Choc oculaire en vue ! L’église Saint Joseph est tout simplement sublime. Les murs peints, les vitraux, les autels, les voutes… Vous allez en prendre plein les mirettes ! Conçue entre 1876 et 1878, elle a été peinte à partir de 1891 et entièrement rénovée entre 2014 et 2021. L’église Saint Joseph de Roubaix est réellement un chef-d’œuvre, sans doute le plus beau témoignage connu d’artistes Flamands en France.
L’édifice est une construction discrète de briques et d’ardoises. Avec ses formes simples, l’église n’attire pas l’attention et passerait presque inaperçue parmi les maisons et les anciennes usines de son quartier industrieux de Roubaix.
C’est l’intérieur qui vaut le détour.

L’histoire de l’église Saint Joseph
L’église a été conçue entre 1876 et 1878 par l’architecte, décorateur et Baron belge Jean-Baptiste Bethune (également auteur du couvent des Clarisses de Roubaix et de l’Abbaye de Maredsous en Belgique).
Issu d’une famille de riches marchands originaire de Lille, catholique fervent, Béthune était le cofondateur de la Société de Saint-Luc, dont le but était de former des architectes dans l’esprit religieux de la tradition gothique médiévale. Il fut le chantre du style néo-gothique en Belgique et, de nos jours, les “écoles Saint Luc” existent toujours, formant des milliers d’étudiants aux métiers d’art.

En 1880, l’architecte roubaisien Dhooge ajouta un presbytère à l’église, qui devint un véritable complexe à partir de 1882 : on construisit la maison des vicaires, les salles de catéchisme et de chorale, de nouvelles salles pour les réunions des associations paroissiales et une école ménagère. En 1887, l’architecte roubaisien Ernest Thibeau ajouta, à gauche de l’entrée de l’église, une magnifique chapelle dédiée à Notre Dame de Lourdes et à droite, les fonts baptismaux. L’ensemble paroissial se compléta peu à peu avec des écoles, des cercles catholiques, des patronages, un bourloire, un théâtre et même un terrain de football rue de l’Union à Wattrelos…
Par contre, l’église Saint Joseph fut ouverte au culte sans aucun ornement intérieur. Il fallut attendre plus de 30 ans pour réaliser les décors ! Les vitraux furent posés dans les années 1880, entre autre par les ateliers du fils de Claudius Lavergne, grand vitrailliste parisien. Les décors peints furent commencés en 1891, en plusieurs campagnes, par le peintre hollandais Guillaume Beumens.

Mais pourquoi cette superbe église et ce grand complexe dans ce quartier de Roubaix ?
L’ouverture du canal de Roubaix en 1873 avait permis le développement de grandes usines textiles dans ce quartier nord. Modernes et performantes, elles attiraient la main d’œuvre venue des campagnes environnantes, mais aussi de la Belgique toute proche. Des structures d’aides sociales et des groupes religieux furent rapidement mis en place pour soutenir ces familles souvent déracinées. L’archevêché de Cambrai fit appel aux grands industriels du textile pour doter Roubaix d’une nouvelle église.
D’ailleurs, la dédicace de cette église n’a pas été choisie au hasard : Saint Joseph est à la fois patron des familles chrétiennes et patron des ouvriers.
L’église Saint Joseph de Roubaix est considérée comme le plus important et le plus beau témoignage connu de l’œuvre des Flamands en France. Elle est classée monument historique depuis 1993.
L’occasion de rappeler que Roubaix est labellisée Ville d’art et d’histoire 😉

Les vitraux de l’église Saint Joseph
Comme je vous le disais, les vitraux ont été posés bien des années après l’ouverture de l’église, en plusieurs campagnes qui se sont succédé. Ces vitraux ont tous été financés par des particuliers (souvent fortunés) désireux de célébrer un événement familial : baptême, communion, décès…
Ainsi, le chœur a sept hautes verrières dont trois vitraux peints représentant la sainte famille. Ils ont été offerts par la famille Lefebvre-Ducatteau (dont les 3 frères créèrent en 1851 avec Amédée Prouvost, un peignage mécanique qui devint un des plus importants au monde).

L’autre grand vitrail, représentant l’Agonie et la Passion du Christ, a été offert par Achille Wibaux, l’un des plus grands industriels du Nord de la France et chef de la plus ancienne firme roubaisienne vouée au coton, créée en 1810.

Les grands vitraux du transept, magnifiques, représentant le Rosaire, ont été créé par les ateliers belges Stallins et Jansens d’Anvers et ont reçu la médaille d’or lors de l’Exposition Universelle de Paris en 1889.

Les vitraux de la nef représentent, en partie basse, les douze apôtres, et en partie haute, les principaux saints français comme Saint Vincent de Paul ou Sainte Geneviève.



Les peintures murales de l’église Saint Joseph
Les 2600 m2 de peintures murales, figuratives ou à motif, ont été commencées vers 1891, elles-aussi par campagnes successives. Elles ont été réalisées en totalité et avec beaucoup d’élégance sur une durée de 30 ans par le peintre hollandais Guillaume Beumens.
Ces peintures sont faites pour enseigner aux fidèles la religion catholique et sont un chef-d’œuvre des arts décoratifs du XIXe siècle.


Dans le chœur, à droite, des personnages de l’ancien testament avec les quatre grands prophètes et à gauche, des personnages du Nouveau Testament avec les quatre évangélistes.

En dessous des fenêtres et sur tout le tour du sanctuaire, des anges portent des blasons symbolisant les vertus cardinales et des emblèmes des vertus de Saint Joseph : droiture, travail, pureté… Rappelons-nous que nous sommes dans une église pour les ouvriers, mais “payée” par les patrons d’usine.
Près de l’autel du Sacré Cœur, sur le mur de gauche, une peinture murale représente la communion.

Saint Anne est représentée autour de son autel, en patronne des mères chrétiennes, charitable et spirituelle.

Les impressionnantes peintures de la voûte du transept représentent une révélation de l’Apocalypse avec, au centre, l’Agneau entouré des quatre animaux représentant les quatre évangélistes et des 24 vieillards cité dans l’Apocalypse de Saint Jean.

Sur tout le tour de la nef principale, des bras du transept et au-dessus des ogives, est peinte “la multitude des anges” que Saint Jean ne pouvait compter.

Dans la nef centrale, au-dessus des chapiteaux des piliers, on remarque des écussons sur fond or, des emblèmes symboliques et les douze signes du zodiaque.

Guillaume Beumens a également peint et doré les trois autels de l’église Saint Joseph qui présentent chacun un thème particulier et ont été sculptés avec attention par Peteers d’Anvers.
Le maître autel est dédié à Saint Joseph. Il est en bois dans sa partie supérieure et en pierre dans sa partie inférieure.

C’est le célèbre architecte lillois Louis-Marie Cordonnier qui a offert les plans de l’autel consacré à Sainte Anne. Il est composé autour d’une représentation de Sainte Anne portant dans ses bras sa fille Marie, qui elle-même porte Jésus nouveau-né.
L’autel du Sacré Cœur représente au centre la Sainte Trinité. À droite, Monsieur le Curé Lesage, offre au Sacré Cœur de Jésus la maquette de l’église de Saint Joseph de Roubaix.

Les portes du cœur
Dans le chœur se trouvent quatre portes monumentales en chêne, sculptées de scènes symboliques en rapport avec les pièces où elles conduisent (Jésus parlant à des enfants pour la salle du catéchisme, par exemple).

Les stalles
Les stalles (rangées de sièges) du chœur sont en chêne et en cuir et sont ornées de blasons sur lesquels sont sculptées des fleurs de lis. Les sièges sont séparés par les statuts des principaux fondateurs des ordres monacaux.

La chaire de vérité
La chaire de vérité en chêne sculpté a été offerte en 1903 par les paroissiens au curé Lesage pour les 25 ans de sa présence dans la paroisse. La cuve est décorée de panneaux représentant Jésus au milieu des enfants, le sermon sur la montagne et Jésus au milieu des docteurs.

La tribune d’orgue de l’église Saint Joseph
La tribune de 1885 est, elle-aussi, un chef-d’œuvre de l’art néogothique. Ses lignes, ses ogives, sa balustrade, ses chanfreins enluminés sont magnifiquement ouvragés.


Notre Dame de l’Usine
Une particularité à remarquer dans cette église est la statue de “Notre Dame de l’Usine”.
La confrérie de Notre Dame de l’Usine symbolisait le mélange de la religion catholique et de l’industrie textile dans la métropole Lilloise au 19e siècle. Cet article du site de l’église Saint Joseph explique que l’industrialisation de Roubaix s’était effectuée de manière implacable. Les ouvriers venus de Belgique, déracinés, se sentaient abandonnés et malheureux. Le travail était épuisant, les patrons d’usine payaient mal et étaient exigeants (on travaillait même le dimanche). Les logements étaient trop exigus et insalubres…

Rapidement, des patrons catholiques prirent conscience que la situation ne pouvait durer. Ils créèrent des organisations chrétiennes dans les usines, mirent en place des caisses qui subventionnaient des œuvres économiques, choisirent de faire du dimanche un jour non travaillé et organisèrent des fêtes chrétiennes chômées.
En 1884 fut créée l’Association Catholique des patrons du Nord qui mirent en place des “Confréries de Notre-Dame de l’Usine”.
L’Office du Tourisme de Roubaix ainsi que les Compagnons de l’Église Saint Joseph de Roubaix organisent des visites guidées le samedi matin. N’hésitez pas à vous renseigner !
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Bonjour
Nous sommes un restaurant à roubaix
Nous recherchons des groupes afin de faire visiter les lieux touristique et y manger
Dés spécialité du nord
Hôtel de France