille en chargeant à cheval ou à pied… et a été décimée par les archers anglais.

Encore une fois, l’armée anglaise avait débarqué en Normandie pour conquérir la France et faire couronner, cette fois, le monarque anglais Henri V à Paris. Elle avait toutefois été repoussée en Picardie et les soldats anglais tentaient de rentrer en Angleterre par Calais. Il semblait donc logique de leur barrer la route à Azincourt, dans le Pas-de-Calais. Mais l’armée anglaise était moins désorganisée qu’elle en avait l’air…

Bataille d’Azincourt, miniature tirée de l’Abrégé de la Chronique d’Enguerrand de Monstrelet, 15e siècle, Paris, BnF

Le 24 octobre 1415, en trois heures, des centaines de familles nobles de toute la France ont été massacrées. Près de 1000 combattants français sont morts pendant l’affrontement. Sept Princes de sang royal ont été tués ou capturés. Plus de 300 nobles français ont été faits prisonniers.
Pourquoi avoir “foncé tête baissée” dans la bataille ? Les seigneurs se devaient de se battre pour protéger leurs terres alors que les Anglais pillaient et brûlaient tout sur leur passage. Ils devaient également allégeance au roi de France, et lui prouver leur valeur. Et enfin, ils voulaient venger les défaites de Crécy et de Poitiers (en 1356, le roi de France Jean II avait conduit ses troupes désordonnées au désastre. Il avait été fait prisonnier, ainsi que son fils et de nombreux membres éminents de la chevalerie française).
Comme à Crécy, les chevaliers ont bravement chargé, à cheval ou à pied. Alourdis par leurs armures et les pieds dans la boue, comme à Crécy. Et comme à Crécy, face à une pluie de 58 000 flèches par minute lancées par des archers anglais mieux disposés, mieux équipés et plus efficaces.

Le centre d’interprétation d’Azincourt

Si c’est bien un collège international d’historiens qui a conçu le parcours de visite, il est toutefois ludique, joliment mis en scène et totalement captivant. Au travers d’une scénographie moderne et immersive, on est littéralement plongé dans la bataille et dans la vie au Moyen-Âge, entre surprise et émotions.

Pour découvrir la vie des soldats du début du 15e siècle, on peut fouiller le contenu de leur besace et découvrir leur nourriture. On nous explique les blessures qu’ils pouvaient subir et comment ils les soignaient. Il est possible de lire des textes ou des poèmes d’époque “traduits” en français moderne, d’utiliser des écrans tactiles ou d’écouter de la musique. On comprend mieux le parcours des deux armées et l’histoire du conflit grâce à des cartes, des vidéos et des maquettes…

Afin que le visiteur puisse saisir le contexte, le centre explique également les mariages signés entre dynasties pour régler un conflit qui s’éternise et les négociations qui échouent. On réalise à quel point les armures en acier et tout l’équipement des chevaliers pouvaient être lourds. On peut tenter de recharger une arbalète… ce qui prend bien plus de temps que de décocher une flèche.

Au centre du parcours, un écran à 360° nous plonge entièrement dans la bataille grâce à un film d’animation d’une dizaine de minutes. Cet espace circulaire nous immerge dans le fracas des armes, les cris des combattants, le sang qui coule… Rien ne nous est épargné de ces terribles combats.

Le centre est un endroit passionnant où on se laisse emporter dans un véritable voyage au Moyen-Âge.

Le centre « Azincourt 1415 » abrite également un saisissant mémorial dédié aux combattants tombés le 25 octobre 1415. Les recherches réalisées par Anne Curry (professeure d’histoire médiévale à l’université de Southampton et spécialiste de la Guerre de Cent Ans) ont permis d’identifier 531 noms d’hommes tués au combat le 25 octobre 1415.

INFORMATIONS PRATIQUES
Adresse :
24, rue Charles VI 62310 Azincourt
Horaires : ouvert tous les jours – sauf le mardi – de 10h à 17h30 (dernier accueil à 16h30). En juillet-août, de 10h à 18h30 (dernier accueil à 17h30).
Tarifs : adulte : 9€, étudiants et demandeurs d’emploi : 7,50€, enfant (à partir de 5 ans) : 6€, pack Famille (2 adultes + 2 enfants) : 25€ + 2€ par enfant supplémentaire.

Le lieu de la bataille

Situé à 1 km du centre “Azincourt 1415”, le champ de bataille d’Azincourt est, avec le champ de bataille de Crécy-en-Ponthieu, l’un des deux champs de bataille de la guerre de Cent Ans encore visible dans les Hauts-de-France.
La bataille a eu lieu dans la clairière entre les bois d’Azincourt et de Tramecourt. De nos jours, le lieu est marqué par une plaque et des silhouettes de soldats des deux camps.

Un parcours fléché vous permet de vous rendre sur le champ de bataille d’Azincourt depuis le centre “Azincourt 1415”. Le long du circuit, des panneaux didactiques vous expliquent le déroulement de l’affrontement.

La région a été marquée par ces trois batailles, mais il existe également un patrimoine bâti datant du Moyen-Âge, et qui se visite encore.

La cité fortifiée de Montreuil-sur-Mer (Pas-de-Calais)

Ce qui fut un port sur la Manche âprement disputé entre Capétiens, Plantagenêts, Bourguignons et Espagnols est aujourd’hui l’un des villages préférés des Français, entouré de 3 km de remparts de briques rouges. Montreuil-sur-Mer a été une ville riche et un important centre religieux au Moyen-Âge.

Partez à la visite de la belle ville de Montreuil-sur-Mer.

Le donjon de Bours (Pas-de-Calais)

Le donjon de Bours est une tour médiévale du 14e siècle qui se situe à Bours, dans un petit village de 600 habitants logé à 15 mn de Saint-Pol-sur-Ternoise. Il s’agit d’un rare exemple d’une résidence de chevalier dans le Nord de la France.

Il était désigné dans une charte dès 1375 comme “forte maison” appartenant aux seigneurs de Bours. Construit en grès et installé sur une plateforme, le donjon est constitué d’une tour carrée flanquée de six tourelles.

Grâce à de passionnantes visites guidées, vous pouvez découvrir ce surprenant édifice et plonger dans le quotidien d’une famille seigneuriale via un espace historique moderne qui vous expose l’histoire et l’architecture de la maison forte.

Le donjon se situait au centre d’un domaine composé d’une haute et d’une basse-cour, le tout ceinturé de larges douves et de fossés.

Durant la Renaissance, François 1er et Charles Quint se sont opposé à plusieurs reprises lors de batailles et de guerres, dont deux ont provoqué l’incendie du donjon, en 1537 puis en 1543.

Par la suite, le donjon a été remanié : la façade principale a été en partie reconstruite avec des moellons de silex moins esthétiques que les blocs de grès d’origine.

À l’intérieur, la voûte du cellier s’est effondrée, provoquant une hausse du niveau du sol. Pour continuer à utiliser le cellier, un nouvel accès a été percé en façade, à hauteur du remblai.

Jusqu’au 16e siècle, un petit fossé en eau, alimenté par les douves, passait à l’avant de la façade principale du donjon. Celle-ci possède encore deux entrées : l’une pour accéder à la salle noble, pièce majeure de la résidence du seigneur, et l’autre au cellier, où sont conservées les denrées alimentaires. On entre dans le donjon par la salle noble grâce à une passerelle en bois, qui a été reconstruite.

Le donjon a été restauré à partir de 1976, puis a accueilli la mairie de la commune de 1982 à 2014. Après plusieurs années de travaux, le Donjon de Bours est devenu en 2019 un espace historique qui accueille les visiteurs.

Pour information, la visite commence dans un bâtiment annexe situé à 100 mètres : la maison du Donjon. Cette ancienne habitation de notable du 18e siècle a (elle aussi) été totalement réhabilitée. 
Durant les vacances scolaires, la maison propose des ateliers et des balades contées aux enfants.

INFORMATIONS PRATIQUES

Adresse :
29 rue de l’Église 62550 BOURS

Horaires : Le donjon se visite uniquement en visite guidée. Du 1er octobre au 31 mars, du mardi au vendredi : 11h / 14h15 / 16h. Du 1er avril au 30 septembre, du mardi au vendredi : 10h / 11h30 / 13h30 / 15h / 16h30. Et les samedi et dimanche : 14h / 15h30. Accueil dans la maison du Donjon situé en face du monument.

Tarifs : adulte 6€, demandeur d’emploi et étudiant 4€, enfant 4 à 12 ans 2,50€, Pass’Famille (Parents + 2 enfants) : 14 €

Bours est un “village patrimoine” qui vous propose une balade pédestre à la découverte de son histoire et de ses particularités. Des randonnées passent également devant le donjon.

Le château de Créminil (Pas-de-Calais)

Le château de Créminil est situé à Estrée-Blanche, un petit village à 30mn de Béthune.

Si le château de Créminil est attesté depuis 1329, c’est la famille Le May qui a fait construire un véritable château en 1443. Il a été reconstruit sous sa forme actuelle après un incendie en 1543.

“Créminil” n’est donc pas le nom d’une famille noble. Le nom du château trouve son origine dans les fondations faites de pierres calcaires : « Cré » = Craie, « Minil » = Manoir, soit « le manoir de craie ».

Le château de Créminil a un petit côté “château de conte de fée” : édifié en pierres blanches, il est entouré par des douves et on y accède par un pont-levis. Il est construit suivant un plan circulaire autour d’une cour intérieure (que l’on découvre uniquement en faisant le tour du château) et il est flanqué de tours, de tourelles et de contreforts.

Une cheminée a été construite au 17e siècle, puis une terrasse surplombant la douve a été créée au 18e siècle et des ouvertures ont été percées pour laisser entrer la lumière. Du château fort originel, on remarque des meurtrières et des ouvertures de tir dans la tour nord.

À côté du château, ne manquez pas le parc boisé et les jardins médiévaux où il fait bon flâner entre pastel, bardane et légumes anciens.

Le parc du château de Créminil est classé monument historique et inscrit au pré-inventaire des jardins remarquables.

Le château de Créminil appartient à un (charmant) propriétaire privé qui l’occupe. Il n’est donc pas visitable tout au long de l’année.

INFORMATIONS PRATIQUES
Adresse :
11 Rue de la Mairie, 62145 Estrée-Blanche
Horaires : ouvert en juillet / août et durant les Journées du Patrimoine. Le dimanche visite libre de 10h à 17h et visite guidée à 15h et à 16h. Réservation obligatoire auprès de l’office de tourisme de Béthune-Bruay pour les visites guidées.
Tarif : 4€ en visite libre, 8€ en visite guidée.

Le château de Pierrefond (Oise)

Certes, le château de Pierrefonds est une idée plutôt qu’une réalité historique. Mais Eugène Viollet-le-Duc s’est inspiré des ruines du château bâtis vers 1396 pour recréer celui qui se dresse aujourd’hui sous nos yeux ébahis.

D’abord château fort médiéval, à moitié détruit au 17e siècle, il fut redessiné pour devenir un des plus beaux châteaux de France. Avec son donjon, son pont-levis, ses meurtrières, son chemin de ronde, son escalier, Pierrefonds représente le château-fort parfait du Moyen-Âge… idéalisé par le 19e siècle.

Le décor sculpté et peint du salon de réception a été entièrement conçu par Viollet-le-Duc, en s’inspirant des plantes et des bestiaires dessinés au Moyen Âge. Il a choisi d’utiliser le même procédé de peinture que celui qui était en usage aux 15ème et 16ème siècles : la peinture à la détrempe. Les pigments colorés sont mélangés à du jaune d’œuf, de la colle de peau ou de la gomme arabique, puis appliqués sur les murs couverts d’un enduit.

Pour créer la salle des Preuses, Viollet-le-Duc s’est inspiré à la fois de la grande salle des Preux (pour l’ornementation et les dimensions) et de la cheminée de la salle des Preuses (aujourd’hui disparue) du château voisin de Coucy (lui aussi en ruines).

En savoir plus sur le sublime château de Pierrefonds.

Les abbayes du Moyen-Âge

Les abbayes sont nombreuses dans les Hauts-de-France ! Si nombre d’entre elles ont été construites entre le 17e et le 19e siècle, il reste encore quelques bijoux bien plus anciens, dont certaines ont été magnifiquement restaurées et d’autres restent à l’état de “splendides ruines”. Parmi celles-ci :

L’abbaye de Vaucelles (Nord) : Créée en 1132, l’abbaye des Rues-des-Vignes a connu un rayonnement important avant d’être ravagée par la Révolution et la Première Guerre mondiale. Des passionnés lui ont redonné vie et l’abbaye est redevenu un joyau de l’époque cistercienne, avec une salle capitulaire unique en Europe.

L’abbaye de Liessies (Nord) : il ne reste de nos jours que son beau parc qui invite à la balade, mais l’abbaye de Liessies fut l’une des plus belles et des plus puissantes du Nord de la France entre sa fondation en 751 et sa reconstruction au 16e siècle.

L’abbaye de Saint Riquier (Somme) : A 10 km d’Abbeville, l’abbaye bénédictine de Saint Riquier est un joyau de l’architecture gothique. Fondée en 625, le roi Dagobert en fit un domaine royal, puis Charlemagne vint y célébrer Pâques. L’abbaye fut dévastée au 9e siècle, puis rebâtie au 13e.

L’abbaye de Vauclair (Aisne) : Cette abbaye cistercienne du 12e siècle fut régulièrement rongée par les guerres, mais ses ruines restent impressionnantes.

La chartreuse de Neuville (Pas-de-Calais) : Construite face à la ville de Montreuil-sur-Mer, la Chartreuse fut fondée en 1323. Les moines sont partis en 1905 pour faire place à un centre hospitalier. Depuis 2008, elle accueille des visiteurs, des concerts et des expositions.

L’abbaye royale de Chaalis (Oise) : Les ruines élégantes de l’abbaye cistercienne se dressent à côté d’une chapelle du 13e siècle ornée de belles fresques et d’une superbe rosace.

Photographie issue de wikipedia / HHParis

Les églises et cathédrales gothiques

On ne peut pas parler du Moyen-Âge dans les Hauts-de-France sans parler des cathédrales gothiques, ne serait-ce parce que la Picardie possède les plus grandes et les plus belles d’entre elles (comment ça, je suis chauvine ? 😉 ). Voici mes préférées :

La cathédrale Notre Dame d’Amiens : la plus vaste cathédrale gothique jamais construite a été érigée entre 1220 et 1288, à l’apogée de l’architecture gothique.

La cathédrale Notre Dame de Laon (Aisne) : l’un des premiers édifices majeurs de style gothique en France, la cathédrale de Laon est contemporaine de Notre-Dame de Paris.

La cathédrale Saint Pierre de Beauvais (Oise) : contemporaine de la cathédrale d’Amiens, elle possède le plus haut chœur gothique au monde. Édifice fragile, victime de deux écroulements aux 13e et au 16e siècle, elle reste aujourd’hui inachevée.

L’abbaye Saint-Bertin de Saint-Omer (Pas-de-Calais) : L’abbaye bénédictine construite au 7e siècle, aux portes du marais Audomarois était l’une des trois plus puissantes abbayes du nord du royaume de France. Elle fut en partie détruite à la Révolution puis par la Seconde Guerre Mondiale.

La collégiale Saint Vulfran d’Abbeville : chef-d’œuvre de l’art gothique flamboyant, elle vit la pose de sa première pierre en 1488, à la toute fin du Moyen-Âge, et ne fut (presque) achevée qu’en 1663.

collegiale saint vulfran

La cathédrale Notre Dame de Saint-Omer : Construite en 1052, la Cathédrale a brûlé en 1200, puis a été reconstruite à partir de 1263 jusqu’au 17e siècle. Puisqu’elle a été bâtie durant près de 300 ans, on remarque les différents styles selon les époques : roman, gothique primitif, haut gothique, gothique flamboyant, le tout en parfaite harmonie.

cathédrale amiens

La cathédrale Saint Gervais et Saint Protais de Soissons (Aisne) : commencée en 1176, la construction de la cathédrale s’est poursuivi durant trois siècles, jusqu’en 1479 !

photo issue de wikipedia / Mattana

La cathédrale de Senlis (Oise) : elle est, elle aussi, l’un des premiers monuments gothiques de France. Son portail du couronnement de la Vierge, sa tour sud et ses façades du transept sont simplement des chefs-d’œuvre du gothique.

photo issue de wikipedia / Diliff

Cet article est déjà assez long, mais j’en écrirai un second 😉 pour vous présenter :

Tous les lieux sur une même carte :

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2 commentaires

  1. Manuela a dit :

    Excellent et merveilleux comme tjrs. Une vraie récréation et une invitation à la découverte, sans oublier de s instruire. Merci

    1. Merci beaucoup, Manuela, c’est vraiment très gentil. Je suis touchée 🙂 C’est l’idée même du site : s’instruire de manière ludique.

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