Week-ends

Un week-end à Boulogne-sur-Mer, musée à ciel ouvert

De Boulogne-sur-Mer, on connaît surtout son port de pêche, le centre Nausicaa et son marché aux poissons. Mais la ville possède de multiples facettes, une histoire riche et un patrimoine incroyable. Une magnifique crypte romane, des remparts multi-centenaires, un château-musée aux collections cosmopolites, d’éclatantes œuvres street art… et un lien toujours vivace avec l’Angleterre depuis le 14e siècle.

Le Boulonnais est vallonné, m’a-t-on dit un jour… Je dirais même que ça grimpe dur ! Mais, ce relief fait la particularité et le charme de la ville, voire de toute la région, entre collines herbeuses et océan.

Je vous conseille, pour commencer, de faire un tour à l’Office du Tourisme pour obtenir des renseignements ou de la documentation. Vous pouvez aussi y faire l’acquisition d’un “Pass évasion” valable 48h, qui vous permet de bénéficier d’un panel d’activités à moindre coût.

Commençons par une promenade dans la ville haute de Boulogne-sur-Mer, qui semble se serrer autour de sa basilique.

Si vous venez en voiture, le parking de l’esplanade Mariette, à côté des remparts, permet de se garer facilement et gratuitement. Si vous venez en train, la gare de Boulogne se trouve à 15 minutes à pied de la vieille ville.

Les remparts de Boulogne-sur-Mer

Les remparts qui entourent la ville fortifiée de Boulogne-sur-Mer, rénovés il y a peu, offrent une agréable promenade d’un peu plus d’un kilomètre.

Cette jolie balade est appelée “Promenade Charles Dickens” car le célèbre écrivain anglais, créateur d’Oliver Twist, a passé trois étés à Boulogne en 1853, 1854 et 1856, à écrire et se promener sur le chemin de ronde des remparts. Amoureux de la France et de Paris, il considérait Boulogne-sur-Mer comme “Notre station balnéaire française”.

« Il y a une promenade charmante, ombragée par une voûte d’arbres, sur les vieux murs qui forment les quatre côtés de la Haute Ville, d’où vous pouvez apercevoir les rues en-dessous, et le spectacle changeant de l’autre ville et de la rivière, des collines et de la mer ».

Charles Dickens

Lors d’une visite guidée ou en lisant les panneaux explicatifs, vous apprendrez que les remparts ont été édifiés entre 1227 et 1231 par le comte Philippe Hurepel de Clermont (fils du roi Philippe Auguste) sur des soubassements datant de l’époque romaine (encore visibles dans le château-musée).

Au 16e siècle, les murailles médiévales, inadaptées à l’armement de l’époque, ont été nivelées et leur flanc interne remblayé de terres. Ces aménagements ont donné à l’enceinte fortifiée l’apparence que nous lui voyons encore aujourd’hui.

Les remparts de Boulogne-sur-Mer offrent un panorama imprenable sur la ville basse et sur la mer. Faites le tour du chemin de ronde, lui aussi rénové, pour flâner entre les arbres (tilleuls, hêtres, marronniers, acacias, frênes…), les bosquets et les bancs installés ici et là.

FORMATIONS PRATIQUES
Adresse :
des escaliers de pierre, construits à chacune des portes, vous mènent à la promenade.
Horaires : du 1er avril au 30 septembre de 7h à 22h et du 1er octobre au 31 mars de 7h30 à 20h.
Tarif : gratuit

Au pied des remparts, des chemins ont été percés et plantés d’arbres dès le 18e siècle après le démantèlement des ouvrages et bastions établis devant l’enceinte.

Quatre portes (la porte des Dunes, la porte Gayole, la porte Neuve et la porte des Degrés) permettent d’accéder à la ville fortifiée où vous trouverez, disséminés entre les ruelles pavées, la “vie administrative et religieuse” de la ville. La basilique Notre-Dame et sa crypte, le château-musée, le palais impérial, le beffroi classé UNESCO, mais aussi la mairie et le palais de justice.

La porte des Dunes, reconnaissable à sa Vierge à l’enfant, vous accueille ainsi dans la vieille ville fortifiée.

Elle a conservé le plan du camp romain originel. Car c’est de Boulogne-sur-Mer que Jules César pensait pouvoir conquérir “l’île de Bretagne”, alias l’Angleterre, et y avait établi un camp militaire de 25000 légionnaires. Le port, dominé par un “castrum” sur le site de l’actuelle ville fortifiée, était le point d’embarquement à destination de la Grande-Bretagne.

De nos jours, le tracé des rues principales rappelle celui des voies du camp qui reliaient les quatre portes de l’enceinte romaine.

La basilique Notre Dame de Boulogne et sa crypte

le dôme de la basilique de Boulogne-sur-Mer
photo issue de wikipedia

Si à Rue, en Baie de Somme, c’est un crucifix miraculeux qui se serait échoué sur le rivage, à Boulogne, c’est une statue miraculeuse de la Vierge. Au 7e siècle, Boulogne est devenue grâce à cette statue le lieu d’un grand pèlerinage, l’un des plus importants d’Europe au Moyen Âge. Pendant les croisades, les chevaliers passaient même par Boulogne pour faire bénir leurs épées avant de prendre le chemin de Jérusalem.

La “Vierge Nautonière” est à l’origine de la basilique actuelle. Vers 1100, Ide de Lorraine, comtesse de Boulogne (la mère de Godefroy de Bouillon), a fait édifier une église pour glorifier cette statue. Au fil des siècles, l’église a été reconstruite, agrandie, et a accueilli le mariage royal d’Isabelle de France et d’Edouard II d’Angleterre en 1308.

Comme beaucoup d’autres, l’église de Boulogne a été détruite à la Révolution, puis reconstruite au 19e siècle. C’est l’abbé Haffreingue, né dans le Boulonnais, qui en a dessiné des plans en 1820 et a rassemblé les fonds pour financer les travaux, car il voulait restaurer le pèlerinage. Le curé n’avait pourtant aucune notion d’architecture ! Aidé par de véritables architectes, il s’est inspiré de la cathédrale Saint-Paul de Londres, de celle de Saint-Pierre à Rome, mais aussi du Panthéon et des Invalides…

Le chantier a débuté en 1827 et a duré jusqu’en 1856. La voûte s’étant effondrée en 1921, elle a été reconstruite en 1926. Une nouvelle chapelle nord a été construite en 1924 et une sacristie en 1930.

Les orgues Schwenkedel-Aubertin-Gaillard ont été reconstruites en 1975 et 1992 avec 3 000 tuyaux et 44 jeux.

De nos jours, le dôme de la basilique (situé derrière le maître-l’autel) culmine encore à 101 mètres de hauteur ! Et le clocher possède une sonnerie de 8 cloches toutes fondues par la fonderie Guillaume d’Angers entre 1854 et 1870.

photo de Velvet, issue de wikipedia

La chaire de vérité, où prêchait le prêtre, date du 18e siècle et occupait la chapelle de l’ancien couvent des Capucins, détruit pendant la Révolution française. Elle a été transférée dans la basilique Notre-Dame en 1868, à l’issue de la construction de cette église.

Elle a été restaurée par l’ébéniste Edouard Buisine de Lille. À la demande du clergé de Notre-Dame, l’ange, le portillon et la statue de saint Paul ont été ajoutés en 1869-1870.

La statue de la vierge Nautonière a été détruite avec l’église durant la Révolution, il n’en reste que quelques vestiges. Mais une statue de “Notre Dame de Boulogne”, évidement dans une barque, loge dans la basilique et n’en sort qu’à la mi-août, pour faire escale dans les paroisses alentours avant de revenir à son port d’attache, par la mer.

Le maître-autel en marbre a été offert en 1866 à la basilique par les princes Torlonia, une riche famille noble italienne. Couronné d’un tabernacle en forme d’arc de triomphe, c’est une production
italienne luxueuse d’une grande finesse. Les panneaux de mosaïque sous l’autel représentent la Vierge
nautonière entourée de saints de l’église orientale et de saints de l’église latine, en signe d’unité. C’est un autel magnifique qui a été créé avec 147 matériaux différents, souvent rares ou précieux !

(photo de Velvet, issue de wikipedia)

L’imposante statue du roi David, réalisée par l’ébéniste lillois Édouard Buisine en 1895 pour l’orgue, trône sur le mur ouest. Elle ornait le haut de l’orgue jusqu’à ce que ce dernier soit détruit par un obus en 1944.

Dans le bras nord du transept, le monumental autel néo-baroque en marbre et bronze est consacrée au “Sacré cœur de Jésus”. Le bas-relief du retable représente l’apparition de Jésus à sainte Marguerite. Les deux statues sont celle de Marie et de saint Jean.

Comme je vous le disais, la statue de Notre Dame Nautonière a été détruite durant la Révolution. Il ne reste que des fragments d’une de ses mains, logés précieusement dans deux châsses… en forme de main.

Les deux autres retables sont consacrés à saint Joseph (dessiné par l’un des célèbres frères Duthoit) et Saint Benoit Labre (un saint artésien canonisé en 1881).

Toutes les basiliques et cathédrales des Hauts-de-France accueillent un ou plusieurs panneaux rendant hommage aux centaines de milliers de militaires du Commonwealth décédés durant la Grande Guerre. Boulogne était une base arrière britannique, une ville logistique, un point de passage des troupes venues du monde entier et une ville hôpital (voir plus bas, le cimetière). Elle n’échappe donc pas à la tradition.

Des fresques consacrées à la vie de la Vierge décorent les chapelles du dôme, elles ont été réalisées par Charles Soulacroix en 1863-65. Leur restauration vient de se terminer et elles sont à nouveau visibles.

Des visites de l’église sont organisées par l’Association des Amis de Notre-Dame de Boulogne et elles sont gratuites. Elles ont lieu le 1er dimanche de chaque mois à 14h30 (hors vacances scolaires). N’hésitez pas à contacter l’association au 01 46 05 15 06 ou accueil@notredamedeboulogne.fr

INFORMATIONS PRATIQUES
Adresse :
74, rue de Lille 62200 Boulogne-sur-Mer
Horaires :
lundi 11h-20, mardi-vendredi 7h-20h, samedi 9h-20h, dimanche 9h-22h (des messes ont lieu à 7h15, 12h15 et 19h)
Tarif :
l’entrée dans la basilique est gratuite.

Ce serait une hérésie (sans mauvais jeu de mot) de venir à Boulogne-sur-Mer sans visiter la crypte de la cathédrale, l’une des plus grandes du continent. Elle vous invite à un voyage sous terre et hors du temps.

La crypte de la basilique

Durant le chantier de reconstruction de la basilique, la crypte du 12e siècle de l’église primitive a été redécouverte dans les fondations.

Selon les sources, la crypte aurait été comblée soit en 1644, soit lors du siège de Boulogne par Henri VIII d’Angleterre, et aurait alors été oubliée jusqu’en 1827.

Elle est à présent englobée dans une crypte contemporaine, aménagée sous l’église, ce qui en fait l’une des plus grandes de France. Elle reprend de façon cloisonnée le plan de la basilique dont elle assure la fondation.

La vaste crypte (128 mètres de long et 1 400 m2) est composée d’un dédale de salles aux murs entièrement peints. Aux 160 tableaux figuratifs en grisaille, consacrés à l’histoire de la chrétienté et à la légende de Notre-Dame de Boulogne, s’ajoute un décor polychrome d’arabesques. Réalisées entre 1844 et 1863, ces peintures demeurent anonymes.

Depuis 1980, elle abrite un trésor d’art sacré, qui réunit de superbes pièces originaires des églises de la région : objets du culte, statues, tableaux, ex-voto, éléments de mobilier… Il rassemble principalement des pièces d’orfèvrerie du 19e siècle signés par les grands orfèvres du temps.

Le “reliquaire du Saint-Sang” est l’œuvre la plus prestigieuse du Trésor. Cette minuscule châsse circulaire datant du 14e siècle a été confectionnée pour abriter un peu du sang du Christ que Godefroy de Bouillon aurait envoyé de Jérusalem en 1100. Elle est supposée être un cadeau de Philippe Le Bel, fait à l’occasion du mariage de sa fille avec le roi d’Angleterre à Notre Dame de Boulogne sur Mer en 1308.

La statuaire regroupe des pièces s’échelonnant du 14ème au 19ème siècle, dont une statuette de Notre-Dame datant du début du 17ème siècle.

Vous pouvez parcourir une salle romane du 11e siècle et une salle comportant des éléments gothiques des 12e et 14e siècles : les vestiges de l’ancienne église.

La crypte romane a été découverte en 1828. Les colonnes sont peintes de motif en chevrons. Beaucoup de ses chapiteaux, dont certains révèlent une influence anglaise, peuvent être datés de la fin du 11ᵉ siècle et comptent parmi les plus anciens témoignages de l’art roman dans le nord de la France.

Dans la “salle du dôme”, un monument central est dédié à la Dormition de la Vierge a été réalisé par Laurent Constant, sculpteur boulonnais, en 1870.

Répartie chronologiquement dans la partie gauche de la crypte, une collection “lapidaire” (de pierres) évoque à la fois l’histoire du site, occupé à l’époque romaine, et celle de l’église médiévale. Chapiteaux, corniches et vestiges romans et gothiques, restes du portail de Jean de Berry (comte de Boulogne au 15e siècle), bases et chapiteaux de la clôture de chœur et du jubé du 17ᵉ siècle…

On découvre également un très joli bas-relief en marbre et albâtre représentant le “Vœu de Louis XIV” (qui provient probablement d’un autel offert par le roi à la basilique de Boulogne).

Les fonts baptismaux dits “de Wierre-Effroy” datent du début du 12e siècle. La frise sculptée sur la cuve représente un bestiaire fantastique et des personnages.

En 1850, le général José de San Martín, libérateur du Chili, de l’Argentine et du Pérou, héro de ces trois pays qu’il a menés à l’indépendance, est décédé à Boulogne, où il était en convalescence. Sa dépouille a reposé dans une chapelle de la crypte entre 1850 et 1861 avant d’être ramenée à Buenos Aires. Un buste commémoratif l’a remplacée.

La crypte accueille également la dalle funéraire de Sir John Bennett Hearsey, lieutenant général, commandant le 6e régiment de Cavalerie légère du Bengale, mort à Boulogne-sur-Mer le 23 octobre 1865, âgé de 72 ans.

Située à l’extrémité est de l’église, la crypte orientale accueille le tombeau de l’abbé Benoît-Agathon Haffreingue, bâtisseur de la basilique Notre-Dame, mort en 1871. 

Attention ! Le site est accessible aux personnes à mobilité réduite, mais poussette, parapluie, grand sac à dos, valise, etc., sont interdits dans la crypte.

INFORMATIONS PRATIQUES
Adresse :
Rue de Lille 62200 Boulogne-sur-Mer
Horaires :
tous les jours sauf le lundi, du 2 mai au 30 septembre : 9h30-18h et du 1er octobre au 30 avril : 9h30-12h30/14h-17h30. Fermeture le 1er janvier, 1er mai et 25 décembre.
Tarif :
plein : 6 € / réduit : 4 € / étudiant, moins de 26 ans, plus de 65 ans : 3€ / gratuit pour les moins de 18 ans, étudiants en histoire et en art, demandeurs d’emploi.
Visite guidée : 9,50 € / réduit : 7,50 € / étudiant moins de 26 ans : 6,50 € / Bénéficiaires de la gratuité d’entrée : 3,50 €

Le château-musée de Boulogne

Boulogne-sur-Mer possède l’un des rares châteaux-forts encore visibles dans la région. Philippe Hurepel, comte de Boulogne et fils du roi de France, l’a fait construire en 1226 (avec les remparts) sur les fortifications du camp militaire romain.

Consolidé et renforcé par François Ier, ce château a traversé les siècles, remanié au 16e siècle, puis aux 18e et 19e siècles.

On peut encore en apprécier le caractère médiéval dans la cour et dans l’entrée principale.

Il est devenu musée d’art et d’archéologie en 1988, lorsqu’il a été racheté par la ville, et abrite aujourd’hui un musée aux collections internationales, vastes et diverses.

Une jolie et surprenante collection “ethnographique”, de magnifiques pièces égyptiennes, de surprenants souterrains romains et moyen-âgeux, de très jolis tableaux au thème marin, de nombreux panneaux explicatifs… Le tout dans une très belle enceinte. Ce musée à vraiment tout pour plaire !

Classé aux Monuments Historiques, il présente aujourd’hui la plus belle collection française de céramiques grecques (hors Paris) et un ensemble d’art inuit parmi les plus importants au monde.

Ouvert à tous et orienté vers le public, le musée propose des panneaux explicatifs, des frises chronologiques, des panneaux pour les enfants, des œuvres à toucher pour les non-voyants…

Le département d’archéologie méditerranéenne présente la collection égyptienne (qui coïncide avec la création du Musée en 1825) avec ses sarcophages et sa momie qui avait inspirée à Auguste Mariette sa vocation d’Egyptologue.

Enfant du boulonnais, Auguste Mariette a été un pionnier de l’égyptologie moderne, et il a poursuivi l’œuvre de Champollion. Outre de nombreuses découvertes prestigieuses, on lui doit une grande partie des collections du Musée du Louvre, ainsi que la fondation du Musée du Caire en Égypte et la mise en place d’une législation pour la protection du patrimoine égyptien. Mariette n’a pas oublié sa ville natale : il a fait don d’environ 150 objets au musée.

Le rez-de-chaussée regroupe également la collection de céramiques grecques constituée de près de 450 pièces, comme le “Suicide d’Ajax” attribué à Exékias (l’un des plus grands peintres de céramique à figures noires) qui œuvra entre 550 et 525 av. J.-C.

Vous y trouverez également les remarquables poteries consacrées au demi-dieu Héraclès, dont huit épisodes des douze travaux sont représentés.

La collection grecque a été en majorité formée par le collectionneur lillois Charles Panckoucke (1780-1844) et achetée par le musée de Boulogne en 1861.

Le département d’ethnographie extra-européenne rassemble quant à lui une collection aussi belle que rare d’objets provenant de diverses régions du monde.

Alphonse Pinart, issu d’une famille d’industriels locaux, est parti pour l’Alaska à l’âge de 19 ans en 1871, en quête des preuves linguistiques du peuplement du Nouveau Monde. Le jeune Français s’est installé six mois à Kodiak, parmi le peuple Sugpiat, et a collecté des masques et objets. À son retour en France, en 1875, il a déposé l’ensemble au musée de Boulogne-sur-Mer.
La culture Yup’ik est aussi présente dans les collectionsLes Yupiit vivent sur la côte Sud-ouest de l’Alaska.

Dès la première moitié du XIXe siècle, certains marins ont aussi rapporté de leur pérégrination des objets qu’ils ont eux-mêmes trouvés ou achetés sur les “terres nouvelles” (Amérique du Sud, Océanie, Afrique…).
Boulogne-sur-Mer étant un port, elle fait partie des premières villes à profiter de ce phénomène. Deux marins appartenant à la flottille de la ville ont ainsi contribué à former la collection de céramiques péruviennes : le vice-amiral Ducampe de Rosamel en 1827 et le capitaine Du Petit Thouars en 1840.

La collection de Boulogne sur Mer provient des civilisations des Andes centrales, comme les Nazca au Sud, et les Mochica puis les Chimu au nord.

La statuaire africaine se présente (sauf exception) comme un art funéraire destiné à capter la force vitale des ancêtres.

C’est en 1825 que la ville a acheté les milliers de pièces composant le cabinet de curiosités du chevalier, peintre et grand voyageur Alexandre Isidore Leroy de Barde, constituée essentiellement d’objets provenant des Mers du Sud.

Les peuples d’Océanie vivent en corrélation avec les ancêtres, les esprits et les dieux. Les objets d’art sont en effet utilisés pour entrer en contact avec eux, pour les faire intervenir dans ce monde.

Le département des beaux-arts et des arts décoratifs propose des belles peintures italiennes et flamandes des 15e au 17e siècle.

À la Renaissance, les sujets religieux restent les principaux thèmes commandés aux artistes. Le Maître de San Miniato, par exemple, a peint avec délicatesse les visages de sa Vierge à l’enfant. Au contraire, les genres du portrait, du paysage, de la nature morte et de la scène de genre se développent au point de forger l’identité même de l’art de l’Europe du Nord.

C’est le cas dans la présentation du Musée de Boulogne-sur-Mer avec des scènes comme celle du pédicure ou du portrait d’une vache.

On peut également voir une collection de peintures et sculptures françaises du 19e siècle, regroupant de “grands noms” de l’Histoire de l’Art : les peintres Courbet, Corot, Boudin, Sisley, les sculpteurs Rodin et Carpeaux ou encore le verrier Charles Gallé, ainsi qu’un ensemble d’œuvres d’artistes de la Côte d’Opale du 19e siècle.

La majorité de la collection de peintures, sculptures et verreries du musée provient du legs qu’a fait Charles Lebeau en 1916. Fils de négociant, négociant lui-même, il a consacré sa vie à rassembler une incomparable collection d’œuvres d’art.

Au 19e siècle, la Côte d’Opale a connu une grande période d’activités créatrices. La région propose aux artistes des paysages aux couleurs changeantes très propices aux nouvelles recherches picturales de l’époque.

Le département d’histoire locale présente ensuite le patrimoine et l’histoire de la Bononia antique et ses richesses gallo-romaines, puis la ville médiévale.

Le flanc oriental du château médiéval est posé sur une longue courtine romaine, utilisée comme fondation. Cette solide muraille révèle l’art de construire à la romaine, mais elle constitue aussi un vestige du rempart antique élevé vers l’an 300 en remplacement d’une enceinte fortifiée antérieure.

En effet, ces vestiges des fortifications romaines montrent une construction faite avec des pierres de remploi, sculptées pour certaines, dont plusieurs semblent provenir de monuments funéraires issus du cimetière antique voisin.

En effet, vers l’an 300, dans le contexte des crises qui secouaient l’empire romain, une nouvelle enceinte a été construite dans l’urgence en exploitant les ressources en place. Les monuments funéraires ont été découpés pour procurer la pierre indispensable à l’édification du mur !

La partie la plus spectaculaire des souterrains est sans doute la portion orientale où est visible la muraille du Bas-Empire qui a été réutilisée au 13e siècle pour ériger le château.

Située sous la grande salle comtale, plus vaste que les autres, la salle “de la Barbière” se différencie par ses dimensions et son architecture. Contrairement aux autres salles qui sont voûtées en berceau, elle est dotée de voûtes d’ogives intactes du 13e siècle.

Ayant servi de magasin à poudre, elle doit son nom à sainte Barbe, patronne des artilleurs. Des soldats y ont d’ailleurs gravé leur nom…

La salle comtale subsiste dans son état d’origine. Ses murs sont percés de 4 fenêtres gothiques disposant à l’intérieur de petits bancs en pierre.

On peut y voir les pierres tombales de Baudouin de Balinghen (un des treize barons du comté de Guînes) et de Marguerites de Nielles, décédés à la fin du 13e siècle, provenant de l’abbaye d’Andres.

Le château possédait un réseau de chemins de ronde qui devait faire à l’origine le tour complet de l’édifice. Il en subsiste aujourd’hui deux portions, situées au niveau de la chapelle et de la salle comtale. Les chemins de ronde sont aménagés dans l’épaisseur du mur, couverts et percés de petites ouvertures.

La boutique du Musée propose des ouvrages, bijoux, reproductions d’œuvres d’art et jeux en rapport avec les collections permanentes et les expositions temporaires.

INFORMATIONS PRATIQUES
Adresse :
Rue de Bernet (entrée par le boulevard Eurvin) 62200 Boulogne-sur-Mer
Horaires :
du 1er octobre au 30 avril de 9h30 à 12h30 et de 14h à 17h30 et du 1er mai au 30 septembre de 9h30 à 18h. Fermé le mardi. Fermetures annuelles : 1er janvier, 1er mai, 24, 25 et 31 décembre.
Tarifs :
plein : 7,50€ / réduit : 5,50€ (Plus de 65 ans, 18-25 ans) / étudiants moins de 26 ans : 3€ / gratuit le 1er dimanche du mois, moins de 18 ans, étudiants en histoire ou art, chercheur d’emploi, bénéficiaire du RSA, titulaire d’une carte d’invalidité.

Le beffroi et l’hôtel de ville

Sachez pour la petite histoire que de l’ancien château subsiste le donjon… et ça n’est autre que le beffroi de Boulogne-sur-Mer ! Le comte Philippe Hurepel l’avait cédé aux bourgeois au 13e siècle lors de l’édification de son nouveau château, car la ville s’était dotée d’une charte (le beffroi est symbole des libertés communales).

Le beffroi est une sobre tour carrée de 37 mètres de hauteur qui se dressent juste derrière l’hôtel de ville. Les deux premiers niveaux date du “donjon” seigneurial originel. Au rez-de-chaussée, on peut y voir un vitrail de 1900 représentant Godefroy de Bouillon (fils de la comtesse Ide de Boulogne). L’étage des cloches, ainsi que la grosse tourelle et ses cachots ont été créés au 13e siècle. Le dernier étage a été ajouté au 18e siècle. La cloche actuelle date de 1840.
Depuis 2005, le beffroi est classé au Patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO.

L’hôtel de ville a quant à lui été construit en 1734), puis agrandit au 19e et 20e siècles. Il a remplacé une maison commune sans doute bâtie au 13e siècle. Le dernier agrandissement, de 1934, a eu recours à une structure en béton et un habillage de briques : on y voit que du feu !
L’office du tourisme organise parfois des visites du beffroi, de l’hôtel de ville ou de la ville haute : n’hésitez pas à vous renseigner.

INFORMATIONS PRATIQUES
Adresse :
Place de Godefroy de Bouillon 62200 Boulogne-sur-Mer
Horaires : le rez-de-chaussée du beffroi est accessible par le hall de l’hôtel de ville toute l’année, du lundi au vendredi, de 8h à 18h et le samedi de 8h à 12h. Accès accompagné aux étages tous les jours en juillet et août.
Tarifs :
gratuit

Nous ressortons de la vieille ville en faisant le tour des douves du château-musée, mais nous n’allons pas très loin…

Monument aux morts de Boulogne-sur-Mer

L’imposant monument aux morts de Boulogne, adossé aux remparts de la vieille ville, a été dessiné par Albert Bonne (originaire de Boulogne) et Adolphe Thiers (Lyonnais qui a beaucoup travaillé à Paris). Inauguré en 1924 par le maréchal Foch, il porte une grande épitaphe en lettres majuscule :

“IL NOUS SIED DE MONTRER NOTRE RESPECT DES MORTS QUI SE SONT IMMOLÉS EN GARDANT LA CONTRÉE, AUX LIEUX OÙ LEUR MÉMOIRE AUGUSTE EST CONSACRÉE ET PORTER SUR LA STÈLE OÙ DES NOMS DE SOLDATS SONT INSCRITS DANS LE BRONZE ET QU’UNE PALME HONORE, QUELQUES-UNES DES FLEURS QUI LEUR DOIVENT D’ÉCLORE !”

Il était dédié aux seuls soldats de la Première Guerre Mondiale, mais les noms des militaires et civils morts durant la Seconde guerre, la guerre d’Indochine et la guerre d’Algérie s’y sont ajoutés, pour un total de plus de 1600 noms !

INFORMATIONS PRATIQUES
Adresse :
rond-point du boulevard Eurvin 62200 Boulogne-sur-Mer

L’esplanade Mariette et son obelisque

Au pied des remparts ouest, nous parvenons à un joli parc planté d’étranges monuments, “l’esplanade Auguste Mariette”.

Auguste Mariette est né à Boulogne-sur-Mer en 1821 et peu de gens savent qu’il est l’un des pères de l’égyptologie, savant et homme de lettre, auteur du livret du célèbre opéra “Aïda” de Verdi, découvreur de grands sites archéologiques, protecteur du patrimoine égyptien… Moins connu en France que Champollion (qui fut le premier à déchiffrer les hiéroglyphes), “Mariette Pacha”, qui découvrit le célèbre Scribe accroupi exposé au Louvre, repose dans les jardins du musée du Caire, qu’il a fondé.

La ville de Boulogne-sur-Mer a voulu lui rendre hommage en créant un parc original qui rappelle ses découvertes et sa passion pour l’Égypte : une réplique de la pyramide de Saqqarah, des palmiers plantés tout aux bords, un bassin à lotus qui symbolise le Nil, un obélisque en marbre de Marquise…

La pyramide de Saqqarah, la plus ancienne d’Égypte tient une place particulière dans la carrière de Mariette : c’est dans ce secteur qu’il a effectué de nombreuses fouilles et qu’il a découvert le Scribe Assis.

L’obélisque est la réplique (à l’échelle un demi) de l’obélisque de Louxor, donné à la France en 1830 et qui orne désormais la place de la Concorde à Paris.

Et une statue de bronze de Mariette lui-même, planté en haut d’une pyramide en pierre bleue que veillent un sphinx et une sphinge.

Vous pouvez également voir dans ce parc une réplique de la barque funéraire et solaire du pharaon Khéops.

INFORMATIONS PRATIQUES
Adresse :
Boulevard Auguste Mariette 62200 Boulogne-sur-Mer
Horaires :
tous les jours, 24h/24

Le centre Nausicaa

Beaucoup de gens viennent à Boulogne-sur-Mer uniquement pour visiter Nausicaa… et on les comprend ! Il vaut à lui seul le déplacement.

Nausicaa, le centre national de la mer, est un centre de découverte de l’environnement marin, ouvert depuis 1991 et agrandit en 2018. La visite complète est prévue en 4h30, mais on peut y passer une journée complète.

Le complexe se compose de deux grands parcours : l’exposition historique « Des rivages et des Hommes » et l’exposition « Voyage en haute mer » avec son impressionnant bassin de 10000 m3 qui reconstitue l’écosystème de l’île de Malpelo, près de la Colombie (ce qui en fait le plus grand aquarium d’Europe). Un troisième parcours, “Dans l’œil du climat”, vous plonge au cœur du dérèglement climatique.

La mission de Nausicaá est de “faire découvrir et mieux aimer la mer, élément de vie et source de richesse aujourd’hui et demain”. Et pour cela, ses créateurs ont décidé de proposer un endroit à la fois ludique, pédagogique et scientifique, essentiellement axé sur les relations entre l’Homme et la mer. 
Vous y trouvez des panneaux tactiles, des textes destinés aux enfants, des projections vidéos, des jeux interactifs et même une visite connectée sur votre smartphone.

Nausicaa est décrit comme un aquarium, mais aussi comme un “centre de culture scientifique et technique de découverte de l’environnement marin”. En plus de ses nombreux aquariums (17 millions de m3 d’eau de mer !), il propose des terrariums, une médiathèque spécialisée, des espaces d’information, des salles de projection vidéo, des salles de conférences…

Vous pourrez y croiser environ 58 000 animaux marins provenant de tout le globe.

L’exposition « Voyage en haute mer » s’articule autour du grand bassin de 10 000 m3 dans lequel un écosystème entier a été recréé. On en fait le tour petit à petit, émerveillé à chaque apparition des requins, des raies manta géantes, des poissons argentés…

Depuis quelques années, Nausicaá met en avant le respect de l’environnement et de la nature. Tout au long du parcours de visite, vous êtes invité à réfléchir à l’impact de l’activité humaine sur la vie marine, à respecter la mer et ses habitants, à protéger les océans.

On traverse le Grand Bassin en empruntant un tunnel de 18 mètres de long, entouré de 22 000 animaux marins. Vous entendrez des “Ooooh” et des “Regarde ! Regarde !” toutes les 30 secondes 😉

En faisant le tour du Grand Bassin, on réalise finalement que le “petit rectangle” tout au fond est la grande vitre par laquelle on a eu pour la première fois vue sur cet immense aquarium. On se sent tout petit et on se figure la taille prodigieuse du site.

La visite de Nausicaa vous permet de parcourir les océans du monde et de réaliser l’implication de l’être humain dans le fonctionnement et l’équilibre des océans.

Pour terminer votre visite de ce parcours, vous parvenez dans un amphithéâtre qui s’ouvre sur une vitre de 20 mètres sur 5 mètres donnant sur le Grand Bassin, consacré à la faune marine du grand large. Impressionnant !

Dans l’exposition « Des rivages et des Hommes », on peut observer la vie dans un lagon ou un récif corallien en pleine mer, passer par la mer du Nord, la Méditerranée, les tropiques, les côtes Californiennes…

Vous embarquez pour des îles lointaines et partez à la découverte de paysages exotiques peuplés d’animaux surprenants.

Faites escales en Méditerranée pour plonger au cœur d’une épave (reconstitution très sympa) pour observer des murènes, des hippocampes, des mérous et des langoustes.

Le bassin californien vous fait découvrir le kelp, une longue algue, et des poissons aux formes étranges.

Vous apprendrez que l’océan est une mine de richesses incroyables pour l’homme, dont la plupart sont encore méconnues. Des découvertes récentes ont ainsi permis de dénicher au fond des océans des molécules utilisables comme médicaments !

Avancez doucement dans le tunnel des lions de mer… Avec un peu de patience, vous les verrez surgir et passer près de vous à toute vitesse, ou virevolter entre eux, puis remonter à la surface. Vous pourrez d’ailleurs les voir se nourrir (et s’exprimer bruyamment) ou assister à leur entrainement.

Le bassin tactile permet aux plus curieux de caresser des raies ou des roussettes.

Une partie de la visite est consacrée aux recherches menées par l’Ifremer. On peut découvrir une campagne océanographique dans sa totalité, de l’embarquement à bord du bateau jusqu’à la salle de tri des poissons. On se retrouve notamment dans la salle de pilotage pas gros temps… Mal de mer assuré !

La forêt immergée vous plonge au cœur de la forêt tropicale, peuplée de caïmans alanguis et de poissons d’eau douce.

À l’issue du parcours “Dans l’œil du climat”, vous rencontrez les manchots du Cap, nés grâce à des programmes de conservation.

Le centre propose de nombreuses animations gratuites ou payantes durant la journée : rencontre avec les soigneurs, visite guidée spéciale requins, entrainement des lions de mer, nourrissage des animaux du grand bassin, visite des coulisses, grand bassin avec des lunettes de réalité augmentée… N’hésitez pas à vous inscrire dès votre arrivée !

Si vous voulez soutenir les actions de Nausicaa et sa mission de sauvegarde de l’Océan, le centre a créé un fond de dotation qui soutient des projets d’éducation, de recherche, de développement durable, de préservation et de restauration.

Les animaux de compagnie ne sont pas admis à Nausicaá. Seuls les chiens guides y sont autorisés.

Si vous venez en train, vous pouvez profiter d’un pack TER + Nausicaa + bus à tarif réduit.

INFORMATIONS PRATIQUES
Adresse :
Boulevard Sainte-Beuve 62200 Boulogne-sur-mer
Horaires :
tous les jours de 9h30 à 18h30. Fermé le 25 décembre et durant le mois de janvier.
Tarifs :
adulte 28,50€ / 3 à 12 ans 21,50€ / moins de 3 ans gratuit. Tarif réduit 25€ (+60 ans, étudiants, demandeurs d’emploi, carte famille nombreuse et les personnes en situation de handicap). Chèques vacances acceptés.

L’école musée de Boulogne-sur-Mer

Ce discret musée gagnerait à être connu en dehors de la ville. Il vous fait voyager dans le temps, entre nostalgie et émotion, au sein d’une ancienne école maternelle des années 1950, reconvertie en lieu de mémoire depuis 2012.

Les enfants peuvent revêtir un béret et une blouse avant de commencer la visite.

Les collections et le mobilier de l’École-Musée sont constitués par les dons de passionnées de l’enseignement. Le musée est “un lieu de sauvegarde, d’étude et de valorisation du patrimoine éducatif local et national” où vous pouvez apporter vos vieux livres d’écoles, vos vieux cartables ou les cahiers d’écriture de votre arrière-grand-mère.

C’est un lieu où se retrouvent toutes les générations, que ce soit pour faire des recherches, se rappeler son enfance, transmettre ses souvenirs à ses enfants ou petits-enfants, découvrir l’histoire de l’enseignement en France…

L’École-Musée de Boulogne-sur-Mer témoigne de l’histoire de l’école de 1850 jusqu’à nos jours. On y découvre une classe des années 1870, une seconde des années 1900-1930 et une troisième des années 1960-1980.
Les pupitres en bois, le tableau noir, les cartes murales, le bonnet d’âne et poêle à bois, tout est là pour se replonger dans l’ambiance d’une école communale du siècle dernier.

La Loi Jules Ferry du 28 mars 1882 rend l’instruction primaire obligatoire de 6 à 13 ans. De nombreux panneaux retracent l’histoire de l’éducation en France, les changements de mentalités et de méthodes, de la création du certificat d’études primaires à l’enseignement de l’informatique, décennies après décennies.

Le couloir desservant les pièces propose des vitrines sur les thèmes fondamentaux de l’école : savoir lire, écrire et compter, la formation des maîtres, les tenues des élèves, leurs matériels, les récompenses et punitions, le sport et la récréation.

L’École-Musée possède une riche collection de manuels scolaires, de livres de bibliothèque, de bulletins de l’enseignement primaire, de revues pédagogiques, datant du 19ème et 20ème siècle.

Chaque année, l’École-Musée conçoit et organise des expositions temporaires. “L’école dans la Grande Guerre”, “Ces demoiselles d’Angellier”, “De la lanterne magique à l’informatique pour tous”, “Les poupées de Marie-Jeanne Nouvellon”. Lorsque je m’y suis rendue, le musée mettait en valeur les entreprises boulonnaises (Blanzy-Conté-Gilbert) qui ont longtemps fabriqué les plumes et stylos de tous les écoliers de France.

Le musée met à disposition de ses visiteurs un livret de visite qui permet de réaliser le parcours découverte du musée, en toute autonomie.
À l’occasion d’événements particuliers ou des Journées européennes du patrimoine, vous pouvez bénéficier d’une visite guidée, puis être invité à la traditionnelle dictée, à la plume métallique bien entendu.

INFORMATIONS PRATIQUES
Adresse : 2, rue de l’ancien Rivage 62200 Boulogne sur mer
Horaires : le mercredi et vendredi de 14h à 17h.
Pendant les vacances scolaires : lundi, mercredi, vendredi de 14h à 17h et mardi et jeudi de 10h à 12h. Fermeture annuelle de l’école musée pendant les vacances de Noël.
Tarifs : 2€ / adulte, 1€ / enfant, gratuit pour les moins de 6 ans.
Renseignement : 03.21.87.00.30 ou ecolemusee@ville-boulogne-sur-mer.fr

Le cimetière de l’est

Créé le 9 décembre 1806, le cimetière de l’est est le plus ancien et le plus grand des cimetières de la ville, un site où se racontent deux cents ans d’histoire.

Il est partagé en deux parties, séparées par la rue de Dringhen, le cimetière ancien et le cimetière nouveau. La partie ancienne est la plus intéressante, avec ses nombreuses tombes de personnages célèbres (artistes, scientifiques, politiques, médecins, résistants…), ses médaillons, ses bustes et ses statues.

Frédéric Sauvage a été l’inventeur, entre autres, de l’hélice à spirale utilisée par les bateaux

Dans le cimetière Est de Boulogne-sur-Mer reposent aussi de très nombreux hommes décédés durant la Première ou la Seconde Guerre Mondiale.

Le soldat Georges Leturc est décédé à 31 ans, durant le siège de Boulogne-sur-Mer (du 22 au 25 mai). Les durs combats de Boulogne ont permis l’évacuation des troupes alliées à Dunkerque dans le cadre de l’opération Dynamo.

Maurice Dupuis est décédé le 27 mai 1940 à l’âge de 22 ans, près de Violaines, une petite ville entre Lille et Béthune. Il faisait partie du 7e groupe de reconnaissance de division d’infanterie, une unité rattachée à la 1re division d’infanterie motorisée et basée à Saint-Omer. Le groupe a assuré la protection de l’infanterie française lors de son repli sur l’Escaut les 18 et 19 mai, puis a combattu avec les troupes britanniques entre la Flandre et Saint-Omer et a tenté une contre-attaque avec les Anglais, avant de se replier sur Dunkerque.

Joseph Herchin a été tué par un éclat d’obus à l’âge de 28 ans, dans la Meuse, lors des terribles combats menés par le 1er Régiment d’Infanterie coloniale (dont il faisait partie) pour contrer les Allemands qui voulaient traverser les Ardennes et la Meuse en mai 1940.

Roger Deltour a été déporté en Allemagne, où il est décédé le 29 juillet 1944 au camp de Moers (Repelen-Baerl), non loin de Duisbourg, quelques jours avant ses 19 ans. Ce camp était une prison et camp de travailleurs forcés pour les civils.

Lucien Lagaise a été fusillé par les Allemands à la Citadelle d’Arras en juin 1942 pour faits de Résistance, à l’âge de 35 ans. Ouvrier forgeron et militant communiste, il avait été arrêté pour « espionnage, aide à l’ennemi, coup de feu sur un soldat allemand, terrorisme et détention illicite d’armes ». Il avait tiré sur des soldats allemands.

Le pompier Alphonse Heinrich est décédé durant les terribles bombardements britanniques du 14 août 1941, qui ont fait 120 morts et 126 blessés.

Raymond Mercier, prisonnier de guerre, est mort noyé dans un camp proche de Berlin (sans doute le Stalag III-D) en juillet 1944, à l’âge de 26 ans. Les soldats de ce vaste camp étaient souvent affectés à des commandos de travail forcé dans les champs alentours.

Victor Mirandet avait fui l’invasion allemande en mai 1940, quittant Boulogne avec sa famille pour s’installer dans la Nièvre. Il est entré dans la Résistance au maquis Mariaux. À partir du 12 août 1944, les maquis “Julien” et “Mariaux” ont été attaqués par les Allemands afin de les anéantir. Victor Merandet est tombé à Crux-la-Ville, à l’âge de 18 ans.

Eugène Léonide Caulier, brigadier au 10e escadron du train des équipages militaires, est décédé dans les Ardennes d’une “maladie contractée en service” (sans doute la grippe espagnole) peu après son 33ème anniversaire.

Robert Henri Péron, touché par plusieurs balles, est décédé à l’hôpital militaire de Montargis, à l’âge de 32 ans.

INFORMATIONS PRATIQUES
Adresse : 42, Rue de Dringhen 62200 Boulogne-sur-Mer
Horaires : 9h-18h tous les jours (17h le dimanche)

Le Boulogne Eastern Cemetery

Au-dessous du cimetière de l’est s’étend le Boulogne Eastern Cemetery, un cimetière militaire de la Première et de la Seconde Guerre mondiale.

Boulogne était, avec Calais et Dunkerque, l’un des trois ports les plus utilisés par les armées du Commonwealth sur le front occidental pendant la Première Guerre mondiale. Il est devenu une importante tête de pont durant toute la guerre, le secteur restant loin des combats.

Dès le début du conflit, un vaste hôpital a été installé à Boulogne et les soldats décédés des suites de leurs blessures étaient inhumés dans le cimetière de l’Est.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, les hôpitaux ont de nouveau été implantés à Boulogne en mai 1940.

Le cimetière militaire de Boulogne contient 5 577 sépultures du Commonwealth de la Première Guerre mondiale et 224 de la Seconde Guerre mondiale. La plupart des pierres tombales sont posées à plat, ce qui est inhabituel, à cause du sol sablonneux.

Comme souvent, la plupart des tombes arborent les traditionnels messages religieux ou patriotiques. Mais, j’ai été surprise par le nombre de tombes portant un texte triste, pacifiste ou colérique.

“Qui vit si la Grande-Bretagne meurt, qui meurt si la Grande-Bretagne vit.”
“Ses derniers mots à ses camarades : “Allez-y, je m’en occupe”.”
“Combien il est difficile de se séparer de ceux qui nous sont si chers. Il n’y a pas de plus grande épreuve, pas de plus grand chagrin”
“Seuls ceux qui ont aimé et perdu peuvent comprendre le prix amer de la guerre”
“Dors soldat, ton combat est terminé. Ne rêve plus des champs de bataille”
“Une fleur australienne cueillie à la fleur de l’âge”
“Le coup est amer, la perte est sévère de se séparer d’une personne que l’on aime tant”
“L’inhumanité de l’homme envers l’homme fait d’innombrables milliers d’endeuillés. Inséré par son père et sa mère”
“Un chagrin trop profond pour des mots. De son épouse aimante et ses enfants”
“Que personne n’oublie combien grande est la dette que nous avons envers ceux qui sont morts”

Des officiers et des médecins sont également enterrés dans le cimetière de Boulogne-sur-Mer.

Deux officiers de l’infanterie australienne reposent non loin l’un de l’autre.
Originaire de Melbourne, le Major Charles Clements a été blessé au bras et à la jambe droite et a fini par succomber à ses blessures en 1916, à l’âge de 37 ans. Lors de son service militaire, il avait servi durant la guerre des Boers en Afrique du Sud, puis était devenu surveillant pénitentiaire.
Le lieutenant Alan Blacket était étudiant en droit, grand sportif et petit-neveu d’un grand architecte de Sidney. Lors de la bataille de Pozières, en juillet 1916, il a été gravement blessé à la poitrine et évacué à l’hôpital de Boulogne-sur-Mer, où il est mort à l’âge de 22 ans.

Ethel Fearnley, membre du Queen Alexandra’s Imperial Military Nursing Service, a été la première infirmière à décéder (“de grave maladie”) en novembre 1914. Elle travaillait au St. Thomas’s Hospital de Londres avant la guerre et n’avait pas encore 30 ans.
Le capitaine James Fairburn Fairley, médecin neurologue, est décédé d’une méningite à l’âge de 28 ans, après avoir soigné des soldats durant les batailles de l’Aisne, d’Ypres et d’Armentières.

Le Lieutenant Jacob Edward Pleydell-Bouverie, issue d’une famille noble de militaires et fils du comte de Radnor, s’était engagé dans l’Armée en 1908, après avoir étudié à la prestigieuse école militaire de Sandhurst, et avait combattu en Inde en 1911. Il est décédé en 1914 à l’âge de 27 ans de ses blessures reçues durant la bataille d’Ypres.
Son frère Samuel est décédé deux ans plus tard, en septembre 1916, à l’âge de 20 ans.

Si la majorité des pierres tombales de la Seconde guerre mondiale datent de mai 1940 (l’invasion allemande) et de l’été 1944 (la Libération), on trouve également de nombreux aviateurs de la Royal Air Force (britanniques, australiens, polonais, tchèques…) dont les avions ont été abattus entre 1941 et 1943.

On trouve aussi quelques soldats décédés en 1945.
William Mumby, soldat dans l’infanterie, est ainsi décédé lors d’une attaque sur Calais, toujours occupée par les Allemands en février 1945.
Le sergent Ronald Clarke est décédé, avec six de ses camarades, lorsque l’avion dans lequel il était mitrailleur a été abattu alors qu’ils allaient bombarder une usine en Allemagne.

Un carré militaire français s’étend en face des tombes anglaises et, là aussi, les pierres sont couchées à même le sol. Par contre, elles sont nettement moins bien entretenues que celles de leurs camarades du Commonwelath… 🙁

Ces soldats, tous natifs de Boulogne-sur-Mer, ne sont pas décédés dans l’hôpital militaire, mais durant le conflit (Aisne, Somme, Oise…)

Les tombes de 44 soldats portugais, qui ont combattu aux côtés des Alliés durant la Grande Guerre, sont rassemblés autour d’un mémorial construit en 1938. En 1917, le Quartier général du Corps Expéditionnaire Portugais, rattaché à l’armée britannique, s’était installé à Ambleteuse, au nord de Boulogne.

Malheureusement, comme pour les tombes de leurs camarades français, le granit se fissure, les noms des soldats portugais ont tendance à s’effacer à cause de l’air marin…
Acacio Correia est décédé le 26 mars 1918 et Joaquim Vila da Cunha le 31 décembre 1917.

La tombe d’un soldat belge mort en 1918 se dresse, seule, entre les pierres françaises et les pierres portugaises.

La maison de la Beurière

Cette maison de pêcheurs, datant de 1870, située dans l’ancien quartier typique des pêcheurs boulonnais, expose l’habitat d’une famille de marins tel qu’il était au siècle dernier.

Il faudra mériter la visite. Comme je vous le disais, Boulogne est “vallonné” ! Il faudra grimper pas mal de marche pour accéder à la maison, située dans la « rue-escalier » du Mâchicoulis, qui a été préservée des bombardements de la Seconde Guerre mondiale.

Pourquoi “La Beurière” ? Rien à voir avec le beurre… 😉 “La Beurière” est le nom donné au quartier des marins de Boulogne-sur-Mer. Le nom viendrait de “bure” qui désigne une maisonnette et donc un secteur peuplé de modestes maisons.

Au début du 20e siècle, 13 000 pêcheurs et leurs familles résidaient dans le quartier de la Beurière. Leur mode de vie y est retracé par de sympathiques bénévoles qui vous présentent des meubles, des photographies, des gravures et des objets typiques, récupérés au fil du temps.

La maison a été construite par Hilaire Lays, un marin de 37 ans, qui y vivait avec sa famille dans un confort qui nous parait sommaire, mais qui, en 1900, était très convenable. Les pêcheurs et leurs familles étaient des gens simples, rudes et courageux, qui vivaient pour et grâce à la mer.

Si le rez-de-chaussée reconstitue l’habitat de marins à l’époque, l’étage présente une exposition sur le contexte social du quartier de la Beurière, les traditions et coutumes boulonnaises, la vie du matelot à terre et celle des femmes de marins pêcheurs.

En redescendant la rue du Mâchicoulis, vous pourrez admirer une fresque représentant une femme de marin et son fils, joli clin d’œil à la maison.

La visite guidée de la maison dure environ 45mn… et nettement plus si les bénévoles ont beaucoup d’anecdotes à vous raconter sur leurs aïeux pêcheurs 😉

INFORMATIONS PRATIQUES
Adresse :
16 rue du Mâchicoulis 62200 Boulogne-sur-Mer
Horaires : du 15 juin au 15 septembre, du mardi au samedi 10h-13h et 15h-18h et le dimanche de 15h à 18h. Du 16 septembre au 14 juin, les mercredi et samedi 10h-12h et 14h-17h, et dimanche 14h-17h
Tarif : adulte : 4€ / 12 à 18 ans : 3€ / moins de 12 ans : 2€
Renseignements : 03 21 30 14 52

Le parcours Street Art de Boulogne-sur-Mer

Terminons notre week-end avec une balade le nez en l’air pour admirer les œuvres des nombreux artistes de rues qui colorent la ville.

Depuis quelques années, à l’occasion du festival « Parcours d’Art urbain – Street art », Boulogne-sur-Mer laisse carte blanche à des artistes urbains, d’ici et d’ailleurs, pour qu’ils livrent leur vision de la ville. Les œuvres sont toutes plus belles, plus originales, plus surprenantes les unes que les autres !

Comme l’affirme le site officiel, “Créer un musée en plein air : voilà l’ambition accomplie par le festival Street Art qui a composé un parcours riche de 57 œuvres à admirer dans tous les quartiers de la ville”.

Baladez-vous à votre rythme au fil des rues et ruelles, et ouvrez grand les yeux, car une œuvre peu en cacher une autre, faire face à une autre, ou vous apparaître soudainement au coin d’une ruelle.

Une brochure vous guidant sur les parcours est téléchargeable, mais vous pouvez aussi découvrir l’ensemble des fresques depuis votre smartphone grâce à l’application Street Art Cities (sur App Store et Google Play).

Chaque fresque dispose d’un panneau explicatif avec un QR code à scanner pour en savoir plus.

J’espère que cet article vous aura donné des idées sur les choses à faire, quoi voir et quoi visiter à Boulogne-sur-Mer pour une journée ou un week-end.

Les lieux à visiter sur un plan :

L’office du tourisme propose aussi un plan des points d’intérêt de la ville.

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