Coups de coeur

Le château d’Olhain, forteresse médiévale

Vue arrière du château d'Olhain

Envie d’une escapade dans le temps ? Direction le château d’Olhain, la star médiévale du Nord de la France ! Imaginez un peu : de larges douves, un pont-levis et des murs en grès qui ont vu défiler plus de 600 ans d’histoire. Ce petit bijou, construit en 1407 entre Lens et Béthune, a su garder tout son charme d’antan malgré les nombreuses batailles qu’il a traversées.

Situé dans la commune de Fresnicourt-le-Dolmen, dans le Pas-de-Calais, le château d’Olhain est l’un des trésors médiévaux les mieux préservés de la région. Il impressionne par ses vastes douves d’eau qui l’entourent encore aujourd’hui et font de lui un ilot de pierre. Malgré les guerres qui ont marqué son histoire, le château a su résister au temps, et il a même accueilli la visite de Charles Quint ! Lors de votre visite, traversez son pont-levis pour admirer son architecture en grès et explorez ses caves mérovingiennes où se trouvait autrefois la cuisine. Un voyage dans le passé à ne pas manquer !

L’histoire du château d’Olhain

C’est vers 1202 que Hugues D’Olhain (de l’une des plus vieille famille d’Artois), capitaine croisé qui a participé au siège de Constantinople, a édifié un premier château défensif sur ses terres, ainsi qu’une basse-cour (dans laquelle, en temps de guerre, se réfugiait les soldats et tous les habitants).
En 1387, Marie d’Olhain a épousé Jean de Nielles, l’un des favoris de Jean sans Peur (duc de Bourgogne, comte de Flandres et d’Artois). Et de Nielles a obtenu en 1407 l’autorisation du duc de Bourgogne de reconstruire « ès édifices de son hôtel d’Olehain », le château que l’on voit encore actuellement. Conservé avec sa basse-cour d’origine, le château d’Olhain est un bel exemple de « château fort des plaines de l’Europe de Nord ».
Quelques années plus tard, Alix de Nielles a épousé Jean Ier de Berghes, gouverneur d’Abbeville, et a donc transmit le château à la famille de Bergues-Saint-Winock, qui -fait rare – a conservé le château jusqu’à sa vente, en 1900 !

Mais la vie du château n’a pas été un long fleuve tranquille durant ces 5 siècles ! En 1641, il a été pris par un régiment de Louis XIII, puis a été occupé pendant le siège d’Arras, en 1654, par les Espagnols qui ont fait sauter deux tours. Et en 1710, l’armée Néerlandaise a bombardé le château durant le siège de Béthune.

Au début du 18e siècle, la famille Berghes-Saint-Winock a fait reconstruire à neuf son château de Boubers-sur-Canche pour s’y installer et a délaissé celui d’Olhain, qui a malgré tout été entretenu.
La famille a fait du château d’Olhain sa résidence d’été au 19e siècle et y a fait des travaux, tels que l’aménagement d’une chapelle.

Le château a été revendu en 1900 à la famille Dutoit, qui s’est évertuée à le préserver et le mettre en valeur.

Pendant la Première Guerre mondiale, en 1915, le château a servi de quartier général à la 25e brigade d’infanterie.
Il a également accueilli des sections d’ambulanciers britanniques et canadiens, notamment en 1917.
Ces soldats ont d’ailleurs laissé de nombreuses traces de leur passage, gravés dans les murs du château.

La basse-cour

Le château comprend deux parties bien séparées : un corps de ferme entourant une basse cour de forme ovale et le château proprement dit.
On accède à la première par un pont de pierre franchissant les bras de la rivière Lawe.

A l’intérieur, cette cour est entourée de bâtiments de ferme, granges et étables, construits à des époques différentes et à l’architecture fort simple.

Vous croiserez plusieurs poutrelles de bois peintes en rouge, des échelles de meuniers qui permettaient de monter les céréales jusqu’aux greniers à grains, où elles étaient stockées.

Vous parviendrez sans doute à jeter un oeil dans l’un des bâtiments de la ferme / basse cour. J’ai pu apercevoir des très belles charpentes en bois.

C’est dans la basse-cour que vous trouverez vos premiers graffiti. Le site en est couvert, du 19e siècle à nos jours, beaucoup datant de la Grande guerre.

On trouve aussi des « fleurs », qui sont en réalité des marques d’architectes ou de tailleurs de pierre.

Du haut du donjon, vous aurez une vue plongeante sur la basse cour. On se rend mieux compte de sa grande superficie !

Traversons la cour pour entrer dans le château en lui-même…

Nous passons un pont-levis qui enjambe les douves… Heureusement, personne ne vous jettera d’eau bouillante ou autres joyeusetés pour vous empêcher d’entrer 😉

Le château d’Olhain

Lors de ma visite, j’ai entendu des enfants lâcher des « Whouuaaaaaaah » en passant le pont-levis, qui marque réellement l’entrée du château. Même si son style n’est pas médiéval, les deux grosses tours et les hauts murs de grés (une matière très résistante et très chère, symbole de richesse) donnent tout son style à la forteresse.
La porte d’entrée est très étroite. Toute la partie supérieure du mur a été refaite et, au 19e siècle, on y a ajouté un fronton triangulaire sur lequel figure un petit blason rouge aux armes de la famille Berghes.

Une fois le pont-levis passé, on entre dans une cour intérieure pavée, entourée de bâtiments en grés et en briques. Retournez-vous : le donjon et sa tour de guet, collés serrés, se dressent à côté de l’entrée.
Cette tour octogonale de 30 mètres de haut contient un escalier. Elle a été construite en brique, mais sa partie supérieure a été refaite en pierre au 19e siècle.

Vous croiserez au long de votre visite des panneaux en bois gravés et des affiches vous expliquant l’histoire des lieux et de leurs différents propriétaires, les célébrités qui se sont rendues au château, les différentes pièces et leur fonction, des éléments dont il ne reste que des croquis, etc.

Au 19e siècle, on a réuni les deux niveaux inférieurs de la tour sud pour y aménager une chapelle. Les murs de cette chapelle créée en 1842 semblent couverts de marbre. C’est un trompe-l’oeil joliment peint.

Les caves sont devenues cellier au 19e siècle. Elles donnaient accès à une issue dérobée, aujourd’hui murée, qui permettait de quitter discrètement le château.

Les cuisines dans les caves ont été bâties entre des murs datant du tout premier château.

Un escalier monte, un escalier descend…

Nous ressortons à la surface pour respirer un peu. En face du donjon, les bâtiments en briques ont été rénovés aux 17e et 19e siècles.

Au centre de la cour intérieure, la pierre tombale de Jean de Nielles (1355-1424) et de Marie d’Olhain est presque recouverte par le lierre.

L’escalier de la tourelle, avec sa centaine de marches, mène à la salle des gardes.

La salle des Gardes possède une voûte d’ogives retombant sur des culs-de-lampe. La clef de voute porte les insignes des ordres de la Toison d’Or et de Saint-Michel (dont étaient membre Jean de Berghes et son fils Pierre).

Cette salle, dotée d’un réduit pour un guetteur, était chauffée par une belle cheminée dont le linteau est décoré d’un cordon de feuillages.

Et que guettait-il, ce guetteur ? L’entrée par le pont-levis, pardi !

Le long des tours, on distingue bien les meurtrières, d’abord percées pour que les archers puissent tirer sur les assaillants, puis agrandies pour que l’on puisse y introduire des canons.

Les murs de la salle des gardes sont, eux aussi, couverts de graffiti et de messages laissés au crayon de bois. L’enduis s’écaillant, certains messages disparaissent avec les années.

Certains messages ont été laissés par des soldats durant la Première Guerre mondiale, tel Pierre Rivat, du 17e régiment d’infanterie.

Grimpez encore quelques marches jusqu’au sommet de la tour de garde, la vue en vaut la peine.

Au sommet, vous croiserez à nouveau des graffiti, ceux-ci quasiment tous de soldats de la Grande Guerre.

Des soldats canadiens et britanniques ont gravé dans les pierres leur nom, leur bataillon et leur pays d’origine.
Ainsi, Arthur Boniface est né en Grande-Bretagne, mais a émigré au Canada en 1892 dans l’espoir d’une vie meilleure. Marié et père de quatre filles, il s’est enrôlé en 1916, mais n’est parvenu sur le front en France qu’en mars 1918. Son unité du Génie était stationnée dans le secteur d’Hersin-Coupigny. C’est pendant cette période qu’il a gravé son nom dans la tour du château d’Olhain.
Richard Alleyn est, lui, né au Canada. Employé de banque, il s’est enrôlé en 1915. Il a pris part, en tant qu’infirmier, aux batailles du printemps 1917, sur le plateau de Vimy, puis aux affrontements de l’année 1918. Pendant son séjour en Artois, il a laissé son nom sur la tour du château d’Olhain.

Encore quelques marches, levez les yeux : la charpente de la tour est magnifique.

Une fois redescendu au bas de l’escalier, vous pouvez jeter un oeil aux cuisines du corps de garde et leur ancien four à pain.

Votre visite du château terminée, faites-en le tour en longeant les douves. Vu de l’extérieur, le château d’Olhain ne manque pas d’allure ! Les douves remplies d’eau sont peu profondes, mais peuvent atteindre 80 mètres de large.

La fortification est ouverte à l’endroit où se situait les tours détruites par les Espagnols en 1654.

Que vous soyez fan d’histoire, amateur de belles pierres ou simplement en quête d’une balade originale, le château d’Olhain saura vous séduire.

L’office du tourisme de Béthune-Bruay propose des visites guidées les dimanches des vacances scolaires à 15h30, du 1er avril au 31 octobre. Je vous les recommandes chaudement !
Par contre, l’accès au site est difficile pour les personnes à mobilité réduite (gravier, escaliers étroits, pavés…)

Puisque vous êtes dans le coin, poussez jusqu’à Béthune pour y passer un week-end. Vous pouvez aussi visiter la Cité des électriciens de Bruay-la-Buissière ou vous promener dans le bois Louis et d’Epenin, voire grimper au sommet des terrils jumeaux du Pays à part d’Haillicourt. Et si la Première Guerre mondiale vous intéresse, vous pouvez vous rendre au Mémorial international de Notre-Dame-de-Lorette.

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