Avec ses 37 millions de spécimens (minéraux, dinosaures, insectes, coquillages, mammifères terrestres et marins…), l’Institut des sciences naturelles de Bruxelles possède la 3e plus grande collection de sciences naturelles d’Europe, après Paris et Londres. À travers ses expositions, son muséum diffuse la culture scientifique au plus grand nombre, de manière ludique et attrayante.
Alerte ! Endroit génial ! J’ai passé une journée entière à l’Institut et je n’y ai croisé que des regards émerveillés. Les enfants comme les adultes, ne sachant où donner de la tête, laissaient échapper des « Oooh ! » et des « Whouaaa ! ». Je vous invite très chaudement à visiter cet endroit fabuleux qui veut faire découvrir la richesse et les beautés de notre planète, actuelles ou (très) anciennes.
Les minéraux du muséum
En 1828, 808 échantillons de roches et minéraux de Russie ont été offerts au Musée de Bruxelles – ancêtre du Muséum.
Il s’agissait des premières pièces d’une collection qui, aujourd’hui, compte plus de 30000 spécimens, plusieurs dizaines de milliers de macles (cristaux), 500 pierres taillées, près de 140 météorites (dont quatre tombées en Belgique), de surprenants minéraux fluorescents et même un échantillon de pierre lunaire !
250 ans de Sciences naturelles
Le Musée propose depuis 2008 une salle consacrée aux 250 ans de son histoire. Une série de pièces remarquables ont été sorties de ses collections et soulignent son itinéraire mouvementé, d’un cabinet de curiosités du 18ème siècle à un Muséum et un institut de recherche digne du 21ème siècle.
Dans cette salle, des expéditions scientifiques mémorables, des chantiers de fouilles insolites, des découvertes étonnantes, des histoires émouvantes et des spécimens remarquables retracent l’évolution de l’Institut et la constitution de sa très riche collection.
Cet éléphant, autrefois pensionnaire du Jardin royal de Zoologie (ou « Zoo de Bruxelles »), a ainsi été naturalisé en 1880.
En 1751, Charles de Lorraine a doté sa cour d’un Cabinet d’histoire naturelle qui accueillait minéraux, animaux, plantes, livres, œuvres d’art et curiosités. À sa mort, le cabinet a été vendu pour payer ses dettes. En 1797, ce qui restait est devenu Musée de l’école centrale et a ouvert au public en 1814. En 1846, le jeune État belge a tout racheté : le Muséum est né.
Cette partie du musée présente notamment des ossements de mammouths découverts en 1860, lors de travaux sur le cours de la Nèthe, dans la province d’Anvers, datant du Paléolithique supérieur (il y a 35000 à 10000 ans).
Cette salle raconte aussi l’évolution des théories scientifiques, du regard de l’homme sur la nature et la biodiversité, du rôle du Muséum dans la société. L’Institut présente ainsi la manière dont les « muséums d’histoire naturelle » et les zoos du 19e siècle obtenaient leurs collections, parfois en massacrant des animaux rares. Aujourd’hui, nombreux sont les accords internationaux qui ont pour but de protéger les espèces menacées.
Le tigre de Sibérie, par exemple, provient d’une confiscation judiciaire et a été confié au Muséum en 2006. Les gorilles présentés sont nés et morts au zoo d’Anvers…
Le thylacine, ou « loup » de Tasmanie, est un marsupial australien. Enfin, il l’était : Benjamin, le dernier spécimen en captivité, est mort dans le zoo de Hobart, en Tasmanie, en 1936.
Le site de Messel, près de Francfort en Allemagne, a été fouillé par une équipe du département de Paléontologie de l’Institut dans les années 1980. Ce fabuleux gisement – daté de 47 millions d’années – possède des fossiles d’une grande diversité : crocodiles, serpents, lézards, grenouilles, poissons, tortues, oiseaux, insectes, chauves-souris…
À gauche, ce petit caillou est du minerai d’uranium. Mais venant de la mine congolaise de Shinkolobwe (en République démocratique du Congo), celle qui a fourni l’uranium de la bombe d’Hiroshima…
À droite, une minuscule mâchoire de 55 millions d’années ! Le reste de Teilhardina belgica, l’un des plus anciens primates, le plus vieil ancêtre de notre groupe zoologique, à nous les humains.
Le 16 août 1897, la Belgica a quitté le port d’Anvers et a mis le cap sur le pôle Sud : c’était la première expédition scientifique internationale en Antarctique. En deux ans, les scientifiques ont procédé à des relevés océanographiques et météorologiques, ils ont dressé l’inventaire de la faune terrestre locale, prélevé des spécimens de la faune marine, collecté des minéraux et de rares mousses, lichens et graminées… Ce trésor est conservé au Muséum.
La galerie des dinosaures
Avec plus de 3000 m2 et des dizaines de spécimens, la Galerie des Dinosaures est aujourd’hui la plus grande salle d’Europe entièrement consacrée aux dinosaures, à leur découverte, leur vie, leur évolution… J’avoue que c’est la partie de l’Institut qui m’a plu le plus !
À l’entrée de la galerie, les enfants sont invités à observer un site de fouille reconstitué pour mieux comprendre comment les paléontologues découvrent des fossiles, les extraient de la terre, les transportent, etc. Le « paleoLAB » propose une quarantaine d’activités : déterrer des fossiles authentiques, les étudier et en effectuer des moulages, faire correspondre dents et mâchoires de dinosaures, assembler un squelette de Stegosaurus grandeur nature…
Puis vient la fascinante galerie des iguanodons ! Une trentaine de fossiles plus ou moins complets ont été découverts en 1878, dans le charbonnage de Bernissart, en Belgique, à 322 mètres de profondeur ! Huit d’entre eux sont exposés ici.
Joyau du Musée et véritable trésor national, ces iguanodons sont désormais exposés dans une cage vitrée de 300 m2, construite sur 3 niveaux, qui permet d’observer chaque spécimen sous son meilleur angle.
Il n’y avait pas que des dinosaures à Bernissart : des milliers de fossiles d’animaux et de végétaux ont également été mis au jour ! Ce sont autant d’indices sur le type de climat et d’environnement dans lesquels vivaient les iguanodons.
Bernissart était à l’époque une région chaude et marécageuse : plusieurs spécimens sont propres au climat chaud (les crocodiles, la cigale…) et aux marais (les poissons Amiopsis, les fougères Weichselia…).
Apparus il y a près de 230 millions d’années, à la fin du Trias, les dinosaures se sont diversifiés et multipliés au cours du Jurassique, colonisant tous les continents. Puis à la fin du Crétacé, il y a 65 millions d’années, ils se sont éteints.
« Ben le platéosaure » est un squelette authentique provenant de la Ville de Frick, en Suisse. Il a été baptisé du nom du paléontologue qui l’a découvert, Ben Pabst. Mesurant 6,4 mètres de long, il a vécu il y a environ 210 millions d’années.
L’impressionnant spécimen de tyrannosaure exposé dans la salle est une réplique de « Stan », le tyrannosaure mâle le plus complet et le plus grand (12,2 mètres de long et 3,7 mètres de haut) découvert à ce jour, dans le Dakota du Sud. Ses dents sont énormes !
La Galerie des Dinosaures a été conçue pour plaire aussi bien aux enfants qu’aux adultes. Chaque visiteur peut manipuler des répliques grandeur nature d’os de dinosaures ou visionner les interviews de paléontologues réputés. Vous pouvez tester vos connaissances en fossilisation, affronter un Pachycephalosaurus virtuel, écouter le cri du Parasaurolophus, découvrir les surprenantes parentés entre les espèces, toucher des crêtes d’hadrosaures… C’est génial !
Le saviez-vous ? Le pingouin et le Cryolophosaurus vivaient à la même époque et au même endroit, en Antarctique, il y a 185 millions d’années. À mon avis, monsieur pingouin ne devait pas faire son fier…
BiodiverCITY
Une vie animale et végétale souvent insoupçonnée peuple les villes. Dans BiodiverCITY, vous découvrez les plantes et les animaux surprenants qui vivent dans les rues, les jardins et les parcs.
Des animaux naturalisés, des photos, des films et des éléments interactifs montrent ce qu’est la biodiversité et soulignent ses enjeux actuels. L’exposition a été spécialement conçue pour les familles.
Le sol abrite une grande variété d’espèces parmi lesquelles de nombreux invertébrés ne mesurant souvent que quelques millimètres de long. Pour que l’on puisse mieux les observer, le muséum en a fait de surprenantes versions agrandies.
L’espace est divisé en sept quartiers sous forme de pièces de puzzle qui, ensemble, forment la mosaïque et la biodiversité urbaines.
La galerie de l’évolution du muséum
La Galerie de l’Évolution permet de parcourir plus de 3,8 milliards d’années d’histoire de la vie, dans un espace unique. Ce ne sont pas moins de 600 fossiles et 400 spécimens naturalisés qui jalonnent les 6 chapitres illustrés : Cambrien, Dévonien, Carbonifère, Jurassique, Éocène et Présent.
Chaque chapitre vous permet de découvrir la faune et la flore de la période géologique choisie.
Suivez les aventures de la Vie sur Terre, depuis les toutes premières formes de vie primitives jusqu’à l’Homme en passant par des poissons géants aux mâchoires redoutables, d’impressionnants oiseaux prédateurs, des baleines à pattes…
La galerie révèle que l’évolution ne se limite pas au passé : les espèces continuent à se transformer. Mais aujourd’hui, l’Homme a un impact indéniable sur notre planète…
Planète vivante
Saviez-vous que le gnou et le zèbre se nourrissent sans problème des mêmes plantes ? Qu’un chameau assoiffé peut boire jusqu’à 150 litres d’eau ? Que les feux de forêts peuvent bénéficier à certains arbres ?
Planète Vivante vous propose un voyage à travers les incroyables habitats de notre belle planète.
Planète Vivante, c’est plus de 850 spécimens exposés sur 2000 m2 (de la girafe au puceron en passant par le koala), des modèles 3D à toucher, des médias visuels, des témoignages audios, des animations ludiques et éducatives…
Quel rapport peut-on trouver entre un sanglier et un béluga ? À quoi ressemble le squelette du cachalot ? Comment le chat permet-il à la vache de mieux se nourrir ?
Planète vivante nous aide à comprendre la richesse et la complexité de la biodiversité et l’importance vitale pour nous de la préserver.
La galerie de l’Homme
La première galerie de l’Homme présente notre corps en cinq zones, correspondant aux divers stades de la vie humaine. De l’embryon à l’âge adulte, cette exposition explore toutes les étapes, de la fécondation à la vieillesse. Des projections sur des mannequins à taille réelle illustrent la grossesse, le corps en mouvement et les systèmes nerveux et digestif.
Vous pourrez observer des squelettes d’enfant et d’adulte, des organes plastinés, des muscles et veines reconstitués, des maquettes, des animations virtuelles et des jeux interactifs. C’est fascinant !
Et dans chacune des zones, un lien est établi avec l’évolution grâce aux « modules évolution » : de quelles traces de l’évolution notre corps témoigne-t-il encore ?
La seconde partie de la Galerie de l’Homme est consacrée à notre évolution a proprement dit.
Parmi les 25 espèces présentées, plusieurs sont célèbres : Toumaï (le plus ancien bipède), Lucy l’Australopithecus afarensis, Homo habilis (un des premiers artisans), Homo georgicus (le premier homininé hors d’Afrique) et l’Homme de Spy, un Homo sapiens belge…
Vous pouvez vous comparer aux 15 reconstitutions 3D en taille réelle. De nombreux fossiles, des outils et des tablettes interactives illustrent les adaptations qui ont marqué notre longue évolution : l’apparition de la bipédie, l’utilisation de plus en plus précise des mains, le développement du cerveau et la diminution de la taille des dents.
Une tablette multimédia reprend les routes de migration d’Homo erectus depuis l’Afrique vers le reste du monde, une grande tablette permet de découvrir l’art paléolithique des Homo sapiens retrouvé en Belgique, des comparaisons sont faites entre Homo sapiens, les grands singes (nos plus proches cousins actuels) et les Australopithèques…
Le muséum de l’Institut des Sciences naturelles de Bruxelles est un incontournable pour les curieux de nature, les amoureux de sciences ou – tout simplement – les amateurs de découverte ! Ne ratez pas ce fabuleux musée si vous vous rendez dans la capitale belge.
INFORMATIONS PRATIQUES
Adresse : 29 Rue Vautier 1000 Bruxelles
Horaires : du mardi au vendredi de 9h30 à 17h et le samedi et dimanche de 10h à 18h (fermé le lundi, le 25 décembre, le 1er janvier et le 1er mai). Dernière entrée à 15h30 du mardi au vendredi et à 16h30 les week-ends.
Tarifs : 13 euros / 10 euros (+ de 65 ans, PMR) / 5 euros (étudiant, 4-17 ans, enseignant) / gratuit (enfant de moins de 4 ans). L’accès au musée est gratuit tous les 1er mercredi du mois dès 13h.
Des visites guidées et des ateliers sont organisés les mercredis pour les enfants de 4 à 14 ans.
Le muséum est accessible aux personnes en situation de handicap (entrée gratuite pour un accompagnateur à l’achat d’un ticket au tarif réduit pour une personne en situation de handicap).
Le parking du musée est très petit et accessible en priorité aux détenteurs d’une carte de stationnement délivrée aux personnes en situation de handicap. Comme dans toutes les grandes villes, il est préférable d’utiliser les transports en commun pour vous rendre au musée. Les arrêts des Bus 38 ou 95, arrêt « Idalie » ou « Luxembourg », sont à 5 minutes à pied et les Bus 34 ou 80, arrêt « Muséum », s’arrêtent au bas du musée.
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