Coups de coeur

La caverne du Dragon sur le chemin des Dames

Envie d’une plongée fascinante dans l’histoire ? Découvrez le Chemin des Dames et la mystérieuse Caverne du Dragon ! Ce lieu chargé d’histoire, théâtre de batailles intenses pendant la Première Guerre mondiale, offre aujourd’hui une expérience unique aux visiteurs curieux. La Caverne du Dragon, ancien refuge souterrain transformé en musée, vous transportera dans l’univers des soldats de 14-18. Entre galeries creusées dans la roche et vestiges émouvants, préparez-vous à un voyage dans le temps aussi instructif que saisissant. Préparez-vous à explorer ce site exceptionnel qui allie nature, histoire et émotion.

La Caverne du Dragon, le chemin des Dames, de bien jolis noms pour des endroits qui ont connu tant de moments terribles… 350.000 hommes sont tombés ici durant la Grande Guerre. Le Chemin des Dames est une crête verdoyante qui a été, à de nombreuses reprises, le théâtre de batailles acharnées. Dès les premières hostilités de la Première Guerre mondiale, elle a constitué une ligne de front, parcourue d’affrontements dont le paroxysme a eu lieu lors de la terrible Offensive Nivelle, en avril 1917.

Partons à la découverte de ces lieux de mémoire bouleversants !

L’histoire de la Caverne du Dragon

Située sur le Chemin des Dames, dans le département de l’Aisne, la caverne a été un lieu stratégique lors de la Première Guerre mondiale et plus précisément lors de l’offensive Nivelle (avril-octobre 1917), pendant ce que l’on a appelé “la bataille des observatoires”. Sa position en rebord de plateau lui offrait un large panorama sur la vallée de l’Aisne.

Son nom lui a été donné par les Allemands, qui ont occupé la caverne durant le conflit : les étincelles des mitrailleuses qui sortaient des entrées de la caverne leur faisaient penser aux flammes sortant de la bouche d’un dragon.

A l’origine, la caverne était une carrière souterraine d’une superficie de 3 hectares, creusée au Moyen Âge dans le calcaire du plateau. Ses pierres ont notamment servi à la construction de l’abbaye de Vauclair. Ces “creutes”, que l’on retrouve en Somme comme dans l’Aisne (telle la Cité souterraine de Naours), ont été utilisées durant la Grande Guerre comme abris, postes de secours, poste défensif ou pour accueillir des états-majors.

Dès le début de la Grande Guerre, les troupes françaises ont pris possession de cette carrière humide située à 14 mètres de profondeur et qui leur a servi de cantonnement, de dortoir, de chapelle, de pharmacie, mais aussi pour stocker les munitions et la nourriture.

Mais la carrière est passée de mains en mains durant tout le long du conflit !
Les Allemands se sont emparés de la caverne en janvier 1915 après de très durs combats. Ils y ont amené l’électricité et le téléphone, et y ont creusé un puits. Ils ont surtout creusé un tunnel de 125 mètres de long pour faire arriver des renforts et des munitions.
En avril 1917, lors de l’assaut de l’offensive Nivelle, les Allemands ont pu prendre à revers des tirailleurs sénégalais en sortant de la Caverne du Dragon, arrêtant net leur offensive et causant de lourdes pertes. En juin, l’infanterie française est parvenue à reprendre la Caverne en utilisant des gaz asphyxiants et des lance-flammes, mais dès juillet, les troupes allemandes sont parvenues à remettre un pied dans la carrière. Les deux camps ont cohabité jusqu’en octobre-novembre 1917, période durant laquelle les Allemands se sont repliés.
Enfin, en mai 1918, les troupes françaises ont de nouveau été attaquées et ont dû se rendre, mais ont repris la Caverne après la retraite des Allemands en octobre 1918.

La caverne est inscrite aux monuments historiques depuis 2006.

Visiter la Caverne du Dragon

Lieu de mémoire et de pèlerinages dès les années 1920, la Caverne du Dragon a été transformée en musée en 1969 par le Souvenir Français. Géré depuis 1995 par le Département de l’Aisne, le site dispose depuis 2019 d’un Centre d’accueil du visiteur offrant outils d’interprétation, table numérique interactive et salle d’exposition, permettant de mieux comprendre l’histoire, la géographie et la mémoire du Chemin des Dames.

Surplombant la vallée, le bâtiment d’accueil est accroché au plateau bordant la route du Chemin des Dames. La terrasse et les immenses baies vitrées offrent au visiteur une vue imprenable sur la vallée de l’Aisne.

En arrivant sur la terrasse, vous découvrez l’œuvre de l’artiste Haïm Kern intitulée “Ils n’ont pas choisi leur sépulture”, installée ici depuis 2017. Créé pour le 80e anniversaire de l’armistice du 11 novembre 1918, la sculpture rend hommage aux milliers de combattants tombés sur le Chemin des Dames.

A l’entrée du Centre d’accueil se trouve un petit espace muséal qui retrace, grâce à une grande frise chronologique, des vidéos et des objets d’époque, l’histoire de la Première Guerre mondiale.

Près de l’entrée de la caverne, vous trouvez un espace de mémoire qui met en valeur l’archéologie du champ de bataille et le souvenir des combattants.

Des vitrines présentent de l’artisanat de tranchées et des objets ayant appartenus à des soldats, français comme allemands, passés par le Chemin des Dames.

Grâce à un écran tactile, vous pouvez aussi visionner les paroles de la chanson de Craonne (subversive et antimilitariste, chantée durant les mutineries de 1917) et l’écouter, mais aussi visionner le mémorial virtuel des soldats morts sur le Chemin des Dames, observer les objets découverts durant les fouilles et découvrir le parcourir de certaines soldats.

Descendons à présent dans la caverne par un grand escalier de béton. La lumière du jour disparaît progressivement à mesure que l’on s’approche… La fraîcheur du lieu se fait ressentir petit à petit, l’obscurité vous enveloppe, le silence s’impose.

Vous passez sous un grand dôme de béton. De chaque côté se dresse, de sable et de terre, la représentation saisissante des tranchées où les soldats attendaient l’ennemi.

Dans le couloir qui mène à la caverne proprement dite, quelques vitrines présentent des objets trouvés après les combats et de l’artisanat de tranchée, expliquant la vie des soldats durant la Grande Guerre.

Vous plongez enfin dans la pénombre des souterrains de la Première Guerre mondiale. L’endroit est sombre (attention où vous mettez les pieds). La guide balaie de sa lampe torche le sol ou les murs, le passé ressurgit.

Au fil des galeries souterraines où se croisent scènes de la vie quotidienne et hommages aux combattants, la Caverne du Dragon met en lumière les hommes, les lieux et les évènements.

La caverne, immense, sombre, poignante, a été aménagée avec des points lumineux, des grandes photographies, des vitrines, des objets de tous les jours ayant appartenus aux soldats…

Des photos d’époque, souvent présentées à l’endroit même où elles ont été prises, soulignent l’existence des soldats français ou allemands dans la Caverne.

Si les Français ont laissé quelques grafitti, ce sont les soldats allemands qui ont laissé le plus de traces (souvent des indications de direction ou d’utilisation des lieux).

Les lieux d’habitations des soldats et des officiers ont été recréés quasi à l’identique, en s’inspirant de photos prises dans la Caverne durant la guerre.

On suit un cheminement à travers les tunnels et les grands espaces creusés dans le calcaire.

Certains soldats, bien sûr, sont décédés dans la Caverne et l’on retrouve notamment des pierres tombales de soldats allemands morts en 1916.

La visite se termine par une mini exposition joliment mise en scène. Des objets ayant appartenus à des soldats : baïonnette, douilles d’obus décorées, boucle de ceinturon, masque à gaz, crucifix, briquet, boutons d’uniforme, encrier, boite d’allumettes…

La Caverne du Dragon se parcours uniquement en visite guidée. De 10h à 16h30, les départs ont lieu toutes les 30 à 45 minutes. La visite guidée de la caverne dure environ 1h15. La température ne dépasse par les 12°c, prévoyez votre “petite laine” 😉

Une fois remonté à la surface, vous pourrez sans doute découvrir une exposition temporaire consacrée à la vie des soldats. Lorsque je m’y suis rendue, étaient présentés des objets et des armes ayant appartenus à des soldats décédés dans le tunnel de Winterberg, situé sous le plateau de Californie à Craonne, à quelques kilomètres de là.

Le 4 mai 1917, un obus français a détruis l’entrée du tunnel. Les 250 soldats allemands enfermés à plus de 20 mètres sous terre sont quasiment tous décédés. Ce tunnel n’a été redécouvert qu’en janvier 2020 par une famille d’historiens amateurs.

Le musée propose des visites thématiques en sous-sol (trésors de la caverne, objets des soldats), mais aussi sur le champ de bataille, autour des ruines du village disparu de Craonne, du plateau de Californie, des ruines de l’abbaye de Vauclair ou celles du fort de La Malmaison. N’hésitez pas à jeter un oeil au site du chemin des Dames pour connaître les dates de visite.

Le Centre d’accueil possède une grande boutique où vous trouverez des livres, des DVD, des vêtements, des objets de souvenirs, des cartes postales, etc., sur le Chemin des Dames et la Grande Guerre en général.

Autour de la caverne

Plusieurs plaques et mémoriaux disséminés autour du musée rendent hommage aux divisions et régiments qui ont combattu sur le chemin des Dames.

En 2007, dans le cadre des commémorations du 90e anniversaire des batailles du Chemin des Dames, le sculpteur français Christian Lapie a édifié un groupe de sculptures nommé “la Constellation de la douleur”.

Ces neuf statues géantes en bois enduit de goudron se dressent sur le flanc de la colline où est construit le musée, en hommage aux 1400 tirailleurs tombés le 16 avril 1917. Ils étaient originaires de toutes les anciennes colonies d’Afrique-Occidentale française.
La “Constellation de la douleur” est l’unique œuvre d’art en France rendant hommage aux soldats d’Afrique subsaharienne morts au cours de la Première Guerre mondiale.

La tour d’observation du Chemin des Dames

Le Chemin des Dames est à présent la route départementale 18, qui chemine entre Laon, Soissons et Reims. Il a été le théâtre de plusieurs batailles meurtrières de la Première Guerre mondiale.

Son nom remonte au 18e siècle : Madame de Narbonne avait demandé qu’on améliore la route menant à son château de la Bove (près de Vauclair) en prévision des visites des “Dames de France”, Adelaïde et Victoire, deux des filles de Louis XV, dont Madame de Narbonne était la dame d’honneur.

La RD 18 traverse dix-huit villages dont sept ont été totalement ou partiellement détruits et classés en zone rouge (inconstructible et interdite) en 1923. Sur ces sept villages, deux ont été reconstruits sur un autre emplacement : Cerny-en-Laonnois et Craonne.

Craonne après la guerre…

A quelques kilomètres à l’est de la Caverne du Dragon, l’ancien village de Craonne était situé en zone rouge. En 1931, il a été recouvert par un arborétum offert par la Suède ainsi que par trois Jardins de la Paix (allemand, italien et marocain).
A l’emplacement de l’ancien village, on trouve à présent un circuit balisé de panneaux explicatifs permettant de retrouver les traces de l’ancien Craonne. (PS : Craonne se prononce “crâne”).

Le site, maintenu en l’état depuis la fin de la Première Guerre mondiale, est inscrit aux monuments historiques depuis 2003.

Des monuments ont été érigés le long de la route, au bord de l’arboretum.
“A nos morts” est le monument aux morts de l’ancien village, qui rend hommage aux soldats originaires de Craonne morts durant la Grande Guerre.

Le lieutenant Joseph-Adolphe Hirsch, du 2e Régiment du Génie, est tombé à Craonne le 5 mai 1917 à l’âge de 37 ans, mortellement blessé par l’explosion d’un obus. Sa famille a voulu qu’un petit monument soit érigé en sa mémoire au bord du Chemin des Dames (D18) dans l’ancien village détruit de Craonne.

De grands panneaux situés juste à côté des jardins de la paix (et du parking) racontent l’histoire de Craonne avant et après la guerre, les mutineries de 1917 et la “chanson de Craonne”.

Une tour observatoire a aussi été élevée en 2013 pour retrouver le point de vue des combattants. Elle domine le “plateau de Californie”, haut lieu stratégique de la guerre. On y accès par un chemin qui grimpe doucement vers le plateau.

On croise sur le chemin un bunker de béton érigé par les allemands.

La tour d’observation “du chemin des Dames” est entourée de plateaux informatifs qui replacent la tour dans son contexte historique et géographique. Vous pouvez aussi vous poser sur des tables et des bancs pour une pause bien méritée ou un pique-nique.

D’une hauteur de 20 mètres et librement accessible, la tour rappelle l’importance des points hauts durant la guerre.

A chaque étage, les affichages décrivent les spécificités naturelles des lieux, la faune et la flore, la géographie particulière et l’influence qu’elle a eu sur le conflit, les occupations successives du plateau et de la caverne, mais aussi la manière dont la tour a été construite et les matériaux utilisés.

Le tour donne aux visiteurs qui en font l’ascension un point de vue incomparable sur le village de Craonne en contrebas, mais également sur le Chemin des Dames et la plaine alentour.

Une fois redescendu, vous pouvez vous promener dans l’ancien village de Craonne, où les rues et les monuments disparus sont figurés par des panneaux. Le parcours est particulièrement émouvant.

Aujourd’hui, à l’emplacement de l’ancien village et au-dessus de nombreuses caves, l’Arboretum permet aux amateurs de botanique de découvrir une flore remarquable.

On y découvre 57 espèces. Notamment le séquoia géant ou le cèdre de l’Atlas, mais surtout des espèces plus communes comme l’érable sycomore, le noyer, le hêtre, le marronnier d’Inde, l’épicéa, ou encore le pin noir.

Le terrain vallonné, troué, rappelle l’extrême violence des combats qui ont eu lieu il y a plus d’un siècle. C’est un endroit poignant, à découvrir grâce aux panneaux d’interprétation et aux trois Jardins de la Paix qui le jalonnent.

Puisque vous êtes dans le coin, vous pouvez vous promener parmi les ruines de la belle Abbaye de Vauclair, juste à côté, mais aussi visiter les superbes églises Art Déco de Laonnois, ou passer un week-end à Laon.

Cet article vous a plu ? Gardez-le ou partagez-le.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.