Corbie est une charmante petite ville de Picardie, dans le département de la Somme. Située à environ 15 km à l’est d’Amiens, dans la vallée de la Somme, elle est beaucoup moins connue et visitée que sa grande voisine amiénoise. Et c’est dommage, car Corbie a une histoire riche et un beau patrimoine à découvrir.
Que vous aimiez les pierres anciennes, les détails insolites ou les promenades au bord de l’eau, Corbie a de quoi vous séduire…
- L'histoire de Corbie
- Le belvédère de la falaise Sainte Colette et les étangs de la Barette
- L'hôtel de ville de Corbie
- L'abbatiale Saint-Pierre de Corbie
- Balade à Corbie
- La Porte monumentale de Corbie
- Le cimetière de Corbie
- L'église de la Neuville
- Le Tabor
- Le musée des Amis du vieux Corbie
- Promenade le long de la Somme canalisée
L’histoire de Corbie
Si la région de Corbie est habitée depuis le paléolithique, la ville en elle-même a vu le jour avec la fondation de son abbaye, au 7e siècle, par la reine Bathilde (épouse de Clovis II).
Pour l’anecdote, ce sont – notamment – les moines de l’atelier des manuscrits de l’abbaye de Corbie (réputé pour ses enluminures et ses manuscrits) qui ont mis au point l’écriture minuscule « caroline » à la fin du 8e siècle, qui s’est ensuite imposée à tout l’Occident, puis est devenue la minuscule d’imprimerie.
L’abbaye et ses différents abbés ont été particulièrement riches et puissants jusqu’à la Révolution française, au point qu’en 1310, l’abbé a fait détruire les signes du pouvoir communal, dont le beffroi !
Au Moyen Âge, la prospérité économique de Corbie et de l’abbaye reposait sur l’agriculture, principalement la culture des céréales et de la « waide » (une plante tinctoriale qui donne une teinture bleue), qui étaient exportées par la voie fluviale et la voie maritime. Les marchands de Corbie achetaient de la laine de moutons venue d’Angleterre et confectionnaient des draps.
Comme nombre de villes du nord de la France, Corbie est passé de mains en mains. En août 1636, les Espagnols ont pris la ville, obligeant Louis XIII à envoyer des troupes pour libérer la cité, après un siège de deux mois. En 1659, la paix des Pyrénées a mis fin à la guerre franco-espagnole et Corbie a été rattachée à la France. L’importance stratégique de la ville disparaissant, ses remparts du 16e siècle ont été démolis entre 1669 et 1675.
L’industrialisation de Corbie a pris son essor au début du 19e siècle. La ville comptait alors une fabrique de laine anglaise, trois teintureries et une filature de coton. La gare de Corbie, située sur la ligne Paris-Lille, a été mise en service en 1846, ce qui a permis à l’industrie textile locale de se développer et a facilité les déplacements.
À la fin du 19e siècle, Corbie comptait ainsi une vingtaine d’usines employant près de 3 000 ouvriers, principalement dans le secteur textile. Lors de la Première Guerre mondiale, la ville a été durement touchée par des bombardements, au point qu’il a fallu reconstruite l’abbatiale, l’ancienne collégiale Saint-Etienne, l’hôpital et une partie du centre-ville.
Le belvédère de la falaise Sainte Colette et les étangs de la Barette
Avant de visiter Corbie en elle-même, faisons une belle promenade sur un site située juste à la sortie de la ville, sur la route de Bray-sur-Somme. Corbie est une commune de l’Amiénois, un plateau un peu en hauteur qui entoure Amiens. Le « belvédère de la falaise Sainte Colette » offre donc un beau panorama sur la vallée de la Somme, les étangs de La Barette, les champs et les bois.
Depuis le belvédère, nous allons descendre jusqu’au site des étangs de la Barette, un espace protégé où on peut observer la faune et la flore des marais. Une partie du site est accessible au public avec un parcours piéton de 2,5 km reliant la Falaise Sainte-Colette à l’étang de la Fontaine bleue.
Sur votre droite, empruntez le petit sentier qui descend dans la falaise.
Une fois arrivé en bas, empruntez le passage piéton, traversez la route et passez le petit portillon en bois pour entrer sur le site des étangs de la Barette.
Nous parvenons sur le site, un espace naturel sensible situé sur le territoire des communes de Corbie et de Vaux-sur-Somme. Leur nom proviendrait des « barettes », des sortes de herses qui protégeaient l’accès à la Somme, prolongeant les fortifications de la ville.
En 2018, le site a été aménagé pour permettre l’accès aux personnes à mobilité réduite, et des panneaux explicatifs sur la faune, la flore et les enjeux écologiques ont été installés.
Le site, géré par le Conseil départemental de la Somme, s’étend sur une quarantaine d’hectares. Il se compose de vastes étangs artificiels qui ont été creusés par les moines de l’abbaye de Corbie pour servir de vivier, puis utilisés pour l’exploitation de la tourbe au 19e siècle.
On peut voir sur le site des Fontaines bleues qui sont la résurgence des eaux de pluie filtrées par le plateau et la vallée, apparaissant bleue en surface…
Le site renferme plusieurs milieux naturels (étangs et marais), des habitats, une faune et une flore diversifiées. Prenez le temps de découvrir les espèces qui vivent sur le site grâce aux panneaux d’informations. Ils disposent de QR codes, vous pouvez aussi écouter les textes.
Vous ne pourrez pas parcourir la totalité du marais : la partie sud du site, classée « Natura 2000 », est un espace préservé de toute activité.
Le site accueille notamment des saules gris, des fourrés tourbeux, des nénuphars, de nombreuses plantes aquatiques, des prairies humides, des roselières, des zones de pelouse flottante, des fougères, des plantes herbacées et même une plante carnivore aquatique et de la menthe aquatique !
J’y ai croisé pas mal d’insectes et d’oiseaux, mais les lacs hébergent aussi des poissons. Le site accueille bien sûr plusieurs sortes de libellules et de papillons qui font le bonheur des oiseaux présents, blongios, busards des roseaux et autres « gorgebleues »…
Une fois notre tour des étangs terminé, nous remontons simplement jusqu’au belvédère…
Un parking voiture est situé juste à côté du belvédère, à environ 200 mètres du panneau de sortie de Corbie. Il accueille également des tables de pique-nique.
INFORMATIONS PRATIQUES
Adresse : 3 Au Chemin d’Amiens 80800 Corbie
L’hôtel de ville de Corbie
Construit en brique, l’hôtel de ville est facilement identifiable par ses tourelles couvertes d’ardoise. Il ressemble à un château. Normal : c’en est un ! Plus précisément l’ancien château du baron Oswald de Caix de Saint-Aymour, construit sur les plans de l’architecte amiénois Charles Joseph Pinsard au 19e siècle.
Cet édifice au style néomédiéval (parfois appelé « style troubadour ») a été construit entre 1850 et 1854. Sur sa façade figurent les armoiries de la ville, sculptées en 1928, au-dessous desquelles figure la Croix de guerre 1914-1918. De chaque côté, on peut voir, de part et d’autre, le lion de saint Marc et trois corbeaux, qui seraient des variantes des blasons de l’ancien comté de Corbie.
Armoiries, sculptures, toiture en poivrière et murs de briques. La bâtisse est à l’image de celui qui l’a commandé : éclectique, aux influences mélangées, comme pour brouiller les pistes… Car si l’avocat Charles « Oswald » Decaix a été élu Maire de Corbie de 1855 à 1861, il s’est autoproclamé baron et n’est devenu Oswald de Caix de Saint-Aymour qu’en 1861. Et le pape Pie IX a fini par l’anoblir en novembre 1862, le nommant chevalier de l’Ordre du Saint-Sépulcre de Jérusalem...
L’hôtel de ville se compose d’un bâtiment principal et d’un bâtiment parallèle à l’arrière. Les têtes de chevaux et de chiens sculptées sur la façade semblent indiquer l’ancienne destination du bâtiment : écuries, chenil, remise, etc. Aujourd’hui le bâtiment abrite des bureaux et la salle des mariages et du conseil municipal.
La tourelle la plus proche de l’entrée porte les armoiries des Caix de Saint-Aymour.
La ville a racheté le château, abîmé par la Grande Guerre, en 1924, pour en faire son nouvel hôtel de ville. Il est l’un des rares châteaux de la Somme à abriter une mairie. La ville de Corbie a laissé l’édifice tel qu’il était, avec les blasons de Caix de Saint-Aymour, mais a transformé le parc du château en jardin public.
L’hôtel de ville a été rénové complètement en 2013, tout comme le jardin public qui l’entoure (un kiosque à musique et une aire de jeux ont été construits).
Le monument aux morts de Corbie se situe dans le jardin public, aménagé devant la mairie. Érigé entre 1923 et 1925, il a été créé par le sculpteur amiénois Albert Roze (qui a été directeur de l’école des Beaux-Arts d’Amiens de 1893 à 1925 et conservateur du musée de Picardie de 1919 à 1945). Une veuve de guerre et son fils, un bouquet à la main, rendent hommage aux défunts. La veuve s’appuie sur une stèle portant les armoiries de la ville. Un casque de soldat est posé sur des rameaux de chêne et de laurier sur le socle du monument.
INFORMATIONS PRATIQUES
Adresse : 1, Rue Faidherbe 80800 Corbie
L’abbatiale Saint-Pierre de Corbie
L’église abbatiale est l’un des monuments les plus emblématiques de la ville !
L’abbaye royale Saint-Pierre de Corbie a longtemps été un monastère de moines bénédictins. Elle a été fondée au 7e siècle par la reine Bathilde, épouse de Clovis II. Cette abbaye a joué un rôle de premier plan dans la Renaissance carolingienne par la production de son scriptorium et l’activité de ses missionnaires.
Au temps de sa splendeur, elle abritait 300 moines bénédictins. L’abbaye de Saint-Pierre a été un centre religieux, politique et culturel majeur au Moyen Âge, rayonnant sur toute l’Europe.
Comme nombre d’édifices religieux de la région, l’abbaye a subi au cours de son histoire des incendies, des reconstructions, des pillages et des rénovations. Sa congrégation a été dispersée en 1790, l’abbatiale a été convertie en bien national, puis en partie détruite en 1816 (l’église est ainsi passée de 117 à 35 mètres).
De nos jours, il subsiste de la grande abbaye une partie de l’église abbatiale, la porte d’honneur (voir plus bas) et le mur d’enceinte. Les deux tours massives s’élèvent à 55 mètres de hauteur, mais l’église abbatiale actuelle n’offre qu’une vision très partielle de ce qu’elle fut du temps de sa splendeur.
Classé aux monuments historiques depuis 1919, cet édifice religieux de style gothique (reconstruit entre 1501 et 1698) était l’église principale de la puissante abbaye de Corbie.
Au musée de Picardie à Amiens, on trouve quelques rares vestiges de la défunte abbaye, dont un chapiteau provenant du cloître de l’abbaye (vers 1152-1153) représentant « Adam et Eve mangeant le Fruit défendu ».
À l’intérieur de l’édifice, des artistes et artisans célèbres avaient réalisé au 18e siècle des stalles en boiserie, des orgues et un baldaquin en ferronnerie pour le chœur. Mais après la Révolution, l’église a été fermée et laissée à l’abandon, puis en partie soufflée par des bombes durant la Grande Guerre…
Dans l’entre-deux-guerres, l’abbatiale a été dotée d’un mobilier de style Art déco (maître-autel, chaire et confessionnal).
À la gauche du confessionnal, on distingue la pierre tombale de Paschase Radbert (datant de 1655), abbé de Corbie au 9e siècle et fondateur de l’abbaye de Corvey en Westphalie.
L’abbatiale est aussi célèbre pour conserver de nombreuses reliques de saints, dont ceux de deux papes et de Saint Pierre : c’est dire le prestige qu’avait l’abbaye.
À gauche, retable représentant « l’Apothéose de sainte Colette » et à droite, « L’Assomption », tous deux sculptés par Aimé et Louis Duthoit, vers 1856. Les frères Duthoit, issus d’une dynastie d’artistes, ont restauré nombre d’œuvres d’art dans les églises picardes au 19e siècle (cathédrale d’Amiens, collégiale Saint-Vulfran d’Abbeville, chapelle du Saint-Esprit de Rue, abbatiale de Saint-Riquier…)
Nicolette Boellet est née à Corbie en 1381. Elle aurait eu une vision de Saint-François d’Assise et a traversé le pays pour rencontrer le Pape Benoît XIII qui l’a nommée abbesse du futur couvent qu’elle allait fonder. Entre 1410 et 1447, elle a permis la création de 17 couvents ! « Sainte Colette de Corbie » a été canonisée par Pie VII le 24 mai 1807. Albert Roze a sculpté sa représentation.
L’église conserve plusieurs tableaux, dont « Sainte Colette priant pour la délivrance d’une âme du Purgatoire« , peint par le peintre nordiste et amiénois Charles Crauk en 1859.
Le groupe « Moïse présentant les Tables de la Loi à Jésus » a été sculpté au 19e siècle par Jules Dalou, célèbre artiste parisien, auteur de nombreux monuments d’hommes célèbres et du « Triomphe de la République », place de la Nation à Paris.
Une statue de la Vierge à l’Enfant en bois, datant du 15e siècle, est dite « Vierge à la porte » car elle provient de l’une des portes des anciens remparts de Corbie.
Une maquette de l’église abbatiale a été réalisée par le corbéen Gérard Maré, en 1951. On peut voir la totalité de l’édifice, tel qu’il devait être au 18e siècle avec le chœur, le transept, la tour lanterne et sa flèche à la croisée du transept.
Attention ! L’église n’est ouverte qu’en été. Visite guidée de l’abbatiale, certains samedis de juin à septembre à 15h. Ascension de la tour sud de l’abbatiale, certains samedis de juin à septembre à 16h. Renseignez-vous auprès de l’office du tourisme du Val de Somme.
INFORMATIONS PRATIQUES
Adresse : Rue Charles de Gaulle 80800 Corbie
Horaires : du 1ᵉʳ juin à la mi-septembre, les mercredis et samedis de 14h à 18h.
Tarif : entrée gratuite. Visite guidée 6€ / 4€.
Balade à Corbie
Non loin de l’abbatiale, le bureau de Poste de style Art Déco (construit en 1925) a évidemment attiré mon attention. 😉
L’architecte Raoul Brandon, qui a laissé sa plaque, a créé des maisons de villégiatures sur la Côte picarde, mais aussi le superbe hôtel des Postes de Chartres, la très belle église de Nieppe, des immeubles de rapport à Paris, ainsi qu’un certain nombre de monuments funéraires au cimetière du Père-Lachaise.
À Corbie, vous pouvez suivre un circuit jalonné de panneaux au cœur de la ville, permettant de découvrir plus en détail les monuments historiques de la ville.
L’un de ces panneaux présente ce qui reste de l’ancien hospice de Corbie, où l’on soignait les malades. Le bâtiment a été détruit par les bombardements lors de la Première Guerre mondiale, il en reste des arcades.
La construction de l’église Saint-Étienne remonte à la fondation de l’abbaye Saint-Pierre de Corbie au 7e siècle dont elle était l’un des sanctuaires. Elle a été rebâtie vers 1170-1174, mais n’a pas connu les remaniements successifs de l’église abbatiale. Vendue à des particuliers après la Révolution française, elle est devenue grange, puis orphelinat et finalement école.
Le portail roman de l’ancienne collégiale, classé aux Monuments Historique depuis 1907, représente une Vierge en Assomption et le couronnement de la Vierge.
Au coin de la rue de l’Enclot et de la rue Sadi Caront, qui mène à la porte monumentale, se dresse un vaste bâtiment de style Art Déco, avec une porte en acier digne d’un coffre-fort !
La Porte monumentale de Corbie
Elle porte bien son nom, tant on se sent petit lorsque l’on passe sous son arcade. On arrive alors à imaginer ce qu’était la ville du temps de sa grandeur passée. Construite en 1740, la porte marque l’entrée de ce qu’était l’immense abbaye de Corbie.
Aussi appelé la Porte d’honneur, ce porche est tout ce qui subsiste du mur d’enceinte qui encerclait une cour d’honneur de 2000m², permettant d’accéder ensuite au cloître.
Classé aux Monuments Historiques depuis 1907, ce portail en arc en plein cintre est surmonté de deux statues représentant la foi et la charité. Au centre figure le blason sculpté de l’abbaye.
INFORMATIONS PRATIQUES
Adresse : Rue Sadi Carnot / Place de la République 80800 Corbie
Le cimetière de Corbie
Oui, nous allons, comme toujours, visiter le cimetière de la ville 😉
Certaines grandes familles se sont fait construites des monuments funéraires imposants.
Le cimetière de Corbie accueille des tombes de soldats de toutes les guerres. Un petit monument de pierre blanche, au centre, commémore la guerre franco-prussienne de 1870. En novembre, la ville de Corbie était cernée par les combats et le général Faidherbe, commandant de l’Armée du Nord, a établi son quartier général à Corbie.
Des soldats « prussiens » et français tombés durant cette guerre reposent dans le cimetière.
On trouve également dans le cimetière plusieurs tombes ou plaques commémoratives de soldats décédés durant la guerre de 1914-1918.
Jules Gustave Pillon, soldat au 150e régiment d’infanterie, est tombé en Seine-et-Marne peu avant ses 29 ans, lors de la bataille de la Marne.
Georges Polydor Lenglet, Sergent au 12e Régiment d’Infanterie territoriale, est disparu au combat le 11 novembre 1914, durant la bataille de l’Yser (qui s’est en réalité déroulée du 17 au 31 octobre 1914, en Belgique).
André Scellier, sergent pilote aviateur, est tombé durant la Grande guerre en septembre 1918, à l’âge de 24 ans. Technicien des ponts et chaussées avant la guerre, il avait été appelé dans un régiment de génie en 1914, avant de se porter volontaire pour entrer dans l’aéronautique en juin 1917.
Ysai Charles Mercier est décédé en captivité, « accidentellement », le 4 décembre 1944 à Amstetten, en Allemagne, à l’âge de 27 ans.
La famille Nervet n’a pas eu de chance : nombre de ses membres sont décédés jeunes et en peu de temps. Robert a été blessé dans la Marne en septembre 1914, mais a fini par mourir de « maladie aggravée » en janvier 1918 à 25 ans.
Le docteur Léon Curé, qui a donné son nom à une rue de la ville, a été maire et conseiller général, « ami des humbles et bienfaiteur des pauvres ».
Né à Corbie, Eugène Lefebvre était aventurier dans l’âme et passionné par les technologies d’avant-garde, au point qu’il est devenu ingénieur et pilote pour la société Ariel, la première société commerciale d’avion au monde. Pionnier de l’aviation, il est décédé en 1909 lors d’un vol dans l’Essonne. Il a été le premier pilote au monde à mourir aux commandes d’un avion motorisé.
À côté du cimetière civil s’étend un cimetière militaire britannique. Édifié en 1915, il a servi à inhumer les victimes de première ligne jusqu’à l’automne 1916, alors que la Première Bataille de la Somme avait déplacé le front vers l’est, et a servi de nouveau pendant l’offensive allemande de 1918.
Il contient 1165 tombes où sont enterrés 1074 Britanniques, 58 Australiens, 27 Sud-Africains, 4 Indiens, 1 soldat des Antilles Britanniques et 1 Allemand.
Sowar Nand Singh, du 29e lanciers (un régiment de cavalerie indien), était un Sikh originaire du nord de l’Inde. Lance Dafadar Lall Khan était lui aussi un cavalier, au 27e Indian Light Cavalry, mais il était originaire du Pakistan.
Issu d’une famille de militaires, le Major William La Touche Congreve a l’un des officiers britanniques les plus décorés. Il a reçu la plus prestigieuse décoration de l’Empire Britannique, la Victoria Cross, mais aussi la Légion d’Honneur, le Distinguished Service Order et la Military Cross. Officier d’infanterie proche de ses hommes, il s’est particulièrement distingué durant la terrible bataille de Longueval, en juillet 1916, durant laquelle il a conduit les bataillons jusqu’à leurs positions et a mis des blessés à l’abri. Il a été abattu par un tireur embusqué, à l’âge de 25 ans.
D’autres militaires sont décédés le 20 juillet 1916. Leonard Rose, un Ecossais de 19 ans ; Ardale Edwards, un Sud-Africain de 18 ans ; et George Brown, un Anglais de 31 ans.
Le Lieutenant sud-africain Percy Roseby est lui aussi décédé à Longueval en juillet 1916, durant la terrible bataille du bois de Delville, à l’âge de 39 ans. Le caporal Hugh Burke, 33 ans, du Yorkshire, et le soldat Joseph Stretch, 34 ans, de Manchester, sont morts le même jour.
La famille du soldat Thomas Tuson, du corps des mitrailleuses, décédé le 20 juillet 1916 à 33 ans, a laissé une photo de lui au pied de sa tombe.
George Hill, un Gallois membre de la Imperial War Graves Commission, est décédé le 22 juillet 1946 à l’âge de 47 ans. Il avait servi dans les Royal Welsh Fusiliers et les South Wales Borderers pendant la Grande Guerre.
Le sous-Lieutenant Humphrey Porteus Cole, originaire du Surrey, en Angleterre, était le fils cadet du major général Robert Andrews Cole, du corps d’état-major de Madras (Inde). Il n’avait que 21 ans quand il est décédé de ses blessures, il n’était sur le front que depuis 10 jours.
INFORMATIONS PRATIQUES
Adresse : 13, Rue des Longues Vignes 80800 Corbie
L’église de la Neuville
Le quartier de La Neuville est situé à l’ouest de Corbie et traversée par la rivière Ancre.
Construite entre la fin du 15e et le début du 16e siècle, remarquable pour son tympan sculpté, l’église Notre-Dame de La Neuville est classée aux monuments historiques depuis 1895.
Le tympan de sa façade, dont le grand bas-relief représente l’entrée du Christ à Jérusalem le jour des Rameaux, est un véritable joyau de dentelle de pierre de la Renaissance. Il a été réalisé entre 1515 et 1528. Les sculpteurs Louis et Aimé Duthoit l’ont restauré au milieu du 19e siècle.
Les murs de l’église sont couverts de graffitis gravés du 17e au 19e siècle, des textes, des noms de famille, des fleurs de lys et des symboles d’architectes.
Sur l’image de droite, par exemple, c’est le niveau d’une crue historique, en 1633, qui est inscrit dans la pierre : « Le 14 de février 1633 est passé le flot de la rivière (l’Ancre) sur le pont de mesme. »
INFORMATIONS PRATIQUES
Adresse : 7, rue de Pont Noyelle 80800 Corbie
Le Tabor
Entre le collège Eugène Lefèbvre et le collège Sainte Colette, on aperçoit un grand mur de brique et de pierre en hauteur, un peu caché par la végétation. Il s’agit du « Tabor », une petite partie d’une clôture intérieure de l’abbaye élevée au 9e siècle à la demande de l’abbé Francon, Grand prieur de l’Abbaye, suite aux pillages des envahisseurs vikings en 881.
Cette enceinte était alors protégée par des tours et creusée de fossés qui joignaient l’Ancre à la Somme. Le monastère et les habitations groupées autour de lui étaient ainsi enfermés comme dans un camp retranché.
Depuis le Tabor, on aperçoit l’église abbatiale, ce qui donne une idée de l’immensité qu’avait le domaine de l’abbaye !
INFORMATIONS PRATIQUES
Adresse : 13, Boulevard Camille Roland 80800 Corbie
Le musée des Amis du vieux Corbie
Créé en 1980 et géré par l’Association Les Amis du vieux Corbie, ce petit musée parcourt 1500 ans d’histoire : l’histoire et aux vestiges lapidaires (pierres) de l’abbaye, au siège de Corbie de 1636 (plans, gravures, boulets de canons, balles d’arquebuse…), à Sainte Colette de Corbie (réformatrice de l’ordre des clarisses), à l’aviateur Eugène Lefebvre et à la Première Guerre mondiale. À travers six salles, des objets, photos, plans et manuscrits, le musée vous transportent dans l’histoire corbéenne.
Le musée présente les fouilles archéologiques et les vestiges de l’abbaye de Corbie, en expliquant la fondation de l’abbaye sous les Mérovingiens, entre 657 et 662, notamment à partir des statues de Clotaire III, roi mérovingien, de sa mère la reine Bathilde, et d’une copie d’un chapiteau provenant du cloître de l’abbaye.
Pour mettre en valeur le rayonnement culturel, intellectuel et religieux de l’abbaye sous les Carolingiens, le musée a reconstitué le fameux « scriptorium » de l’abbaye de Corbie, l’atelier où se confectionnaient les manuscrits. On peut y admirer des reproductions de parchemins et manuscrits célèbres.
On découvre aussi le prestigieux passé de l’abbaye de Corbie via des copies de sceaux des différents abbés du 12e au 15e siècle.
À gauche, un mannequin en tenue de moniale clarisse. Sur la droite, une copie d’une gravure du plan de Corbie en 1636, dessinée par Sébastien Pontault de Beaulieu, « ingénieur du Roy » Louis XIII.
Le musée illustre par des reproductions de manuscrits et un plan en relief de la ville le siège de Corbie en 1636 par les troupes de Louis XIII.
La sixième et dernière salle présente Corbie durant la Grande Guerre : ville anglaise à partir de 1915 et bombardement de mars 1918.
Cette dernière salle est aussi consacrée à Eugène Lefebvre (1878-1909), le premier pilote au monde à mourir aux commandes d’un avion motorisé. Le musée conserve sa montre à gousset, qui, malgré ses aiguilles cassées, fonctionne toujours.
Les visites guidées sont proposées en français ou en anglais, et adaptées aux enfants. La boutique du musée propose un large choix d’ouvrages, cartes postales et cadeaux.
INFORMATIONS PRATIQUES
Adresse : 13 bis rue de la République 80800 Corbie
Horaires : Ouvert de 14h30 à 17h30 en période estivale, sauf les dimanches et les lundis, le 14 juillet et le 15 août.
Tarif : gratuit.
Promenade le long de la Somme canalisée
Terminons notre séjour à Corbie par une promenade tranquille au bord de l’eau. La ville est traversée par le canal de la Somme (qui relie le canal de Saint-Quentin à la Manche depuis 1827), offrant des possibilités de promenades en bateau et de randonnées le long des berges.
Un quai pour les bateaux de plaisance et une zone de mise à l’eau pour canoës ont été installés le long de la coopérative agricole.
La balade le long du chemin de halage est très agréable…
Un parcours dénommé « Les étangs de Corbie » propose une boucle de 9km (3 heures) à partir de l’écluse de Corbie, à travers la campagne et jusqu’au belvédère de la falaise Sainte Colette, le long de la Somme, entre canal et étangs.
Sur le canal, où glissent bateaux et péniches, vous croiserez des pêcheurs qui taquinent le gardon argenté, le rotengle ou la brème.
Et enfin, « Val de Somme tourisme » a créé une très jolie vidéo pour valoriser le patrimoine de Corbie, une ville qui gagne à être connue :
Puisque vous êtes dans le coin, passez un week-end à Amiens (ou plusieurs !) et, puisque vous êtes en plein dans le Pays du Coquelicot, vous pouvez visiter le Mémorial national australien de Villers-Bretonneux et son passionnant musée.
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