Quel calme. Quelle douceur. Le chant des oiseaux, le bruit du vent dans les feuilles, les rayons du soleil qui jouent avec les feuillages.
Le mémorial de Longueval est un écrin de quiétude pour les nombreux soldats tombés à cet endroit en 1916 lors des terribles combats du Bois Delville.
“Devil Wood”, le Bois du Diable. C’est ainsi que les Sud-Africains surnommèrent le bois Delville. Les soldats de l’Union sud-africaine furent engagés pour la première fois sur le front occidental durant l’été 1916. En juillet, les quatre bataillons (3 153 hommes) de la Première Brigade d’Infanterie reçurent l’ordre de tenir leurs positions “coûte que coûte”. Obéissant aux ordres malgré les obus qui les massacraient, ils résistèrent et connurent l’enfer. En quatre jours, ils perdirent 90% des leurs. Lorsqu’on vint les relever, il ne restait que 143 soldats valides.
Le mémorial national sud-africain du bois Delville est un monument commémoratif situé sur le territoire de la commune de Longueval, dans le département de la Somme. On l’appelle donc communément “Mémorial de Longueval“.
Le site du bois Delville se compose d’un parc de 63 hectares, du mémorial sud-africain, et du musée sud-africain. En face du bois, se situe un cimetière militaire britannique.
Le Mémorial de Longueval
Le bois a conservé en majorité son contour de 1916 et a été reboisé après les combats qui l’avaient en grande partie rasé.
Une large allée centrale conduit au mémorial. Elle est bordée de deux rangées de chênes, provenant pour la plupart d’Afrique du Sud.
Le mémorial du bois Delville a été inauguré le 10 octobre 1926.
Il est composé d’un arc de triomphe surmonté par un groupe en bronze (les jumeaux Castor et Pollux, symbolisant les colons anglais et les Afrikaners “jadis ennemis, mais désormais unis dans la guerre”) et d’un cénotaphe situé quelques mètres devant le monument.
Jusqu’au milieu des années 2010, le mémorial ne portait aucun nom et aucun soldat noir sud-africain n’était alors enterré à Longueval : comme il est expliqué au sein du musée, seuls les hommes blancs avaient eu le droit de s’enrôler dans les troupes combattantes et de porter des armes.
Cependant, des soldats noirs et métis qui s’étaient engagés dans les “labor corps” avaient eux aussi été victimes de bombardements, de mines, de tir d’artillerie, etc., et méritaient comme les soldats blancs les honneurs militaires.
Le 6 juillet 2014, une cérémonie a eu lieu au cimetière militaire du bois Delville afin d’inhumer le premier soldat sud-africain noir mort en France durant la Grande Guerre, Beleza Miengoua, volontaire noir exhumé d’un cimetière du Havre et enterré désormais auprès de « ses frères blancs ».
Le 12 juillet 2016, le président sud-africain Jacob Zuma s’est rendu à Longueval pour inaugurer un « mur de la mémoire » sur lequel sont inscrits les noms de 14 000 soldats sud-africains (blancs, noirs et métis) morts au cours des conflits auxquels l’Afrique du Sud a participé au 20e siècle.
Le musée
Créé en 1986, il retrace l’histoire de la participation de l’Afrique du Sud à la Première et la Seconde Guerre mondiale mais aussi la guerre de Corée.
Le musée est particulièrement intéressant, car on ne connaît pas grand-chose de l’armée sud-africaine et il nous permet de découvrir de nombreuses particularités de ce pays.
Ainsi, l’Afrique du Sud était au début du 20e siècle un “dominion britannique”, partagé entre les Afrikaners, proches de l’Allemagne, et les Anglais, partisans de l’Empire. Lorsque la Première Guerre mondiale éclata, des combats eurent rapidement lieu en Afrique du Sud entre les deux camps et la bataille fut remportée par les Britanniques. L’Afrique du Sud se rangea donc du côté des Alliés et ses soldats allèrent combattre en France.
On apprend également que, au cours des deux guerres mondiales, seuls les hommes blancs purent s’enrôler en tant que combattants dans l’armée Sud-Africaine. Les noirs, les métis et les Indiens d’Afrique du Sud purent quant à eux s’engager comme non-combattants, principalement dans les transports ou affectés au déchargement dans les grands ports français.
Ce qui ne les empêcha pas de se montrer particulièrement courageux !
Lucas Majozi était un brancardier qui reçut une médaille de conduite distinguée pour sa bravoure pendant la deuxième bataille d’El Alamein. Il continua à chercher des blessés à travers un champ de mines, bien qu’il fut lui-même touché par un éclat d’obus, jusqu’à ce qu’il s’évanouisse d’épuisement.
Job Masego fut fait prisonnier avec d’autres soldats en juin 1942 à Tobrouk, mais il construisit malgré tout une bombe, en utilisant une boîte de conserve. Avec l’aide de plusieurs codétenus, il parvint à couler un cargo allemand sur les quais de Tobrouk. Il reçut la Médaille militaire (et aurait sûrement reçu la Victoria Cross s’il avait été blanc).
Le cimetière
Situé en face du mémorial du bois Delville, il contient les corps de 5 242 Britanniques, 29 Canadiens, 81 Australiens, 19 Néo-Zélandais et 152 Sud-Africains. La majorité de ces soldats n’ont pas été identifiés, soulignant la brutalité des combats.
Si 152 soldats sud-africains reposent dans cette nécropole, beaucoup d’autres ont été inhumés dans d’autres cimetières (dont 104 morts des suites de leurs blessures). On estime également que plus de 500 d’entre eux sont toujours ensevelis dans le bois.
Créé après l’Armistice, ce cimetière rassemble des tombes provenant de cimetières provisoires alentour (donc d’autres batailles) ainsi que des tombes isolées.
INFORMATIONS PRATIQUES
Adresse : Le mémorial, le cimetière et le musée sont situés au 5 route de Ginchy 80360 LONGUEVAL.
Un grand parking vous permet facilement de vous garer en voiture.
Horaires : le musée est ouvert du mardi au dimanche de 10h à 17h30 entre avril et octobre puis jusqu’à 16h le reste de l’année. Fermé en décembre et janvier.
Tarif : L’accès au mémorial et au musée est gratuit.
Puisque vous êtes dans le coin, vous pouvez passer un week-end de mémoire à Albert et aux alentours, notamment au mémorial de Thiepval.
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