Plantée à la porte de l’Avesnois, Maubeuge est une ville fortifiée riche en histoire et en patrimoine. Fondée au Moyen Âge, elle a su conserver les vestiges de son passé militaire, notamment avec ses impressionnantes fortifications Vauban. Entre culture – dans son manège ou sa salle art déco- et détente – au cœur de ses espaces verts, Maubeuge vous invite à la découverte.
Alors, oui. Je sais. Si je vous dis “Maubeuge”, ça ne fait pas forcément rêver… ou ça fait penser à la chanson de Bourvil ;) Maubeuge a été ravagée par des bombardements en 1940 et a été reconstruite peu après la guerre dans un style “béton cube”. Elle a donc l’image d’une ville “moche et triste”. Mais rien n’est plus loin de la réalité !
La ville possède de nombreux sites qui offrent une perspective différente sur l’histoire, la culture et la nature. Que vous soyez intéressé par le patrimoine, l’art, la faune ou simplement à la recherche d’un espace pour vous détendre, Maubeuge a quelque chose à vous offrir.
L’histoire de Maubeuge
Les origines de Maubeuge remontent au 3e siècle, mais le petit bourg n’est devenu une ville qu’au 7e siècle, avec la fondation d’un monastère par la jeune noble Sainte-Aldegonde, au milieu de forêts marécageuses.
Le monastère a été pillé au 9e siècle par les Normands et au 10e siècle par les Hongrois. L’archevêque de Cologne a ensuite décidé de le transformer en un “chapitre noble et séculier” qui, pendant près de huit siècles, a accueilli des religieuses issues des plus nobles familles européennes.
Ville frontalière, Maubeuge a été saccagée et pillée plus de vingt fois jusqu’à son rattachement à la France en 1678 !
Passant de mains en mains, Maubeuge a fait partie du royaume d’Austrasie de la reine Brunehaut, puis du Comté du Hainaut des premiers rois carolingiens, puis du royaume de Lotharingie, et elle a été rattachée avec le Hainaut en 870 au royaume de France.
En 925, le Hainaut est devenu une province indépendante, gouvernée par les empereurs d’Allemagne.
La province est ensuite passée aux ducs de Bourgogne jusqu’en 1477, puis à la Maison d’Autriche en 1478 et enfin aux Pays-Bas espagnols en 1513.
Le riche passé de la ville se découvre encore, récemment, lors de fouilles archéologiques qui mettent à jour la ville médiévale et, notamment, d’anciens béguinages. Vivement la création du musée de la ville pour découvrir tout ça !
Les grands remparts qui entourent encore de nos jours Maubeuge ont été construits à partir de 1678 par Vauban, sous les ordres de Louis XIV, pour remplacer une enceinte créée au Moyen Âge.
La Première Guerre mondiale a éprouvé la cité sambrienne, située juste à la frontière avec la Belgique. Entre fin août et début septembre 1914, Maubeuge a vaillamment résisté aux envahisseurs allemands, mais a subi peu de dommages durant le conflit.
Par contre, la cité a été ravagée par la Seconde Guerre mondiale, ce qui a détruit le cœur historique de Maubeuge à plus de 90%. Elle a été reconstruite par un architecte visionnaire, André Lurçat, qui s’est opposé au démantèlement des fortifications de Vauban.
Maintenant que nous en savons un peu plus sur le passé de Maubeuge, lançons-nous dans la visite !
La salle Sthrau, joyaux Art déco
Commençons par le diamant de la ville de Maubeuge ! Hé oui, on commence fort ;)
D’abord chapelle de Jésuites, la salle Sthrau est devenue salle de bal et écurie, puis musée, bibliothèque… jusqu’à être détruite durant la Grande Guerre et reconstruite dans les années 1920. Transformée en une somptueuse salle des fêtes, décorée dans le plus pur style Art Déco, la salle Sthrau a été récemment restaurée pour devenir un lieu culturel incontournable de la ville de Maubeuge.
Le service culturel de la ville y propose des ateliers artistiques, des escape games, des projections de films, des goûters déguisés, des bals, des micros folies (musée virtuel), des conférences, des spectacles… C’est un écrin magnifique pour des activités très variées.
Levez les yeux et ouvrez les grands, car le décor est foisonnant de couleurs et de matériaux, en ferronnerie, en verre, en céramique, en stuc, en peintures, avec, partout, des couleurs très vives.
On découvre la salle des fêtes, organisée sur deux niveaux, une salle de musique et, sous une somptueuse verrière à l’étage, une salle de bal. Il est aujourd’hui possible d’admirer les vitraux, les peintures ou encore la voûte en nid d’abeille unique en son genre.
La salle Sthrau vaut à elle seule de s’arrêter à Maubeuge. N’hésitez pas à vous renseigner sur les activités qui y sont proposées ou à contacter l’Office du tourisme Sambre-Avesnois pour une visite.
En savoir plus sur la salle Sthrau.
INFORMATIONS PRATIQUES
Adresse : rue Georges Paillot 59600 Maubeuge
Horaires : selon les visites et les spectacles
Tarifs : selon les événements
Le parc zoologique de Maubeuge
Ce parc de 7 hectares est réputé pour son cadre historique unique puisqu’il est intégré dans les fortifications de la ville.
Il accueille environ 300 animaux de 60 espèces différentes (dont certaines très rares), témoignant de la faune des 5 continents. Parmi eux, vous pourrez observer des loups, des éléphants, des lémuriens, des flamants roses et bien d’autres encore. Le zoo met l’accent sur la conservation des espèces menacées et propose des animations pédagogiques pour sensibiliser le public à la protection de l’environnement (repas des animaux chaque après-midi, visite des coulisses, soigneur d’un jour, visites privées, stages reporter nature, etc.)
Des panneaux explicatifs colorés sont présents partout pour vous présenter les différents animaux, leurs particularités, leur comportement, leur milieu de vie, leur alimentation, les endroits du monde où on peut les trouver et s’ils sont en voie de disparition.
Et de larges panneaux disséminés dans le zoo vous indiquent où vous vous situez.
Chacun des animaux est présenté dans un environnement reconstitué, rappelant leur habitat naturel. Vous pouvez observer ces animaux dans de grands enclos où ils peuvent se nourrir à leur guise.
Le Parc Animalier de Maubeuge participe à la conservation du patrimoine biologique menacé dans le cadre de programmes d’élevages européens. Il est aussi amené à reproduire de nombreuses espèces en voie de disparition.
Les anciens remparts sont visibles un peu partout au sein du parc zoologique, ce qui confère à cet endroit un charme unique.
Les animaux venant du même continent sont regroupés par région dans le zoo, ce qui vous permet de voyager autour du monde en quelques heures, une excursion aussi agréable qu’accessible.
Lorsque je me suis rendue au zoo de Maubeuge, la chaleur était écrasante et de nombreux animaux cherchaient l’ombre…
Les plus heureux étaient évidemment les hippopotames !
Depuis 2016, le zoo accueille une volière à immersion de 1000 m2 qui accueille une trentaine d’oiseaux, parmi des ibis sacrés, cigognes blanches, grues couronnées, pélicans frisés…
Il est possible de monter au sommet des remparts jusqu’à la “zone contact”, où sont installés des guanacos (cousin du lama) que l’on peut approcher et caresser, et des oies de Magellan.
Une fois redescendu, on peut observer des zèbres et des watusi : pas de doute, nous sommes en Afrique.
Une fois votre tour du parc terminé, vous pouvez vous asseoir à la cafétéria pour vous désaltérer et profiter d’un pique-nique, d’une petite restauration (croque-monsieur, frites…) ou d’une glace ;)
À l’accueil se situe également une boutique et une aire de jeux attend les enfants.
Sur chaque entrée adulte, 20 centimes sont reversés à un fonds de conservation qui redistribue ensuite les sommes récoltées à des associations de sauvegarde et de protection des espèces animales.
Pour des raisons de sécurité, le zoo est interdit aux animaux de compagnies. Il est accessible aux PMR.
INFORMATIONS PRATIQUES
Adresse : Rue du Parc 59600 Maubeuge
Horaires : ouvert de fin mars à fin octobre, y compris les jours fériés en France et en Belgique.
Mars, avril, juin, septembre de 10h à 18h (fermeture des entrées à 16h30).
Juillet et août de 10h à 19h (fermeture des entrées à 17h30).
Octobre et novembre de 10h à 17h30 (fermeture des entrées à 16h)
Tarifs : 13,50€ / 12€ (senior, PMR, étudiant) / 8€ (enfant 3-16 ans) / gratuit (moins de 3 ans)
Les remparts de Maubeuge
Le zoo est installé au sein de la partie Ouest des remparts, mais d’où viennent ces fortifications ? Elles ont été conçues par Vauban, le célèbre ingénieur militaire du roi Louis XIV. Classées aux Monuments Historiques, elles représentent une partie importante du patrimoine de Maubeuge et de l’histoire de la fortification classique.
En 1679, le roi a chargé Vauban de faire de Maubeuge une place forte, à la fois offensive et défensive, le long de la frontière entre la France et ce qui était alors, non pas la Belgique, mais les Pays-Bas Espagnols. Jusqu’en 1685, Vauban a employé plus de 8000 hommes et près de 190 000m³ de maçonnerie pour dresser ces remparts.
En 1940, la majorité de la ville de Maubeuge a été détruite, mais les remparts ont échappé, pour la plupart, à la démolition. Ils sont devenus des espaces verts en plein cœur de la cité.
Les remparts nord et la porte de Mons
La Porte de Mons est une des portes historiques de la ville qui faisait partie de l’enceinte fortifiée. Dessinée par Jules Hardouin-Mansart, premier architecte du Roi, elle offre un exemple typique de l’architecture militaire du 17e siècle. Elle est souvent ouverte aux visites guidées qui expliquent son histoire et celle de la ville.
Construite en 1682 avec des matériaux locaux comme la pierre bleue, la brique et le grès, la Porte de Mons est la seule porte des remparts toujours debout aujourd’hui.
Elle a abrité un corps de garde et des logements pour la troupe, puis la police nationale. Elle accueille aujourd’hui l’Office du Tourisme Maubeuge Sambre Avesnois et la Maison Folie (qui accueille tout au long de l’année des expositions, des concerts et des conférences).
Sous la voûte, deux plaques rendent hommage aux défenseurs de Maubeuge : le Colonel Schouller en 1814 et le Général Fournier en 1914. La Porte de Mons a été classée Monument Historique en 1924.
La porte de Mons avait pour but de magnifier la puissance du “Roi soleil” (une manière de courtiser le souverain…). Dans son dos, un écu décoré de trois fleurs de lys (symbole de la royauté) est encadré par un trophée d’armes.
Une inscription en latin commémore la fin des travaux : “Louis le Grand, Roi très chrétien, triomphant des Belges, des Séquanes et des Germains, dans sa durable majesté, afin d’opposer la capitale du Hainaut un rempart proche et solide, a entouré cette ville de fortifications et d’ouvrages de défense. L’an du Christ 1685.”
Une fois la Porte de Mons passée, on peut se promener librement sur les remparts recouverts d’herbes (en prenant soin de ne pas s’approcher des bords).
Les points de vue sur la Porte de Mons, le pont dormant et le corps de garde est impressionnant.
Le système défensif est bien visible, avec ses chemins couverts, ses fossés et bastions, ses escaliers de service et ses cavaliers, ses demi-lunes, ses forts, ses parapets, glacis et contrescarpes…
Dans le petit musée du Corps de Garde, on découvre un plan-relief de Maubeuge (datant 1825) qui permet de se figurer le visage des remparts dans leur totalité, avant le démantèlement de ceux situés au sud de la ville. Le musée présente aussi des collections d’armes de la Manufacture de Maubeuge, des uniformes et des documents anciens.
En sortant des remparts, on parvient derrière la “demi-lune” de la porte de Mons, où a été installé un canon qui vise… l’avenue Jean Jaurès.
Cette balade au sein des remparts offre un joli moment de dépaysement, hors du temps, dans un cadre verdoyant.
Place Vauban, face à la porte de Mons, au sommet d’un haut socle de pierre, un soldat piétinant un canon ennemi brandit un fusil à baïonnette : le monument de la victoire de Wattignies. Ce grand monument commémore la bataille qui a eu lieu le 16 octobre 1793 dans le petit village de Wattignies, au sud de Maubeuge. Les troupes républicaines et révolutionnaires françaises, pourtant inférieures en nombre, ont mis en déroute l’armée impériale autrichienne.
Réalisé par le Valenciennois Léon Fagel, le monument a été inauguré en 1893 en présence du président de la République Sadi Carnot.
Derrière ce monument, on trouve un autre site commémoratif, celui-là aux soldats qui ont défendu la ville durant les deux guerres mondiales. En effet, Maubeuge, située à l’intersection des voies ferrées qui, venant de Bruxelles ou de Liège, convergent vers Paris – constituait un objectif stratégique majeur pour les Français comme pour les Allemands.
Au pied de ce mur est exposé un char Renault de 1917. Maubeuge a accueilli de 1929 à 1939 le 509e régiment de chars de combat, créé à la fin de la Première Guerre mondiale. C’est son insigne régimentaire que l’on voit représenté sur le mur commémoratif.
Dès les beaux jours, l’Office de tourisme vous propose des parcours guidés pour partir à la découverte des remparts de Maubeuge. N’hésitez pas à vous renseigner.
INFORMATIONS PRATIQUES
Adresse : place Vauban / rue de Fleurus 59600 Maubeuge
Horaires : 24h/24 et 7j/7
Les remparts Sud-Est et les étangs
Si vous cherchez un endroit encore plus bucolique, choisissez l’est de remparts, où vous pouvez voir certains des équipements militaires historiques de la ville, mais aussi profiter d’un espace vert en plein centre-ville.
Nous commençons notre balade dans les remparts, en face du théâtre du Manège, qui tient son nom de l’ancien manège à chevaux des militaires, au temps où la ville abritait encore une garnison.
Inauguré en 1983, ce lieu culturel offre aujourd’hui une programmation éclectique avec son célèbre festival “VIA” (cultures numériques) et le festival franco-belge “ITak” (spectacles vivants).
À peine parvenus en haut des escaliers, nous sommes plongés dans les herbes hautes et les arbres qui prennent leurs aises au-dessus des fortifications.
On a du mal à imaginer que l’on se tient au-dessus d’un ouvrage fortifié, tant la nature s’est installée. On est un peu seul au monde, au milieu des herbes hautes, des fleurs et des buissons.
Nous redescendons de l’autre côté de la rue Gustave Sculfort et de la place du pavillon, pour nous glisser dans un chemin sur la droite.
Longeons le skate park et continuons tout droit.
Nous passons à côté du Bastion de Falize et continuons toujours tout droit, en nous rapprochant de la Sambre.
Nous parvenons devant un muret et une étrange tour en forme d’obus. J’ai découvert que c’est un “batardeau” et sa “dame”, aménagés en 1866, une sorte de digue construite pour empêcher le passage des assaillants.
Les berges aménagées de la Sambre offrent de belles promenades à pied ou à vélo, mais j’ai choisi le côté prairie plutôt que le chemin de halage.
On croise ici de nombreux colverts et poules d’eau, des oies, peut-être un héron, mais aussi des grenouilles et des libellules parmi les iris des marais, les aulnes, saules, peupliers et autres frênes.
Le plus grand étang forme un angle droit, appelé “Vieille Sambre”, c’est l’ancien cours de la rivière canalisée par Vauban afin de défendre le côté sud-est de la ville.
Le plus petit étang jouxte ce qui subsiste de l’ouvrage défensif. Il a été créé lors de la canalisation de la Sambre en 1900 et porte le nom d’étang “Monier”, du nom d’un médecin qui termina les travaux de détournement du cours de la rivière.
“Les étangs Monier”, comme on les appelle, sont le rendez-vous idéal des pêcheurs et des promeneurs. Deux étangs, une faune et une flore diversifiées, le tout situé dans l’enceinte même des fortifications Vauban : un petit coin de paradis.
A la sortie des étangs, nous rejoignons le chemin de halage pour retourner vers le centre-ville.
Nous sommes parvenus au quai de Jemmapes. L’ancre qui se dresse en face de l’ancien Arsenal du 17e siècle (le bâtiment à gauche) est un hommage aux marins maubeugeois disparus.
INFORMATIONS PRATIQUES
Adresse : départ de la balade : 28 Rue Gustave Sculfort 59600 Maubeuge
Horaires : 24h/24 et 7j/7
Balade architecturale à Maubeuge
L’architecture de Maubeuge ? Mais qu’a-t-elle donc de singulier ou d’intéressant ?
Déjà, sa diversité : art déco, 19e, art nouveau, 17e, style moderne, il y en a pour tous les goûts.
En mai 1940, Maubeuge a été ravagée par les bombes allemandes. Il ne restait quasi rien des jolies maisons et des grands édifices du centre-ville.
Dès la fin de l’année 1944, le “ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme” a voulu reconstruire le plus rapidement les villes détruites. Le grand architecte moderne André Lurçat a été nommé “urbaniste et architecte en chef de la ville de Maubeuge”.
André Lurçat a donc dessiné le plan de reconstruction de Maubeuge et, entre 1946 et 1969, a suivi la réalisation d’immeubles (651 logements et 230 commerces), de maisons individuelles, de l’église Saint-Pierre et Saint-Paul, de l’école maternelle du Pont Allant et de la caisse de Sécurité sociale.
Lurçat a fait travailler 20 architectes avec lesquels il a défini les plans, le choix des matériaux et le mobilier urbain.
Cette photographie, prise entre 1946 et 1952, présente les immeubles “à loyer modéré” et les commerces situés sur l’avenue de la Gare :
Lorsque l’on voit ces immeubles aujourd’hui, on peut les trouver “moches”, trop carrés, trop gris, trop béton, trop nus… mais il faut se souvenir qu’à l’époque, ils représentaient le comble de la modernité et du confort : eau courante, plusieurs chambres, cuisine intégrée, larges fenêtres apportant de la lumière, balcon, commerces au pied des bâtiments, espaces extérieurs plantés d’arbres, grande cage d’escalier avec des marches en marbre, etc. Lurçat voulait créer une ville plus fonctionnelle, plus ouverte, plus lumineuse. La hauteur des bâtiments est ainsi limitée à un rez-de-chaussée et à trois étages maximum.
D’ailleurs, Lurçat n’a pas décidé seul du projet : dès son arrivée en avril 1945, il a créé un comité local d’urbanisme où les habitants de Maubeuge donnaient leur avis et participaient à la reconstruction. Il a obtenu le classement aux monuments historiques de l’enceinte fortifiée de Vauban, ce qui lui a permis de créer un espace vert au cœur de la ville.
Rue de Valmy, il a construit avec Henri Lafitte l’église Saint-Pierre-Saint-Paul (1955-1958), grand édifice de béton brut ajouré par des pavés de verre.
Installé sur le point le plus haut de Maubeuge, son clocher, constitué d’un fronton en brique de verre, culmine à 43 mètres.
Cette église vous parait trop carrée et trop grise, elle aussi ? Il faut savoir que, influencé par le communisme et estimant que le christianisme devait disparaître à la fin du siècle, Lurçat a conçu l’église comme provisoire et pouvant être convertie en salle de conférences une fois le christianisme éteint. Cette église unique en son genre a fait couler beaucoup d’encre, aux vues des controverses qu’elle a pu rencontrer.
Mais la ville de Maubeuge, comme je vous le disais, ça n’est pas uniquement des immeubles de style moderne…
Le lycée catholique Notre Dame de Grâce, rue de la Croix, est logé dans un grand édifice : l’ancien Chapitre des Chanoinesses de Sainte Aldegonde, construit au 17e siècle. Ces religieuses faisaient partie d’un groupe monastique de dames issues de la noblesse, rattachée à l’église collégiale de Sainte-Aldegonde.
A quelques mètres du lycée, “l’école primaire de jeunes filles” (qui a été intégrée à Notre-Dame-de-Grâce) présente sur son pignon une jolie mosaïque de Jean-Paul Lafitte, datée de 1913. Pour l’anecdote, Lafitte, qui a formé le peintre Jean Lurçat, frère d’André, est décédé un an plus tard dans les tranchées.
En jetant un œil à la cour, vous pouvez admirer les poutrelles de fonte décorées, d’inspiration art nouveau, dessinée par l’architecte Jean Lafitte, père de Jean-Paul.
Elles représentent des figures animales et végétales : lézards, oiseaux, branches d’arbre, escargots, fleurs, chenilles…
Quelques dizaines de mètres plus loin, sur le même trottoir, se dresse un bel hôtel particulier en brique et pierre.
Là où la rue de Croix devient la rue Gustave Sculfort, un café présente une façade de style Art déco des années 1930 collée sur un immeuble plus classique (sans doute une reconstruction).
Nous parvenons dans un quartier où nous allons trouver plusieurs maisons fort anciennes.
Au début de la rue Sculfort se dresse l’un des plus vieux bâtiments de la ville, de briques à base de pierres bleues : le béguinage des Cantuaines. Cet édifice du 16ème siècle a accueilli des femmes de la bourgeoisie “déchues”, puis “dans le besoin”, jusqu’en 1960. Située non loin du Théâtre du Manège, la bâtisse reçoit actuellement des artistes en résidence.
Derrière le Manège se situait autrefois le Pavillon, édifié en 1713, où logeaient les officiers de l’armée. Le rez-de-chaussée accueillait cantine, cuisine, corps de garde, salle de réunion, bureau de mobilisation et service d’intendance. Il est aujourd’hui le siège de l’Agglomération Maubeuge Val de Sambre.
Le couvent des religieuses de Saint-Agustin, surnommées “sœurs noires” en raison de la couleur de leurs vêtements, fut fondé en 1455 derrière l’ancienne place du Marché aux Herbes. La chapelle des Sœurs Noires date, elle, du 17e siècle. De style baroque, elle est classée aux Monuments Historiques. Elle est aujourd’hui devenue le siège de l’Université du Temps Libre.
Non loin de la chapelle des Soeurs Noires se dresse un statut du dieu grec Apollon, protecteur des arts et de la musique. Cette œuvre du Tourangeau François Sicart, datant de 1930, appartient au musée d’Orsay. Elle a été prêtée à la ville en 1956… et y est resté.
Construit en 1874, le kiosque de la place Verte est un kiosque à concert. Il permettait aux Maubeugeois d’écouter de la musique sur la place publique et de se rencontrer lors du concert dominical. Le plafond, en bois, procure une excellente caisse de résonance. Ce kiosque peut accueillir 65 musiciens.
Place René Hamoir, l’église du quartier “Sous-le-Bois” (appelée aussi Notre-Dame du Tilleul) rappelle le développement de ce faubourg ouvrier au 19e siècle. Dans les années 1840, les premiers hauts-fourneaux ont été installés entre la Sambre et le Flamenne, et de grands patrons industriels ont fait construire cette église avec l’idée de lutter contre l’influence néfaste des estaminets…
De l’extérieur, seule la couleur rouge “pétante” attire l’attention. Mais, si vous la trouvez ouverte, entrez dans l’église : Notre-Dame du Tilleul est le seul édifice religieux à charpente métallique dans la région.
Créée en 1864, elle possède des colonnes et des arcs de fonte aux motifs végétaux d’une grande finesse, conçus par l’ingénieur belge Vogel qui s’est appuyé sur le savoir-faire sidérurgique local.
Des écoles de style Art déco, de garçons et de filles, entourent l’église. Sur leur façade, on peut voir les armoiries de la ville.
Sur le fronton de l’école des garçons, deux groupes de petits garçons qui discutent, béret vissé sur le crâne.
J’ai aussi remarqué, non loin de l’église, une belle maison du 19e siècle avec une tour dont la tête est cerclée de céramique.
Le moulin Tablette se remarque à peine sur le boulevard Pasteur. Cette tour de brique construite en 1799 était auparavant située sur une petite hauteur à l’extérieur des remparts. Elle a été démontée en 1994-1995 et reconstruite là où elle se situe maintenant. Le moulin Tablette est le seul en Europe à posséder une ossature en poutre de bois qui soutient tout le bâtiment.
En face de ce moulin se dressent plusieurs bâtiments de style Art Déco.
On retrouve d’autres édifices de style Art déco/Art moderne aux alentours de la place Vauban et des remparts nord.
Les rues Casimir Fournier et de l’Esplanade, font partie des rares endroits ayant échappé aux bombardements du 16 mai 1940.
Au début de la route de Mons se situe le conservatoire de musique et de danse Marie-Alexandre Cuenin.
Plus loin, toujours sur la route de Mons, la salle des fêtes du faubourg de Mons est typiquement Art déco.
Au départ de la Porte de Mons, l’application “baladavesnois” vous propose une découverte de “Maubeuge à travers les siècles“, une boucle de 3,5km qui permet de découvrir le centre-ville de Maubeuge et son histoire.
Le cimetière du centre
Le cimetière de Maubeuge, comme tous les cimetières, raconte l’histoire de la ville. Il est divisé entre des parcelles “civiles”, plantées de belles chapelles, et des carrés militaires. Située non loin de la frontière belge et considérée comme un carrefour de transport, Maubeuge a en effet subi les invasions allemandes en 1914 et 1940, puis les occupations.
Le premier carré militaire accueille les tombes de soldats décédés durant la Grande Guerre, et principalement entre fin août et début septembre 1914. Face aux assauts allemands, les Français, soldats comme officiers, ont jeté toutes leurs forces dans la bataille pour les empêcher de passer. En vain.
Le sergent-major Hubert Bruyelle est décédé à Marpent (à l’est de Maubeuge), à l’âge de 30 ans, le 1er septembre 1914. Camille Demaret, sous-brigadier des Douanes de forteresses, est décédé le 5 septembre 1914 à Bersillies (au nord de Maubeuge), à l’âge de 42 ans.
Le lieutenant et ingénieur François-André Scott de Martinville, originaire de Paris, a été tué devant Maubeuge à l’âge de 37 ans, le 7 septembre 1914. Son père, Edouard Léon, inventeur du Phonautographe, a été le premier homme à enregistrer une voix humaine.
Le commandant Eugène Fourmont est tombé la veille, à l’âge de 53 ans. Il s’était élancé avec ses troupes, un fusil à la main, sur les batteries de mitrailleuses allemandes qui avaient pris position sur Elesmes, entre Maubeuge et la frontière belge.
Norbert Molle, sapeur-pompier, est décédé de ses blessures le 6 septembre 1914, à 41 ans.
Non loin de lui sont enterrés un père et son fils : l’infirmier Eugène Rose, mort en mars 1901, et le pilote Yvon Rose, décédé lorsque son avion de l’escadrille BR 510 s’est écrasé au retour d’une mission en Serbie, en mars 1918.
Cette tombe représentant deux jeunes mendiants près d’un mur brisé porte l’inscription : “Soulager l’infortune ici-bas, c’est se rapprocher de Dieu là-haut.”
Cette petite chapelle a été érigée par S.J Becquet en l’honneur de “la Sainte Famille” en 1773.
On trouve également dans le cimetière la tombe pyramidale du notaire, député et sénateur Antoine-Philibert Marchant, qui fut président du Conseil général du Nord de 1852 à son décès en 1859. Contrairement à ce que laisserait penser l’espèce d’armoirie au bas de la pyramide, il n’était pas noble, mais il était chevalier de la Légion d’honneur.
Un second carré militaire, franco-britannique, accueille de nombreuses autres tombes, principalement de la Première Guerre mondiale. Le “cimetière communal du centre ” a été utilisé par les Allemands durant le conflit : il contenait à l’Armistice les tombes des soldats allemands et de prisonniers. Un hôpital ayant été créé dans la ville après l’Armistice, ce cimetière a été utilisé jusqu’en mars 1919 pour inhumer les soldats décédés des suites de leurs blessures ou de maladie.
Le soldat australien John Henry Watson et le sapeur britannique Thomas Dwyer sont tous les deux décédés après l’Armistice, le premier d’une broncho-pneumonie (peut-être la grippe espagnole), le second accidentellement.
Sergei Tapolya, de “l’Armée impériale russe” est décédé le 30 octobre 1918. La Russie communiste avait cessé les combats contre l’Allemagne en décembre 1917. Sergei avait sans doute été fait prisonnier et jamais libéré.
Le chauffeur indien Lachhman, de l’artillerie royale, est décédé accidentellement le 10 décembre 1918.
Les soldats néo-zélandais Robert Northam (38 ans) et John Reid (35 ans) sont morts le même jour, le 5 novembre 1918, durant la libération de Le Quesnoy, mais ont été enterrés à Maubeuge.
Mohamet Rebout et Appolinaire Piette sont tous les deux décédés après la fin du conflit, en 1919. Appolinaire accidentellement à l’âge de 37 ans, alors qu’il partait en permission.
Abdel Kader Sahari, comme Mohamet Rebout, est décédé le 10 mars 1919. Le génie était chargé de l’entretien mécanique et des ouvrages fortifiés, il est donc possible qu’ils soient morts accidentellement. Tran Nan Khann était un ouvrier militaire originaire de Cochinchine (une colonie française située dans le sud du Viêt Nam), il est sans doute décédé de maladie.
Le cimetière loge également les tombes de soldats et résistants tombés durant le Second conflit mondial. Maubeuge a de nouveau subi de durs combats en mai 1940, lors de l’invasion du pays, puis a été occupé durant toute la guerre.
Le capitaine Pierre Gilbert, qui faisait partie du 511e bataillon de chars de combat, est mort dans la province de Namur le 15 mai 1940, à l’âge de 38 ans.
Originaire de Maubeuge, l’artilleur Georges Pierchon est décédé à Bray-Dunes le 9 juin 1940, à l’âge de 44 ans.
Le capitaine Paul Gilquin est décédé le 20 mai 1940 à Maubeuge à 34 ans, et le commandant Louis Gilquin, sans doute son père, est décédé le 26 septembre 1915 dans la Marne, à l’âge de 45 ans.
Le 26 mars 1944, Douglas Laidlaw, 22 ans, pilote britannique, et Augustin Drummond, 27 ans, mitrailleur australien, sont décédés lorsque leur bombardier Lancaster a été abattu par un chasseur, de nuit, au-dessus de Beaumont, en Belgique.
Pierre Rous, caporal-chef de la section 181 d’hygiène, lavage et désinfection, est décédé à Maubeuge le 15 mai 1940, à l’âge de 21 ans.
Le tirailleur marocain Abdelkader Ben Ghali est décédé le 20 mai 1940, à l’âge de 27 ans.
Les résistants FFI Paul Demoustier et Raymond Duchateau ont été tués lors des combats pour la Libération de la ville, le 3 septembre 1944. Paul avait 21 ans et Raymond, 35 ans.
“Ici repose le corps d’honorable homme Jean-Philippe-Joseph Poulliaude de Thiery, écuyer, né le 4 février 1730, échevin de la ville de Cambrai, conseiller du roi au conseil souverain d’Artois, conseiller du roi, mayeur héréditaire de la ville de Maubeuge, prévôt des terres et principauté de Barbençon, prévôt de La Longueville, membre des États du Hainaut, avocat en Parlement, décédé le 22 juin 1825.” Excusez du peu !
Encore un carré militaire, cette fois-ci de soldats roumains, alliés des Français, qui sont morts en captivité.
En dehors des remparts, Maubeuge offre d’autres espaces naturels qui raviront les amateurs de promenade.
Le parc de la Flamenne
Le site de la Flamenne (du nom d’une rivière affluent de la Sambre) a été créé en 2019 à la suite d’un chantier nature participatif organisé par la Communauté d’agglomération et la ville.
Accessible depuis l’arrière du collège Vauban, le site de presque 17 ha propose une longue promenade sur sentier durant laquelle vous pouvez contempler les différents espaces naturels : des prairies, des zones humides, un verger, des mares et de nombreuses zones herbeuses…
INFORMATIONS PRATIQUES
Adresse : 87 Rue de sous le Bois (nord) ou 157 rue de la Flamenne (sud) 59600 Maubeuge
Le parc du Tilleul
Le parc du Tilleul se situe en centre-ville, dans le quartier historique de Sous-le-Bois.
C’est un jardin public qui offre un moment détente au sein d’un espace arboré, doté de sentiers, d’espaces de jeux et de mobiliers urbains.
INFORMATIONS PRATIQUES
Adresse : accès tout au bout de l’impasse Fiévet 59600 Maubeuge
Le musée Henri Boëz
Terminons notre découverte de Maubeuge par un aperçu de son avenir… (les photos proviennent de la page Facebook du musée Boëz).
Depuis quelques années, la ville de Maubeuge cherche à faire renaître son musée d’art et d’histoire, le musée Henri Boëz, qui compte plus d’un millier d’objets parmi ses collections, de la peinture à la sculpture en passant par la céramique et l’archéologie. Ce musée devrait s’installer au sein des anciens locaux de la CPAM et de la CAF, bâtiment érigé par André Lurçat au moment de la Reconstruction.
En attendant cette réouverture prochaine, le musée partage aujourd’hui, non loin de la salle Sthrau, un aperçu de ses collections, qui permet d’en savoir plus sur l’histoire et les projets du musée, et de redécouvrir une centaine de ses œuvres.
À terme, le musée Henri Boëz devrait exposer sa très belle collection de peintures (Renaissance flamande, art des Salons du 19e siècle, artistes régionaux des 19e et 20e siècles…), sculptures, dessins, estampes, arts décoratifs, mais aussi ses collections archéologiques et ethnographiques.
J’ai hâte !
INFORMATIONS PRATIQUES :
Adresse : 3, rue Georges Paillot 59600 Maubeuge
Horaires : Du mardi au dimanche, de 14h à 18h
Tarifs : entrée gratuite
J’espère que cet article aura changé votre point de vue sur Maubeuge et vous aura donné des idées sur les choses à faire, quoi voir et quoi visiter à Maubeuge pour une journée ou un week-end !
Puisque vous êtes dans le coin : à environ 15 minutes en voiture de Maubeuge, le forum antique de Bavay est le plus grand forum romain découvert en France. Vous pouvez aussi, plus au sud, visiter le très beau Musverre de Sars-Poterie. Et vous pouvez aussi traverser la frontière pour remonter jusqu’à Mons et visiter, entre autres, la maison Losseau, perle Art Nouveau.
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C’est merveilleux de vous lire Emily
Vous trouvez du beau partout et savez le mettre en valeur et le partager
par vos textes documentés, super agréables à lire et vos photos éblouissantes
En parcourant vos articles je me sens déjà en escapade
tout en espérant en vivre quelques unes sur le terrain
tant vous en donnez l’envie
Bravo
Très bon weekend de Pâques
Martine
Holala ! Merci, Martine. Votre message me touche beaucoup. Très heureuse d’avoir pu vous faire voir Maubeuge sous un autre jour.
très joli reportage sur ma ville, je suis agréablement surpris
Maubeuge est une jolie ville qui gagne à être connue, je voulais vraiment la mettre en valeur :)
Très jolie reportage, qui montre les richesses cachés de maubeuge
Merci beaucoup !
Magnifique
Merci :)