Une journée à Bergues, ville typique des Flandres

Bergues est surtout connu grâce au film “Bienvenue chez les Ch’tis” et son joli beffroi, mais cette jolie bourgade entourée de remparts vous accueille aussi pour ses portes et ses tours, son musée des beaux-arts, son point de vue sur les Flandres… Après une jolie balade dans ses rues typiques, attablez-vous à l’un de ses estaminets ;)

Bergues se situe dans la plaine maritime flamande, à environ 10 km au sud de Dunkerque et 55 km au nord-ouest de Lille, ainsi qu’à 10 km de la frontière avec la Belgique. Ville typique des Flandres avec son beffroi, ses briques jaunes et ses maisons caractéristiques, elle possède encore la quasi-totalité de ses remparts. Le canal qui la traverse est le plus vieux canal creusé à la main en France.
Par ses façades, ses places et ses traditions, Bergues est une de ces villes flamandes sur lesquelles le temps ne semble pas avoir d’emprise.

L’histoire de la ville

Bergues a eu une histoire riche et peut s’enorgueillir d’avoir vu passer nombre de personnages illustres : des comtes de Flandre, le roi d’Angleterre, des rois de France et même des empereurs (Charles Quint et Napoléon I^er).

Situé à un endroit stratégique, Bergues a d’abord appartenu aux comtes de Flandre jusqu’en 1384, puis aux ducs de Bourgognes et aux comtes de Flandre durant près d’un siècle, elle est tombée dans l’escarcelle de la maison d’Autriche de 1486 à 1559, puis est devenue la propriété des Pays-Bas espagnols durant un siècle avant de devenir définitivement française en 1668 !

Les remparts de Bergues ont été créés par Vauban, l’ingénieur de Louis XIV qui a fortifié tant de villes du nord. Traversée par le canal de Colme (qui part de Watten et va à Furnes), la petite ville peut – encore de nos jours – inonder par ses écluses la plaine marécageuse où elle est située.

Si Bergues a été relativement épargnée pendant la Grande Guerre, elle a été ravagée durant la Seconde Guerre mondiale. En mai et juin 1940, durant la bataille de Dunkerque, la ville a en partie été ruinée par les bombardements et les incendies. Puis, lors de la Libération, en septembre 1944, elle s’est retrouvée comme les villes voisines, dans la “poche de Dunkerque” où eurent lieu de durs combats. Les Allemands, avant d’évacuer la ville, firent sauter le Beffroi et la tour de l’église. Les bombes à retardement firent de nombreuses victimes.

Dans les années 1950, la ville a été reconstruite en gardant le style d’avant-guerre afin de préserver son caractère de petite ville flamande et ses remparts. L’église a été reconstruite en 1959 dans un style nettement plus épuré. Le Beffroi a été réédifié en 1961.

Bergues est aujourd’hui une petite ville accueillante où l’on prend plaisir à se promener… ou à s’attabler.

Le beffroi de Bergues

Classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, le beffroi de Bergues, symbole de la ville, se visite. Il faudra tout de même grimper ses 206 marches pour admirer le carillon de 50 cloches, le panorama sur la ville et ses remparts, et toute la plaine flamande à 50 mètres du sol.

Un premier beffroi en bois a été édifié en 1112, suivi par un second en pierre au 14e siècle, puis refait au 16e siècle… Le bourgmestre et ses échevins se réunissaient au premier étage de la tour jusqu’en 1586. Le beffroi a servi de tour de guet jusqu’en 1914, deux guetteurs vivant sous la toiture surveillaient la ville à la recherche d’ennemis ou d’incendies. Celui qui se dressait encore fièrement au 20e siècle a été dynamité par les troupes allemandes lors de leur retraite le 16 septembre 1944.

Le beffroi que vous pouvez voir aujourd’hui date de 1961, il a été construit en brique de sable jaune. Protégé au titre des Monuments Historiques en 2004, il est inscrit au Patrimoine mondial par l’UNESCO en 2005.

Aujourd’hui, le beffroi de Bergues accueille le bureau d’information touristique ainsi que des salles d’exposition et une école de musique. Le carillon joue des ritournelles tous les quarts d’heure et rythme ainsi la ville et toutes ses activités. 

Au cours de l’ascension des marches de l’escalier en colimaçon, vous aurez l’occasion de visiter 4 salles d’exposition qui vous présentent un plan-relief de la ville, le carnaval de Bergues, l’histoire et l’architecture du beffroi, l’horloge, les cloches et les différentes ritournelles jouées, la girouette du beffroi (le lion Nicolas)…

Vous finissez votre visite sur le chemin de ronde qui vous donne accès à la cabine du carillonneur et à une superbe vue sur la plaine flamande.

Le carillon du beffroi se trouve dans un campanile, construction aérée qui laisse entrevoir quelques-unes de ses 50 cloches. Le carillon pèse 6,2 tonnes. La plus grosse cloche pèse 1500 kg, la plus petite, 14 kg. Le premier carillon qui date de 1544 ne possédait que 10 cloches.

Des visites guidées sont possibles les 1ers samedis du mois en fin de journée. Réservations préalables obligatoires.

INFORMATIONS PRATIQUES
Adresse :
Horaires : D’avril à octobre : du lundi au samedi, montées à 10h, 11h, 14h, 15h, 16h et 17h. Dimanches et jours fériés montées à 10h, 11h, 12h, 15h, 16h et 17h. De novembre à mars : du lundi au samedi montées à 10h, 11h, 14h, 15h, 16h et 17h.
Tarifs : 5 € adulte – 3 € enfant de 12 à 18 ans – Gratuit pour les moins de 12 ans.

En face du beffroi se trouve l’hôtel de ville de Bergues, reconstruit en 1871 avec les pierres bleues de Soignies et grises de Marquise de l’ancien bâtiment de style renaissance flamande. Avec ses meneaux, ses colonnettes et ses obélisques, l’hôtel de ville de Bergues rappelle des constructions belges de la même époque.

À droite, sur la façade, un buste de Lamartine rappelle l’élection de ce dernier en tant que député de Bergues en 1833. À partir du printemps, le géant “L’Électeur de Lamartine”, créé en 1913 et coiffé d’un chapeau haut de forme, vient s’asseoir devant l’hôtel de ville.

Le musée du Mont-de-Piété

Le musée de Bergues se situe dans l’ancien “Mont-de-piété”, un organisme de prêt sur gage, bâti entre 1629 et 1633 sur les plans de Wenceslas Cobergher.

Cet homme était un artiste, architecte, ingénieur et inventeur Anversois touche-à-tout qui a – entre autres – fait élever des monts-de-piété dans tous les Pays-Bas espagnols, dont ceux d’Anvers, Tournai et Gand, mais aussi Arras, Lille, Douai, Valenciennes…
L’édifice offre deux remarquables pignons richement décorés. Il a été classé Monument Historique en 1907.

Le musée de Bergues, labellisé Musée de France, loge donc depuis 1956 ses collections de peintures, de dessins et d’histoire naturelle dans un bel édifice datant de la Renaissance.

La collection de peinture est essentiellement composée d’œuvres flamandes du 16e au 18e siècle.

La collection de dessins anciens est l’une des plus importantes de la région. Elle comprend aujourd’hui un peu plus de 2000 feuilles majoritairement des écoles du Nord des 16e au 19e siècle.

Le musée du Mont-de-piété de Bergues propose également des expositions temporaires. Lorsque je m’y suis rendue en 2022, les œuvres colorées du peintre Paul Charlemagne (1892-1972), qui séjourna à plusieurs reprises à Bergues, étaient mises en valeur.

Le parcours s’articule autour de quatre thématiques : au rez-de-chaussée le portrait et l’art religieux, à l’étage, la figure de la femme dans l’art et la nature morte.

Le musée vous invite à vous asseoir dans de confortables canapés pour prendre le temps d’admirer les œuvres. Vous pouvez également feuilleter des livres consacrés à l’art et à l’architecture dans la région.

Dans la salle consacrée à l’art religieux sont exposées des pièces d’orfèvrerie provenant du trésor de l’église Saint-Martin de Bergues.

Le musée fait également preuve de pédagogie avec des cartons explicatifs qui replacent les œuvres dans leur contexte historique ou expliquent ce qui est représenté. Dans ce tableau du 19e siècle représentant un passage de la Bible, le peintre a par exemple fait figurer le beffroi de Bergues en arrière-plan pour rendre hommage à sa ville !

Le musée présente un portrait et un buste de Louis Sapelier qui fut maire de Bergues de 1912 à 1930, qui, le premier, eut l’idée d’établir le musée municipal dans l’ancien Mont-de-Piété.

Comme de nombreux musées français, les fonds du musée du Mont-de-piété proviennent de saisies effectuées dans des lieux religieux durant la Révolution. À Bergues, ce fut la très riche abbaye de Saint-Winoc et les couvents alentour qui permirent de rassembler plusieurs centaines de tableaux (qui furent par la suite répartis entre certaines villes et églises du district). 

L’œuvre majeure du musée est le magistral “Vielleur au chien” de Georges de La Tour, le plus grand tableau conservé de ce peintre. Elle provient de l’ancienne abbaye de Saint-Winoc.

Au milieu des années 1930, le sculpteur berguois Maurice Ringot a créé une maquette en plâtre du futur tympan du portail Saint-Eubert pour la cathédrale Notre-Dame de la Treille de Lille.

Elle raconte la vie du saint, et notamment le transport de ses reliques de Seclin à Lille.

L’abbaye de Saint-Winoc a marqué la vie de la ville de Bergues. La salle qui lui est consacrée se compose de peintures et de gravure provenant de l’abbaye ou évoquant la vie du saint, de pièces d’orfèvrerie, de documents d’archives ainsi que d’objets provenant de fouilles effectuées sur le site.

On y trouve notamment un important buste reliquaire, ainsi que des éléments en pierre provenant de la défunte abbaye.

Dans la salle se trouvant à côté, la figure de la femme dans l’art est mise à l’honneur à travers des œuvres d’artistes anciens et modernes. Comme dans chacune des salles, un grand panneau explique la thématique et les œuvres présentées.

Deux salles sont dévolues à la nature morte, du bouquet de fleurs à la nourriture. Enfin, une dernière salle de l’étage propose un choix d’œuvres du 19^e siècle.

Des panneaux décoratifs montés en paravent représentent une “kermesse flamande” typique, peinte au 18e siècle. (Le paravent provient du Musée de la piscine de Roubaix).

Avant de repartir, faites un petit tour dans le jardin situé derrière le musée, vous pourrez vous asseoir sur un banc pour admirer les fenêtres surmontées d’arcatures.

INFORMATIONS PRATIQUES
Adresse : 1, rue du Mont de Piété 59380 Bergues
Horaires : Le musée est ouvert de mai à octobre inclus de 14h à 18h, tous les jours sauf le lundi et le mardi.
Tarifs : Plein : 4 € – Réduit : 2€ (12 à 18 ans) – Gratuit (demandeur d’emploi, enfant de moins de 12 ans, étudiant en Histoire de l’Art…). Entrée gratuite le premier dimanche de chaque mois.

L’église Saint-Martin de Bergues

En face du Mont-de-piété se dresse l’église Saint-Martin de Bergues.
Si elle parait à la fois ancienne et moderne, c’est que la très ancienne église a été quasi entièrement détruite durant le Second conflit mondial, mais reconstruite en 1959.

L’ancienne église Saint-Martin a été édifiée vers l’an 900, mais l’histoire agitée de Bergues a obligé à plusieurs reconstructions ou remaniements. Elle a été remplacée à la fin du 16e siècle par une grande et vaste hallekerque (église-halle) de style gothique tardif. Durant la Seconde Guerre mondiale, celle-ci a été incendiée en 1940, puis détruite en 1944. Seule une partie du mobilier avait été évacuée en 1939, dont des toiles flamandes et italiennes conservées au musée du Mont-de-piété.

Le nouveau bâtiment, construit à l’emplacement de l’ancienne église, ne garde de celle-ci que le chœur latéral et le bras droit du transept, mais avec trois vaisseaux à la toiture de même hauteur, faisant de cette église une hallekerke, typique des Flandres.

Le matériau choisi, la brique de sable de couleur jaune, s’harmonise parfaitement avec les éléments anciens et donne à l’église un aspect lumineux que l’on retrouve également à l’intérieur.

L’intérieur, très dépouillé, est éclairé par des vitraux jaune orangé qui baignent toute l’église d’une lumière chaude.

Devant l’église, le monument aux morts de Bergues surprend par son style. La plupart des monuments de la Grande Guerre célèbrent la victoire, la patrie, mais, si la sculpture féminine représente surement la ville victorieuse, le soldat en bronze effondré sur le sol est clairement décédé.

Le village de Bergues et ses anciennes maisons

Découvrez Bergues à pied, au détour des rues, ruelles et places qui ont pour la plupart gardé leur trace du Moyen Âge ou leur style typique de la Flandre.

Le célèbre estaminet flamand “Le Bruegel” est logé dans l’une des plus anciennes maisons de Bergues : elle date de 1597.

Le canal de la Basse-Colme serpente le long de la rue du Port et du quai de la Manutention.

Repérez les nombreux détails architecturaux sur les façades : les mascarons, les datations de bâtiments, les niches, les gratte-pieds, chasse-roues et sonnettes.

Le Lycée privé a un petit côté “Poudlard” d’Harry Potter…

L’ancien marché aux bestiaux (sur la place du même nom) a été joliment rénové.

Deux circuits pédestres permettent de faire découvrir la ville : « Bergues une balade de charme », circuit de 4,5 km et « Bergues : nature et histoire », circuit de 5,2 km.

Les remparts de Bergues

Comme sa voisine Gravelines, la ville de Bergues a conservé une grande partie de ses remparts, longs de 5300 mètres. Si l’enceinte fortifiée est en partie médiévale, une autre partie a été construite durant la Renaissance et une autre sur les plans de Vauban.

L’enceinte fortifiée est bien conservée dans son ensemble, avec ses différentes portes et courtines.

Bergues possède plusieurs entrées : la Porte de Cassel, la Porte d’Hondschoote, la Porte de Dunkerque, la Porte de Bierne et la Porte aux Boules, toutes classées monuments historiques.

La porte de Dunkerque, flanquée de deux grosses tours, était autrefois protégée par un pont-levis à bras et par un jeu de portes arrière.

De style classique, la porte de Cassel contraste avec les portes de Bierne et de Dunkerque. Le sommet de son fronton est orné d’un soleil, symbole de Louis XIV.

Vous pouvez visiter les Remparts de Bergues à l’aide du plan disponible à l’Office de Tourisme de Bergues ou vous faire accompagner dans le cadre d’une visite guidée.

Près de 4 km pour découvrir tours, casemates et portes majestueuses, mais aussi les douves et canaux en contrebas. Une belle promenade bucolique et patrimoniale.

On reste ébahi par l’architecture de ces fortifications, toujours debout plusieurs siècles après leurs constructions.

Le long du parcours, des panneaux vous donnent des explications sur ce que vous allez découvrir au sein de la ZNIEFF (Zone Naturelle d’Intérêts Ecologiques, Faunistiques et Floristiques) ou sur l’histoire des fortifications.

Et à mesure que vous avancez, la nature se fait de plus en plus présente. Un petit côté “Indiana Jones et la cité perdue” ;)

Et, l’air de rien, la commune de Bergues abrite 396 espèces végétales. Cela représente 19 % de la flore sauvage régionale. Bergues est ainsi l’une des communes les plus riches de la région Flandre-Dunkerque en matière de patrimoine végétal.

La commune abrite la moitié des espèces d’amphibiens du Nord et du Pas-de-Calais, et bien plus du tiers des espèces d’oiseaux nicheurs, reptiles, papillons de jour et mammifères terrestres. L’espèce emblématique de Bergues est le Lézard des murailles, dont les remparts et fortifications constituent l’habitat. Les casemates et souterrains accueillent des chauves-souris en hibernation, tandis que les douves et les bastions boisés permettent d’observer des oiseaux tels que la Sitelle torchepot, le Thécla du chêne et une colonie d’Aigrettes garzettes et de Hérons cendrés.

Vous pouvez aussi vous promener le long des remparts grâce aux balades proposées par Cirkwi, Wikiloc ou Visorando.

Le jardin de l’ancienne abbaye Saint Winoc

Réputée pour ses possessions et sa richesse, l’abbaye Saint-Winoc a été détruite durant la Révolution, il n’en subsiste que des vestiges : la porte d’entrée (Porte de marbre), la tour Pointue (rebâtie en 1812 pour servir de repère aux marins du port de Dunkerque), et la tour carrée (11^e – 13^e siècle).

Au début du 11e siècle, un moine breton nommé Winoc provenant de Saint-Omer a évangélisé le Groënberg ou “mont vert”, où se situait Bergues, et a fait construire sur la colline une abbaye bénédictine.

Durant la Seconde Guerre mondiale, le Jardin public a servi de cimetière aux troupes allemandes.

Aujourd’hui, les 1000m² et 3km de sentiers du Jardin public de Bergues sont un lieu incontournable pour les balades en famille.

La Porte de Marbre, ancienne porte d’entrée de l’abbaye, se dresse encore à l’entrée du jardin.

INFORMATIONS PRATIQUES
Adresse : Rue des Postillons / Rue d’Ypres, 59380 Bergues
Horaires : 24h sur 24, toute l’année
Tarif : gratuit

À ne pas rater à Bergues

La ville a donné son nom au fromage de Bergues, un délice produit dans des fermes des environs et que l’on retrouve dans les restaurants locaux, chez des fromagers et quelques supermarchés.
Plusieurs estaminets vous accueillent dans la commune, parmi lesquels le Bruegel (pour sa carbonnade), Le Berguenard (pour ses croquettes de crevettes) et la Taverne Vauban (installé dans la porte de Dunkerque !)

En mars a lieu le carnaval de Bergues, lié au carnaval de Dunkerque. Depuis plusieurs années se déroulent en juillet et en août “Les plus beaux dimanches de Bergues” (un grand marché artisanal agrémenté de concerts et animations).

J’espère que cet article vous aura donné des idées sur les choses à faire, quoi voir et quoi visiter à Bergues pour une journée ou un week-end.

Si vous appréciez la Flandre, vous pouvez descendre jusqu’au charmant village d’Esquelbecq ou monter jusqu’à Dunkerque.

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