Nichée au cœur du pittoresque Avesnois, Bavay séduit ceux qui recherchent un savant mélange entre l’héritage romain et le charme d’une jolie ville d’antan, une destination qui promet un captivant voyage dans l’histoire.
Située entre Valenciennes et Maubeuge, Bavay ouvre les portes de la belle région de l’Avesnois. Mais qui pourrait s’imaginer que ce discret petit bourg a été l’un des carrefours de l’Antiquité ? Et qu’elle abrite encore de nos jours l’un des plus grands forums antiques du monde gallo-romain (et le plus grand de France) ?
Il y a 2000 ans, Bagacum était la capitale des Nerviens, l’un des plus puissants peuples du nord de la Gaule… L’empereur Auguste avait partagé la Gaule en trois provinces, dont la “Gaule belgique”, située entre la Seine et le Rhin, dans laquelle le territoire des Nerviens occupait un vaste territoire compris entre l’Escaut, la Sambre et la Meuse.
La ville de Bavay avait été créée pour être le centre de cette région. Elle était placée à un nœud routier, les fameuses sept voies romaines menant vers la Germanie, le port de Boulogne-sur-Mer, Arras, Amiens, Cassel, Reims… Bagacum s’est développée durant le 1er siècle, avec la construction d’un grand forum (une place publique) et de thermes alimentés par un aqueduc.
Si les thermes ont disparu, une grande partie du forum est encore visible.
Le forum antique et son musée
Le site archéologique s’étend sur 2,5 hectares, entre les vestiges romains préservés et le musée.
Ce dernier vous permet de découvrir la vie quotidienne des Romains grâce aux 800 objets découverts sur le site et mis en scène par une riche muséographie. Il vous accueille avec des panneaux explicatifs colorés qui replacent les lieux dans leur contexte historique. Bavay, sous l’administration des Romains, devint une cité florissante.
Le sous-sol de Bavay et ses alentours ont été explorés aux 17e et 18e siècles, mais surtout après la Révolution française et au 20e siècle, livrant de nombreux vestiges (objets et constructions) qui retracent la vie des locaux durant l’Antiquité.
Des pierres de taille, des fragments de colonnes et des marbres brisés laissent penser qu’un grand palais et un temple s’élevaient auparavant près du forum.
Une maquette reproduit ce à quoi ressemblait le forum du temps de sa splendeur. Il était immense !
En plus des ruines, on a trouvé à Bavay un grand nombre de tombeaux et de stèles funéraires portant des inscriptions d’origine romaine.
Mais on a, avant tout, retrouvé des objets de la vie courante : céramiques et terres cuites, bijoux, vaisselle, outils, vases, mosaïques, monnaies… et de très jolis bronzes.
On découvre la vie des Gallo-Romains de Bagacum au travers de trois salles thématiques : leur habitat, leurs pratiques religieuses, leurs jeux, leur alimentation, leurs métiers… Si vous ne saviez pas que les Romaines étaient très “modernes”, vous allez le découvrir 😉
Le musée replace chaque objet dans son contexte géographique et historique, explique son utilisation et ses particularités.
Le musée vous propose aussi une saisissante balade virtuelle en 3D dans le forum de Bagacum, reconstitué à l’époque gallo-romaine, pour découvrir la cité antique. Un médiateur du musée vous raconte la vie des habitants en vous présentant leurs métiers, leurs habitudes, leur vie quotidienne.
Enfin, le musée propose chaque année une exposition temporaire en rapport avec des objets découverts sur le site.
Lorsque j’y suis allée, l’exposition “M’as-tu vu ? Être et paraître à la romaine en Gaule du Nord” présentait la manière dont les hommes et les femmes s’habillaient, se lavaient, se maquillaient, se rasaient… L’exposition mettait en scène tous les objets qui pouvaient être utilisés à l’époque pour la “mise en beauté”.
En ressortant du musée, il suffit de passer un petit portique pour entrer sur le forum et accéder au parcours couvert.
Les ruines imposantes du forum ont longtemps été recouvertes de terre et d’herbe, au point que personne n’avait une véritable idée de sa taille. Au début du 20e siècle, l’archéologue Maurice Hénault a identifié Bavay comme une ville antique importante et les quelques pierres encore visibles comme les vestiges d’un forum. Et ce dernier a finalement été redécouvert lors d’un bombardement allemand en 1940, qui a mis à jour les anciennes pierres et briques romaines, à la grande surprise des habitants.
Henri Biévelet, de 1942 à 1976, a dégagé à l’ouest la plus grande partie des “cryptoportiques” ainsi que l’esplanade et, à l’est, les fondations d’une des basiliques les plus vastes de l’Empire romain : 98 mètres ! Ce n’était pas une église, mais un endroit civil où se traitaient les affaires de la cité.
Mais les ruines les mieux préservées sont celles des arcades qui abritaient des commerces à l’époque. Elles s’élèvent encore à plus de quatre mètres de haut.
En lisant les nombreux panneaux explicatifs, ou grâce aux commentaires du guide, vous découvrez que la place centrale était bordée de portique à double nef ou de portiques légèrement surélevés par des galeries semi-enterrées, les “cryptoportiques”.
En effet, véritable cœur de la cité, le forum de Bagacum était la place publique où les citoyens se réunissaient pour traiter d’affaires commerciales, politiques, économiques, judiciaires ou religieuses.
Sur 2,5 hectares, vous pouvez déambuler à travers les hautes ruines, replonger dans l’époque grâce à un parcours sonore qui recrée ici le boulanger discutant avec un client, là le commerçant négociant un prix, ou encore deux visiteurs discutant politique…
Si les panneaux explicatifs sont très didactiques et intéressants, je vous recommande néanmoins la visite guidée. Le/la médiateur/trice vous offrira des anecdotes sur l’architecture (les briques rouges ne sont pas uniquement décoratives ;)) et sur la vie quotidienne dans le forum.
Munis d’une tablette, vous pouvez aussi visiter l’esplanade en réalité augmentée, pour voir à quoi ressemblait le forum il y a 2 000 ans, afin de mieux comprendre l’importance des lieux.
Toute l’année, des animations sont proposées au musée pour découvrir ou redécouvrir cette civilisation : les rendez-vous du dimanche, les ateliers du mercredi, les stages vacances, les visites guidées… Le site propose également un jardin romain, une aire de pique-nique et une boutique.
INFORMATIONS PRATIQUES
Adresse : 2, allée Chanoine Henri Bievelet 59570 Bavay.
Horaires : 9 h à 12 h et 13 h à 18 h le lundi, mardi, jeudi, vendredi et dimanche ; 13 h à 18 h les mercredis et samedis. Fermeture exceptionnelle les 1er novembre, 25 décembre et 1er janvier
Tarifs : 6€/4€. Gratuit pour les moins de 26 ans, les habitants de Bavay, les bénéficiaires des minima sociaux, les demandeurs d’emploi et les personnes en situation de handicap. Gratuit le premier dimanche de chaque mois.
Promenade à Bavay, sur le sentier des remparts
Entre les 13e et 14e siècles, Bavay s’est développée à l’intérieur d’une muraille construite en s’appuyant sur la muraille romaine du 3e siècle, sur une levée de terres qui ceinture le centre-ville aujourd’hui encore.
Les murs, qui étaient flanqués de sept grosses tours, ont été quasiment tous détruits en 1654. Il n’en reste que quelques-uns, adossé au forum antique.
Mais on peut parcourir leur ancien tracé le long du “sentier des Remparts”, afin de découvrir les sites et monuments importants de la ville.
Le long de la visite, on croise des panneaux numérotés, qui vous expliquent ce qu’était le lieu ou ce que représente tel ou tel monument.
J’ai choisi de commencer la promenade devant l’église Notre-Dame de l’Assomption, qui se dresse juste en face du forum antique.
Construite sur l’emplacement des thermes romains, l’église est mentionnée dans des écrits de 1469. Détruite et reconstruite au 16e siècle, sa tour, restaurée en 1709, porte la devise “Jesus Maria” des oratoriens (une congrégation religieuse fondée en 1611 et spécialisée dans l’enseignement).
Elle a été ravagée par les bombardements allemands de 1940, puis un incendie en 1944.
Dans l’entrée, on peut admirer d’anciennes pierres tombales (Jean du Chasteler et son épouse Françoise de Carondelet, décédés en 1624), ainsi que les murs du couvent des sœurs grises fondé en 1508.
Une stèle, à la mémoire du chanoine Henri Biévelet, initiateur des fouilles archéologiques modernes, est aussi visible sur le parvis.
La reconstruction s’est achevée en 1954 avec le baptême de trois nouvelles cloches dans le clocher.
La jolie statue de Notre Dame de l’Assomption date du 16e siècle.
Les vitraux ont été remplacés en 1979 par de belles réalisations contemporaines de l’atelier Brouard (de Ronchin).
Passons ensuite sur la place de Bavay où l’ont peut admirer l’hôtel de ville, devant lequel se dresse une colonne surmontée d’une statue de femme. C’est la reine Brunehaut, une princesse germanique du 6e siècle devenue reine des Francs, qui régna sur un royaume mérovingien pendant 33 ans.
Selon la légende, Brunehaut se serait attachée à entretenir les routes qui avaient été construites par les Romains, que l’on nomme encore “chaussées Brunehaut” en son souvenir.
Un monument antique, aujourd’hui disparu, matérialisait à cet endroit le départ des sept chaussées romaines.
Une des maisons les plus anciennes de Bavay, portant la date de 1682 (fers d’ancrage), est située à l’angle sud-ouest de la place.
L’hôtel de ville en pierre bleue, qui date de 1784, a été construit contre le beffroi et l’ancienne maison des gardes (avec son pignon en pas de moineau) érigés en briques peu de temps après le rattachement du nord à la France par le traité de Nimègue.
Le kiosque de concert octogonal, situé dans le (petit, mais mignon) parc municipal Gaudonnet, a été conçu en 1958 en remplacement du kiosque démontable qui se dressait sur la place.
À la sortie du parc, on passe le porche du presbytère… qui est en réalité l’entrée de l’ancien couvent des Sœurs grises, créé au 17e siècle et disparu durant la Révolution française.
En descendant jusqu’à la rue des Remparts, on croise un monument qui commémore les résistants bavaisiens morts durant la Seconde Guerre mondiale.
Le reste de la balade est plus “champêtre”, entre vieilles pierres et haies d’arbres…
En face de l’ancien “estaminet de la place verte” se situe l’ancien calvaire de Bavay, élevé au tout début du 20e siècle.
On passe devant le monument dédié à Maxime Leconte, né à Bavay, docteur en droit, qui fut député de gauche de 1884 à 1891, puis sénateur et vice président du Sénat, jusqu’à son décès en 1914.
Le monument aux morts de Bavay, inauguré en 1923, ne représente pas un glorieux soldat, mais une femme accroupie (symbolisant la ville de Bavay) soutenant un soldat blessé mourant. Il a été créé et sculpté par Henri Armbruster et Elie Raser, deux artistes valenciennois “Grand prix de Rome“.
Avant de retourner vers la place centrale, on croise quelques beaux bâtiments en briques et pierres bleues, typiques de la région, construits au 18e siècle.
Si vous voulez continuer la balade, le cimetière communal de Bavay se situe plus à l’est, au-delà des anciens remparts. En plus de jolies tombes anciennes, il héberge 13 tombes de soldats britanniques, morts durant la Première Guerre mondiale en août 1914 ou novembre 1918.
Balade à pied ou à vélo
Après votre visite du Forum antique de Bavay et la balade sur le sentier de remparts, vous pouvez découvrir le patrimoine naturel à pied ou en vélo. Pour cela, le mieux est de télécharger l’application Baladavesnois et de choisir le parcours “À la découverte de la pierre bleue dans le bavaisis” (2h30 pour 20 kilomètres de balade à vélo).
À pied, vous pouvez parcourir le joli “circuit des sources“, un itinéraire de 5 kilomètres longeant sources et cours d’eau à travers la campagne bavaisienne. Il commence sur le parking du forum antique.
Vous croiserez le lavoir de Louvignies, déplacé et remonté en 1896. Son bassin a été réalisé en pierre bleue typique de l’Avesnois.
Le sentier longe ensuite une rivière surplombée d’une construction imposante surnommée “le Pont Blanc”.
On traverse une ancienne voie ferrée, puis on remonte un sentier vers la Ferme de Fréhart, où l’on fait une grande boucle avant de reprendre le même chemin en sens inverse.
Si vous avez encore soif de nature, poussez jusqu’au 3 hectares de la Réserve naturelle régionale de la carrière des Nerviens, située en grande partie sur le territoire de Bavay.
Ancien site d’exploitation du grès, la carrière des Nerviens a été comblée suite à sa fermeture au début des années 1960. Totalement recolonisé par la végétation spontanée constituée de bosquets et de zones herbacées, le site est un corridor écologique qui abrite 171 espèces végétales, 42 espèces d’oiseaux, de nombreux amphibiens et reptiles, et des insectes.
Elle offre une jolie promenade sur un sentier aménagé au travers d’herbes hautes parsemées de champignons et de fleurs, dont une quinzaine d’espèces rares. Selon la saison, vous croiserez sans doute des grenouilles, des lézards, des palombes et des bécasses, des papillons, peut-être des éperviers et, à la tombée de la nuit, des chauves-souris.
Bavay offre aux visiteurs une expérience unique, mêlant son riche héritage gallo-romain à la tranquillité d’une ville campagnarde au cœur de l’Avesnois. En arpentant son forum, ses ruelles et ses environs, vous serez transportés dans le temps, explorant les vestiges antiques tout en découvrant le charme pittoresque de la région.
J’espère que cet article vous aura donné des idées sur les choses à faire, quoi voir et quoi visiter à Bavay pour une journée ou un week-end.
Puisque vous êtes dans le coin, promenez-vous sur d’autres remparts, encore debout, ceux de la ville de Le Quesnoy. Vous pouvez aussi passez un week-end à Maubeuge, située non loin de Bavay. Et vous pouvez pousser plus au nord pour passer un week-end à Mons, en Belgique, et y visiter sa magnifique maison Losseau de style Art nouveau.
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