La collégiale Saint Piat se dresse fièrement dans la charmante ville de Seclin, à quelques encablures de Lille, comme le témoin silencieux de siècles d’histoire. Datant du Moyen Âge, cette église est la plus ancienne de la métropole lilloise. Les visiteurs se laissent envoûter par la richesse des décors et la fusion des styles, du gothique à l’Art Déco.
Ne passez pas à côté de la discrète collégiale de Seclin. Les vitraux baignent l’intérieur d’une lumière colorée, la crypte révèle ses mystères, le clocher s’élève vers le ciel et le carillon ajoute une touche mélodique à cette expérience unique, plongeant les visiteurs dans un voyage à travers le temps et l’art.
L’histoire de la collégiale Saint Piat
De la première collégiale, de style roman, il ne reste que la crypte construite aux alentours du 10e siècle. Saint Éloi, évêque de Noyon et de Tournai, a fait élever une première église sur la tombe de Saint Piat, décapité en 287 à Seclin.
Classée au titre des Monuments historiques en 1920, la collégiale Saint Piat est située le long de l’ancienne route menant de Lille à Arras, aux limites des évêchés de Tournai et d’Arras.
Mais l’église actuelle est, comme souvent, un mélange de style. Elle a été remaniée au 13e siècle dans le style gothique, puis rénovée au 15e siècle. Une tour clocher a été ajoutée en 1531 et, enfin, l’intérieur de l’église a été réaménagé au 18e siècle.
Les Allemands ayant dynamité le clocher en 1918, il a fallu reconstruire une bonne partie de la collégiale à partir de la fin des années 1920. Lors de la Seconde Guerre mondiale, l’église a de nouveau été endommagée par des bombardements.
Quatre lutrins-panneaux ont été installés à l’extérieur aux 4 points cardinaux de la collégiale : chacun d’eux comporte des indications et illustrations concernant l’histoire de la collégiale Saint Piat.
L’intérieur de la collégiale Saint Piat
L’intérieur de l’église est riche et vous invite à lever les yeux, que ce soit pour admirer les vitraux, la chaire à prêcher, l’autel de marbre ou les différentes parties de l’architecture… jusqu’à la fameuse crypte de Saint Piat.
Les colonnes du transept, au centre de l’église, remontent ainsi à l’église romane. Les deux bas-côtés, reconstruits au 14e siècle suite à des incendies, ont le même style que la nef.
Si le tombeau de Saint Piat dans la crypte est vide, deux châsses et deux reliquaires contiennent des ossements attribués au saint. La chasse en bronze doré située près de la crypte date de 1853 et contient l’os frontal et un fémur.
Afin qu’il puisse être admiré plus facilement, un moulage de la pierre qui surplombe le tombeau de Saint Piat a été fait par le Centre archéologique de la Ville. Il est fixé sur le mur faisant face à l’autel de Saint Piat, érigé en 1880. La légende raconte que le saint a eu le haut du crâne tranché par un soldat et aurait marché avec son morceau de tête de Tournai à Seclin !
Les archéologues ont constaté que les architectes du 15e au 17e siècle ont réutilisé et recyclé beaucoup de pièces moyenâgeuses. On trouve aussi bien de la pierre bleue de Tournai, des grès roses de l’Ostrevant et des craies blanches du Mélantois.
Après la Première Guerre mondiale, les dommages de guerre ont permis la reconstruction de l’église. Mais si un nouveau buffet d’orgue a été installé en 1935 sur la tribune, construit par un ébéniste nordiste, l’orgue lui-même n’a pas été posé.
Comme la chaire à prêcher, le buffet d’orgue a été inspiré par l’Art Déco. On remarque six panneaux sculptés représentant des instruments de musiques (trompette, harpe, tambourin, lyre…).
Le chemin de croix, en plaque de bronze, date lui aussi des années 1930. Son style très moderne, presque “bande dessinée”, est très Art déco.
Les fonts baptismaux méritent l’attention : la cuve est ornée de six bas-reliefs en bronze. Réalisées en 1935 par le statuaire André Vermare, Grand Prix de Rome, ces fines sculptures ont toutes un rapport avec l’eau.
Le dynamitage du clocher par les Allemands en octobre 1918 avait détruit une grande partie de l’édifice, et bien sûr les vitraux. Ils furent recréés dans les années 1930, mais à nouveau détruits en grande partie en 1940 par les bombes.
À partir des années 1960, les vitraux ont été rénovés, partie par partie, jusqu’aux années 2020 par l’atelier Brouard, de Ronchin. Certains vitraux ont été totalement créés, d’autres – datant du 19e siècle – ont été restaurés.
Ainsi, en 2009, a eu lieu la restauration des vitraux du Chemin de Croix dans le collatéral nord.
Le déambulatoire date de la reconstruction, au 13e siècle. Il donne accès à treize chapelles. Ancienne salle capitulaire, la chapelle d’hiver, entre la sacristie et le transept sud, date du 14e siècle.
Dans la chapelle de Notre-Dame-de-la-Salette, on trouve un vitrail peint en trompe-l’œil vers 1880 : il est situé devant l’escalier qui mène vers les combles.
Les vitraux de la chapelle voisine, datant de la fin du 19e siècle, sont couverts de motifs géométriques colorés et affichent des scènes issues de la Bible (la cène, la croix…), mais aussi Louis XVI est dans sa prison du Temple et une scène militaire de la guerre de 1870.
Le chœur de l’édifice, modifié entre 1705 et 1725, est bien différent du reste de l’église. Il a été décoré dans le style de son époque, néoclassique. Il est situé juste au-dessus de la crypte de Saint Piat.
Le maître autel, lui baroque, date de 1763, mais le retable et le tabernacle de marbre blanc sont plus récents.
La crypte de Saint Piat
À droite du chœur, la crypte romane est accessible par un escalier.
Elle abrite le sarcophage (vide) du saint, qui date du 3e siècle. La lourde dalle de pierre bleue qui le recouvre, gravée à son effigie, est datée d’environ 1250.
Derrière le tombeau de Saint Piat, un puits a été creusé, dont l’eau bienfaisante était censée guérir les malades (le puits est à présent à sec).
Il s’agit de l’une des rares cryptes anciennes qui subsistent dans le Nord-Pas-de-Calais.
La crypte a été transformée aux 13e, 16e et 18e siècles. Des artisans et des pèlerins y ont laissé leurs noms gravés dans la pierre.
La montée au clocher et un air de carillon
Lors d’une visite guidée, vous pouvez monter dans le clocher de la collégiale jusqu’au carillon.
En levant les yeux, on réalise que toute l’architecture intérieure est en béton armé. En effet, le clocher de la Collégiale Saint Piat a été entièrement détruit par les Allemands en 1918. En s’écroulant, le clocher a détruit la façade et une grande partie du côté sud de la collégiale… La reconstruction a eu lieu dans les années 1920 et 1930, dans un style différent et avec des matériaux modernes.
Le carillon, inauguré en 1933, comporte 42 cloches. Construit en Angleterre, à Croydon, dans une fonderie réputée pour la justesse de ses cloches, il pèse au total 7,5 tonnes. C’est le seul carillon anglais de France, harmonisé au diapason de Big Ben !
Si les cloches sont anglaises, le mécanisme et la façon de jouer sont typiquement “flamands”.
Les ritournelles jouées par le carillon automatique tous les 1/4 d’heure sont : Le Petit Quinquin, Le Roi Dagobert, la Mandoline d’Oiseaux et J’ai du bon tabac. Actionné par un tambour cylindrique en acier, ce carillon automatique a été fabriqué en Belgique vers 1930.
Mais le carillon possède aussi un clavier manuel de 41 manettes et 20 pédales, dont le guide vous dévoilera le mécanisme. Ce carillon est dit clavier “Flamand” ou “à coups de poing”, car le carillonneur frappe sur les manettes pour jouer.
Pour finir la visite, il ravira vos oreilles lors d’un concert de carillon.
L’escalier de 156 marches qui mène au carillon est aussi étroit qu’il est raide : à réserver aux personnes “bien mobiles” et qui n’ont pas le vertige.
Visites guidées :
Visites avec les bénévoles de l’association La Sauvegarde, chaque mercredi après-midi, de 14 h à 17 h (sauf vacances scolaires ou grands froids).
L’office du tourisme propose également des visites de la collégiale. Les samedis, vous pouvez aussi participer à une montée au clocher avec un petit concert par Thomas Roelland, jeune carillonneur. Contactez l’Office de Tourisme de Seclin pour connaitre la prochaine date de visite guidée.
INFORMATIONS PRATIQUES
Adresse : Place du Général de Gaulle, 59113 Seclin
Horaires : la collégiale est ouverte les mercredis après-midi, tous les après-midi en juillet et août, et lors de certains événements (messe du dimanche, Journées du Patrimoine…)
Puisque vous êtes dans le coin, faites une belle balade le long du canal de Seclin ou dans la forêt de Phalempin. Et si vous aimez les belles églises, ne ratez pas Notre-Dame de la Treille à Lille ou la superbe église Saint-Joseph de Roubaix.
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