Si vous êtes de passage à Mons, ne manquez pas la visite de la magnifique Maison Losseau, joyau d’architecture Art nouveau situé au cœur de la Cité du Doudou. Il s’agit à la fois d’un musée, d’un centre d’interprétation et d’un centre de littérature ! Ce somptueux bijou n’attend que votre venue.
Sa façade ne paie pas de mine et vous pourriez la manquer si vous passez dans la rue sans faire attention. Mais l’intérieur est probablement l’un des plus beaux exemples encore visibles d’art nouveau. Il est difficile de s’imaginer qu’en franchissant les portes, vous serez invités à découvrir un véritable jardin décoratif dont les fleurs sont déclinées, des sols aux plafonds, dans chaque pièce de la maison.
L’histoire de la maison
La Maison Losseau se situe en plein centre-ville de Mons. Datant du 18e siècle, elle a été acquise en 1873 par Charles Losseau, un riche bourgeoise et propriétaire terrien.
Elle a été rénovée entre 1899 et 1904, à la demande de l’avocat et collectionneur Léon Losseau (1869 – 1949, fils de Charles) par le célèbre architecte bruxellois Paul Saintenoy (architecte de la famille royale de Belgique, directeur de l’Académie de Bruxelles, influencé par Victor Horta et Paul Hankar, les chefs de file de l’Art Nouveau).
Losseau, homme aux multiples passions, a confié à Paul Saintenoy le soin de modifier totalement l’intérieur de la maison, avec une nouvelle décoration centrée sur le style à la mode à l’époque, l’Art Nouveau. Les deux hommes, passionnés d’art et de littérature, ont fini par devenir amis. Ils ont beaucoup discuté des plans et des projets de la maison.
Paul Saintenoy a achevé les travaux en 1904, mais la décoration, supervisée par Léon Losseau, a été réalisée entre 1905 et 1912.
Léon Losseau a voulu doter sa demeure de tout le confort moderne que l’on pouvait concevoir à l’époque. Durant la rénovation, l’architecte et son commanditaire ont ajouté l’électricité, le chauffage central au charbon, des radiateurs chauffe-plat et un ascenseur (pour la mère de Losseau, qui vivait avec lui). Losseau a aussi installé des grilles d’aération en haut des murs, pour que la chaleur passe de pièce en pièce, des volets à manivelle et une ligne téléphonique.
Mais Léon Losseau n’a pas pensé uniquement au fonctionnel, il a transformé sa maison en un somptueux hôtel particulier décoré de boiseries, de tapisseries et de vitraux.
Parlons un peu de Léon Losseau. S’il a été Docteur en Droit et en Sciences politiques, puis membre du Barreau de Mons, il a finalement plaidé très peu d’affaires, se consacrant davantage à ses activités intellectuelles et ses multiples passions. Membre très actif de nombreuses sociétés savantes et artistiques, il a conçu sa demeure comme un foyer de développement intellectuel, scientifique et artistique, nouant des liens avec de nombreuses figures du monde intellectuel de l’époque.
Léon Losseau a notamment fondé l’Encyclopédie provinciale du Hainaut en 1936, s’est fait connaitre aussi en publiant plusieurs ouvrages de droit. Il a milité durant des années pour la construction d’une Université à Mons.
Membre de nombreuses sociétés savantes, philanthrope, mécène, bibliophile, collectionneur de médailles, il s’est passionné pour tout et spécifiquement pour la littérature et le droit. À sa mort, il a légué à la ville de Mons sa maison, une curiosité à elle toute seule, ainsi que sa riche bibliothèque.
La maison Losseau
Inscrit sur la liste du Patrimoine exceptionnel de Wallonie, l’hôtel particulier abrite depuis 2015 un « centre d’interprétation » des collections de Léon Losseau.
Le centre d’interprétation
À l’intérieur de la maison classée, vous découvrez d’abord le centre d’Interprétation qui met en valeur l’héritage laissé par l’avocat et bibliophile montois et permet de mieux comprendre ce qui animait le personnage.
Dans de jolis meubles rappelant les bibliothèques et cabinets de curiosités, le centre vous fait découvrir les passions de Losseau au travers d’une multitude d’objets : le style Art nouveau qu’il affectionnait et les plans de la maison, sa magnifique collection de médailles, des documents d’archives…
L’avant-gardiste Losseau a en effet collecté plus de onze mille objets d’art de son vivant ! Mais il est aussi connu pour ses photos qu’il prenait en tant qu’amateur passionné.
Léon Losseau a été très actif lors de la construction de sa maison, il n’a pas laissé les architectes travailler seul et a été présent durant tout le chantier. On peut donc admirer plans, coupes et croquis, différentes maquettes et échantillons…
La maison elle-même
Dans un second temps, découvrez la maison en elle-même, créée par Paul Saintenoy, et dont les finitions ont été confiées aux Français Henri Sauvage (créateur de la villa Majorelle) et Charles Sarazin, puis terminées par le Bruxellois Louis Sauvage (qui a créé les luminaires).
L’intérieur est tout simplement fabuleux. On se croirait revenu en 1905, car les travaux de rénovation ont permis de rendre à la maison tout son charme d’antan.
Des plans dessinés par les architectes / décorateurs Henri Sauvage, Charles Sarazin et Louis Sauvage, sont nés nombre de réalisations uniques que l’on peut admirer aujourd’hui : parquets et mosaïques de marbre, lambris et mobilier en bois précieux ornés de bronze, staffs et pochoirs rehaussés d’or, vitraux et pâtes de verre multicolores…
Ces décors ont été réalisés par les meilleurs artistes et artisans du début du 20e siècle : les ateliers de Raphaël Evaldre (le principal maître-verrier actif à Bruxelles durant la période Art nouveau), Henri Pelseneer (l’un des principaux fabricants de meubles Art Nouveau à Bruxelles), Emile Gallé (le célèbre maître verrier et céramiste français), la fameuse cristallerie lorraine Daum et Amalric Walter (verrier et vitrailliste français spécialiste des pâtes de verre).
Dans la maison Losseau, les thèmes de la fleur et de la nature, chers à l’Art Nouveau, sont omniprésents. Les décors floraux se déclinent au travers des mosaïques, lambris, verrières, parquets marquetés, armoires, lampadaires grâce à la glycine, le chardon, l’iris, l’orchidée, la rose, le fuchsia et l’églantine…
Du bureau au salon en passant par le hall d’entrée, une fleur spécifique est mise en valeur dans chacune des pièces. Le bureau de Léon Losseau est consacré au chardon. La porte d’entrée est décorée avec des branches de fuchsia.
Le mobilier est lui aussi gravé de plantes ou présente des formes végétales.
Dans le grand salon, un énorme et impressionnant vitrail-cloison en pâte de verre a été réalisé par le maître-verrier français Noël Daum. Son motif symboliste représente Thuin, ville natale du propriétaire.
Enfin, Léon Losseau a consacré une bonne partie de son budget à la réalisation et l’agencement de son jardin, qu’il a confiés à Louis-Léopold Van der Swaelmen (inspecteur des Parcs et Jardins de l’État belge). Le jardin est accessible par une grande baie vitrée qui se trouve dans sa salle à manger. Après la Grande Guerre, en 1924, il a fait appel à un autre architecte paysagiste : Jules Buyssens, précurseur du « Nouveau Jardin pittoresque » qui avait pour but de produire le maximum de couleur et de vie dans les jardins de Belgique.
La bibliothèque / Le centre du livre
Amoureux des livres, Léon Losseau a amassé plus de 100.000 ouvrages au cours de sa vie. Cette bibliothèque occupe les 2e et 3e étages de sa demeure. Une grande partie est consacrée au Droit, mais il possédait aussi des livres sur la politique, les sciences sociales ou économiques, l’Histoire et la Géographie, ou encore les Beaux-arts ou la poésie.
Parmi les trésors de la maison figure l’édition originale d'”Une saison en enfer” d’Arthur Rimbaud, rachetée par Léon Losseau en 1901 chez un imprimeur bruxellois, alors qu’on pensait qu’elle avait été détruite.
Une salle d’exposition est entièrement consacrée à cette affaire que l’on nomme “l’affaire Arthur Rimbaud “.
C’est donc sans surprise que vous retrouverez sur place un centre dédié à la littérature. Les fonds consultables sur place mettent à l’honneur les auteurs de la Province du Hainaut, l’histoire de la ville de Mons et du Hainaut, l’Art Nouveau ou encore la littérature jeunesse. Des expositions, conférences et événements sont régulièrement proposés par la maison Losseau.
La Maison Losseau dispose d’un espace boutique où vous trouverez différentes références à l’Art Nouveau (publications, cartes postales, signets, etc.) et à la littérature (stylos, carnets, Une saison en enfer, romans ou recueils de poètes du Hainaut belge…).
Unique en son genre en Wallonie, la Maison Losseau apparaît comme un manifeste de l’Art nouveau. Elle offre aux visiteurs un aperçu fascinant du passé. Si vous venez à Mons, ne la ratez surtout pas : cette imposante demeure a toute une histoire à raconter !
Les animaux sont interdits dans la maison, sauf les chiens guide d’aveugle.
Comptez environ 1h de visite.
Proche d’un arrêt de bus, situé à moins de 1500 m de la gare, l’ensemble du site est accessible aux personnes à mobilité réduite (par l’arrière).
INFORMATIONS PRATIQUES
Adresse : 37 et 39 rue de Nimy 7000 Mons
Horaires : Du mercredi au vendredi de 10h à 18, les samedis de 13h à 18h, les dimanches de 10h à 17h. Visites guidées sur réservation
Tarifs : 5€ / 3€ (enfants, 12 à 18 ans, étudiants jusque 25 ans, + de 65 ans, demandeurs d’emploi) / 4€ (groupes)
Puisque vous êtes dans le coin, vous pouvez évidemment passer une journée dans la belle ville de Mons, mais vous pouvez aussi pousser jusqu’au forum antique de Bavay, visiter la splendide salle Sthrau Art Déco à Maubeuge ou passer un week-end à Condé-sur-l’Escaut.
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