En traversant le petit village de Liessies, on a du mal à imaginer que l’une des plus belles et plus riches abbayes du nord de la France s’y étendit sur un immense domaine jusqu’au 18e siècle. Si l’abbaye a disparu, ses jardins et son parc ont résisté au temps. Au parc de l’abbaye de Liessies, vous pouvez faire une très jolie promenade en dehors du temps, entre terre et eau, à la rencontre de la nature.
L’histoire de l’Abbaye
L’abbaye de Liessies est une abbaye bénédictine qui fut fondée en 751 par Wibert, comte de Poitou et cousin de Pépin le Bref (le père de Charlemagne). Durant des siècles, elle subit de nombreux pillages, mais devint malgré tout un haut lieu de pèlerinage, s’agrandissant et s’enrichissant jusqu’à la guerre de 100 ans. Située au cœur des combats, elle fut pillée et abimée, au point qu’elle s’appauvrit énormément et dut attendre 1520 pour retrouver une certaine prospérité.
L’abbaye connut son apogée entre le 16e et le 18e siècle, ses moines effectuant, en plus de la création des jardins, des travaux d’enluminures qui étaient réputés dans l’Europe entière. Toutefois, comme de nombreuses abbayes, elle fut détruite en partie et vendue durant la Révolution.
Vous ne trouverez donc pas de grands édifices religieux à Liessies. De l’abbaye millénaire, il ne reste que la chapelle (devenue église paroissiale) et les dépendances : le bûcher aux moines, le moulin à eau, la forge, la ferme-château de La Motte.
Mais le parc de l’abbaye existe toujours, il étend ses 48 hectares sur des jardins, vergers, étangs et prairies humides. C’est même l’une des composantes de l’écomusée de l’Avesnois.
Visite du parc de l’abbaye de Liessies
Le parc est un écrin de verdure au sein d’une région (l’Avesnois) verdoyante. C’est dire !
Ce havre de paix, à la fois sobre et majestueux, vous invite à la promenade. On croise des cygnes et leurs petits qui se cachent sous le pont, des canards en bordure de l’étang ou un héron cendré que l’on découvre depuis les observatoires, on aperçoit les premiers contreforts des Ardennes derrière le pont des Apôtres, on longe l’Helpe Majeure qui se prélasse…
Cet univers verdoyant a été patiemment modelé entre le 17e et le 18e siècle par les moines qui voulaient aménager les abords du monastère, construit sur des marais. Les crues de l’Helpe Majeur n’épargnaient pas les bâtiments et il fallait trouver une solution. Les moines canalisèrent la rivière, dévièrent son cours, drainèrent, élargirent, creusèrent… Ils finirent par dessiner un parc aussi agréable qu’utile, lieu de détente et de méditation : 25 hectares de près, 7 hectares de vergers, un hectare de potager, 2 hectares en bosquets, 4 hectares d’allées, 8 hectares en eau.
Aujourd’hui rien n’a véritablement changé.
Lors de votre balade, vous croisez de nombreux arbres vénérables, mais aussi de jeunes arbrisseaux… et des moutons ruminant l’herbe verte.
Dans le parc de l’abbaye de Liessies, vous longez des prairies humides tout en contemplant les reflets du soleil sur l’Helpe Majeur.
En parcourant ces chemins, vous pouvez également vous plonger dans la vie des moines ou les particularités de la faune et de la flore, grâce à des panneaux explicatifs disséminés sur le parcours.
Les vergers sont presque centenaires et on y croise surtout des pommiers (le “local” de l’étape) qui présentent de magnifiques fleurs blanches ou roses au printemps.
D’ailleurs, à la même saison, la Rousserolle effarvatte, la Locustelle tachetée et le Bruant des roseaux côtoient le Héron cendré et le Canard colvert. Les ornithologues et les enfants seront ravis !
Dans cet espace naturel sensible, on découvre ou redécouvre la faune et la flore grâce à des points d’observation pour voir sans être vu. Prévoyez vos jumelles : j’avais oublié les miennes et j’avoue n’avoir qu’aperçu les oiseaux locaux.
Sept jolies sculptures en pierre bleue de Soignies ont été installées dans le parc de l’abbaye de Liessies en 2010. Elles représentent toutes des animaux que l’on peut croiser dans le parc.
Si vous aimez les promenades guidées, vous pouvez suivre “Les circuits de l’Abbaye de Liessies” (3,8km), mais il suffit en réalité de suivre les chemins balisés pour faire le tour du parc. Deux versions sont proposées : une “familiale” également accessible aux personnes à mobilité réduite et une “randonneur”, nettement plus longue, qui fait le tour de l’étang des Apôtres.
Et si vous voulez vous promener dans la région, l’appli “Baladavesnois” propose de nombreux parcours de découvertes ludiques en pleine nature.
Il est également possible de réserver une visite guidée du parc de l’Abbaye de Liessies auprès du syndicat d’initiative de Liessies-Willies : 03 27 57 91 11 et syndicat-liessies@orange.fr
L’église Saint-Hiltrude de Liessies
Puisque vous êtes là, poussez la porte de l’église paroissiale, qui date du 16e siècle. Elle conserve des objets et œuvres d’art provenant de l’abbaye, et les reliques de Sainte Hiltrude. Elle est ouverte tous les jours à partir de 9h.
La façade comporte deux demi-tours, une particularité que l’on retrouve dans certaines églises fortifiées de Thiérache. À un moment, les guerres étaient si nombreuses dans la région que les habitants des villages se réfugiaient dans les églises pour se mettre à l’abri.
Dans l’autel de Sainte Hiltrude, la sainte est représentée tenant à la main le testament par lequel elle lègue tous ses biens au monastère : elle était issue d’une famille noble. La “châsse” de Sainte Hiltrude, qui contient ses reliques, est en bronze doré.
La chaire, finement sculptée, est du 18e siècle :
Sur place, un parking vous permet de vous garer devant l’église et l’entrée du parc. Si vous venez à pied ou à vélo, la gare la plus proche est celle de Sains-du-Nord, à 8 km.
INFORMATIONS PRATIQUES
Adresse : 10 rue de l’Abbaye 59740 LIESSIES
Horaires : avril et mai de 9h à 18h, juin à août de 9h à 20h, septembre et octobre de 9h à 18h, novembre à mars de 9h à 17h.
Tarif : gratuit
Puisque vous êtes dans le coin : poussez jusqu’à la Maison du bocage de Sains-du-Nord ou l’élégant château de Trélon. Vous pouvez aussi passer une belle journée à Maroilles ou découvrir Felleries, le village du bois joli.
Et si vous aimez les abbayes et leurs jardins, ne ratez pas l’abbaye de Valloires, en Baie de Somme, et l’abbaye de Vaucelles, au sud de Cambrai.
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Merci pour vos très beaux documentaires, en effet, il ne faut pas aller si loin pour découvrir de beaux endroits…vous les mettez en valeur et donnez l’envie d’y aller très vite ! Bravo pour la qualité des photographies ! Nous espérons visiter tout cela dès que le climat sera favorable.
Joëlle
La région des Hauts-de-France est riche et très belle, oui ! (je suis totalement objective ;)) En tout cas, je suis heureuse que mes articles vous donnent envie de la (re)découvrir.