Coups de coeur

Le Centre de la Mine et du Chemin de Fer de Oignies

Entre Lens et Douai, au cœur de l’ancien bassin minier, le centre de la Mine et du Chemin de fer est aujourd’hui l’un des trésors préservés de l’ancienne fosse n°2 de Oignies. C’est un endroit incroyable que je vous propose de visiter, car ce centre vous raconte l’histoire de la mine et du chemin de fer, deux emblèmes de la région.

Oignies a longtemps été une capitale du charbon : c’est dans cette ville que l’on a découvert du charbon dans le Pas-de-Calais en 1842. Sur le territoire d’Oignies, deux compagnies minières ont exploité le charbon à partir de 1860, la Compagnie des mines d’Ostricourt, qui y exploitait la fosse no 2 et la Compagnie des mines de Dourges, pour sa fosse no 9.
C’est autour du carreau de Fosse n°2 que la Compagnie des mines d’Ostricourt a construit ses Grands Bureaux, siège de l’administration, et les importants Ateliers centraux pour l’entretien, la réparation ou la construction de toutes pièces métalliques, composants électriques, machines, matériels en usage au fond ou au jour, des installations industrielles de la compagnie.

À partir de 1937, la compagnie a décidé de faire de son puits no 2 son principal puits d’extraction et de vastes cités ont commencé à être bâties pour accueillir les mineurs et leurs familles. Après la guerre, la grande majorité des mines a été nationalisée et la fosse a été reprise par les Charbonnages de France en 1946.

Des lavoirs et usines ont été construits sur le carreau de fosse. Un téléphérique a été installé pour le transport du charbon vers le terril 115.

En 1976, la fosse no 2 a toutefois cessé son activité. Le puits no 2 est remblayé et la grande cheminée abattue en 1977, puis le chevalement en 1980. Les grands bureaux et les ateliers de la fosse ont été détruits en 2000 et 2003, la passerelle et la lampisterie en 2007.
Heureusement, en novembre 2009, le bâtiment de la machine d’extraction et la mine-image ont été classés aux monuments historiques. La fosse no 2, sa mine-image, les cités minières alentour et le terril 115 ont été classés au Patrimoine mondial de l’UNESCO en 2012.

Sont encore visibles de nos jours : les ateliers, le garage, le local des sauveteurs, la mine-image, les bains-douches, le bâtiment des transformateurs et la salle des machines, conservée avec la machine d’extraction à vapeur de plus de 500 tonnes (l’une des plus grosses d’Europe) restaurée par l’Association du Centre de la Mine et du Chemin de Fer.

Actuellement, le carreau de la fosse 2 des mines de Oignies accueille 3 associations sur 43.000 m2, et donc 3 musées :

  • le Centre de la Mine et du Chemin de Fer
  • les Amis de la Mine
  • les Ambulants Postaux Ferroviaires

Le Centre de la mine et du chemin de fer

Le CMCF Oignies est une association qui vise à la préservation, la conservation et la mise en valeur du patrimoine ferroviaire de la Compagnie du Nord, devenue SNCF région Nord.

Dans les années 1990, le CMCF a réalisé des circuits animés, parcourus par des trains à toutes échelles. Si vous aimez les trains et les maquettes, vous allez être servi ! Mais même si les miniatures ne sont pas votre passion (c’est mon cas), vous serez bluffé.e par les reconstitutions minutieuses et le soin apporté au moindre détail.

Au rez-de-chaussée, le « réseau LGB  » mesure 32m2, avec 80 m de rail et un fonctionnement automatique.

Ce ne sont pas uniquement des maquettes et des dioramas créés pour le plaisir, mais aussi des saynètes qui font revivre des époques et des lieux spécifiques.

À l’étage, la plupart des « réseaux petites échelles » sont en réalité d’une taille imposante ! Celui-ci présente le « réseau zéro », il repose sur un plateau de 10m sur 3m.

Le suivant, représentant un barrage, une mine à ciel ouvert et de nombreuses lignes ferroviaires, est encore plus grand.

Une immense maquette représente la fosse n°2 et ses éléments disparus (chevalement, château d’eau, ateliers, etc.), mais aussi la vie dans les cités ouvrières, le terril et les spécificités de notre belle région (moulin de Flandre, ducasse, cheminée d’usine en brique, beffroi…).

Un simulateur de conduite de train de la SNCF permet aux visiteurs de se mettre dans la peau des conducteurs de TER et TGV actuels. Depuis ma visite, en 2021, les bénévoles de l’association ont récupéré un simulateur à l’école d’apprentissage des conducteurs d’Hellemmes, encore plus réaliste.

Dans le parc, un réseau de 700 mètres permet la circulation de petites locomotives à vapeur construites par les membres du club. Une équipe de bénévoles (la « section de la voie normale ») participe aussi à la restauration de matériels, des locomotives et voitures.

Le centre possède des locomotives diesel (années 1940 et 1950), électrique (années 1950 et 1960) et une locomotive à vapeur (une « Super-Pacific » de 1931). Vous pouvez aussi admirer des voitures voyageurs (des « voitures Transatlantiques » de 1931) et des wagons de marchandises.

Le musée de la mine et « la mine-image »

Suite à l’arrêt de l’extraction minière à Oignies, un groupe de mineurs retraités a créé l’association « Les Amis de la mine » qui anime aujourd’hui le musée. Classés au patrimoine mondial de l’UNESCO, la « mine-image » de la Fosse n° 2 et son musée forment un lieu chargé d’émotions et de souvenirs, offrant aux visiteurs une plongée dans l’histoire minière de la région.

Une mine image est une galerie de mines reconstituée en surface ou sous terre à faible profondeur pour servir de terrain d’apprentissage pour les futurs mineurs ou de lieu de formation sur les questions de sécurité. Celle de Oignies date de 1945. Elle faisait partie des centres d’apprentissage des Houillères avec des salles de cours et des salles de mécanique.

Le matériel ayant servi à l’exploitation minière est encore en état de marche et permet ainsi de se figurer le bruit ambiant de l’époque… qui devait être assourdissant !

Les « locotracteurs » (électrique ou diesel) amenaient les mineurs jusqu’à leur site de travail, sous terre, à des kilomètres de l’entrée du puits, mais transportaient aussi le matériel et le charbon.

C’est ici qu’a trouvé refuge la dernière berline de charbon remontée depuis la fosse 9 de Oignies, la toute dernière ayant fermé dans le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais. Elle a été signée par les derniers mineurs ayant travaillé ce jour-là, en décembre 1990.

Découvrez dans la salle d’exposition des photos, documents d’archives, maquettes et outils… qui retracent l’histoire de la mine, la vie des mineurs et la création de la « mine image ».

On trouve dans ce musée le bureau du télévigile, installation sauvée de la destruction par l’association et provenant de la Fosse 9 d’Oignies. C’est de là qu’on veillait à la sécurité des mineurs et à la bonne marche des installations du fond, en surveillant l’aération et la teneur en grisou, le pompage de l’eau, la marche des convoyeurs et des dessertes, le fonctionnement de la taille, etc.

Les différents matériels et équipements des mineurs sont présentés, suivant l’évolution des méthodes et des techniques d’exploitation.

Deux grandes maquettes présentent ainsi des « vues en coupe » de la mine, d’abord le chantier et le boisage d’une mine avant la Seconde Guerre mondiale, puis celui de la fosse du 9-9bis dans les années 1980.

Le musée décrit l’évolution du matériel des mineurs, mettant en parallèle les pioches et « casques » en cuir du 19e siècle avec les casques à lampe et marteaux-piqueurs des années 1950.

Dans la mine-image, les adolescents s’exerçaient à leur futur métier en apprenant les techniques de boisage, d’étayage, mais aussi à l’utilisation des nouvelles techniques de soutènement et d’extraction. À l’issue de leur formation, les élèves obtenaient un CAP et pouvaient ensuite devenir mineurs.

Vous y apprendrez tout sur les divers soutènements (bois, étançons métalliques, soutènements « marchants » pneumatiques), les machines d’abattage (rabots, haveuses), les convoyeurs blindés, les perforatrices, les berlines… et les règles de sécurité. Être mineur, ça n’était pas uniquement jouer du marteau-piqueur !

La Mine-image de la Fosse n°2 contribue à perpétuer la mémoire de tous ces hommes qui ont fait l’histoire du charbon dans notre région. 

Les ambulants postaux ferroviaires

L’association pour la conservation d’ambulants postaux ferroviaires (ACAPF) vous propose un détour dans sa dizaine de wagons postaux.

À l’intérieur des wagons est retracée toute l’histoire de ces trieurs de courrier qui travaillaient de nuit dans leurs voitures postales.

On y retrouve les outils, les cartes des lignes ferroviaires qui traversaient la France, des sacs postaux et des uniformes des services postaux du monde entier, des timbres à date…

Sur des étagères est alignée une collection de miniatures de plus de 500 wagons et véhicules postaux de tous les pays, mais aussi de transports variés (déménagements, commerces, ambulances, etc.)

Vous pouvez découvrir dans ces wagons la façon dont s’effectuait, jusqu’en 1995, le tri du courrier dans des wagons spécialisés en cours de trajet.

D’impressionnantes collections décrivant la mission de la Poste dans le monde entier vous sont présentées par des passionnés. Et, au-delà des collections permanentes, le musée organise aussi des expositions temporaires.

Les journées portes ouvertes

Lors de chaque journée portes ouvertes du Centre Denis Papin, vous pouvez profiter de la circulation de machines à vapeur et électrique sur le circuit de 700m, de la présentation des activités et des collections du CMCF, de maquettes à différentes échelles, de la visite du chantier de restauration d’une locomotive à vapeur de 1931, de la visite des wagons de l’Association pour la Conservation d’Ambulants Postaux et des galeries animées de la « mine image ».

La locomotive « Super Pacific », inscrite aux monuments historiques, a réalisé la première liaison Paris-Londres. Elle n’attend plus que vous !

Durant le festival d’été ou les JEP, le centre accueille également des associations qui mettent en valeur les sciences, les transports ferroviaires, la découverte et la mécanique, sous toutes leurs formes.

Les visites sont assurées par des bénévoles passionnés, tels d’anciens mineurs ayant travaillé sur ce même site il y a plusieurs dizaines d’années. Leurs anecdotes et témoignages sauront vous transporter à travers l’histoire industrielle de la région.

L’accès au parc autour du Centre Denis Papin se fait par un wagon postal qui est équipé de rampes pour personnes à mobilité réduite. L’accès au CMCF est au rez-de-chaussée du bâtiment et ne comporte aucune marche. Un ascenseur permet l’accès aux étages supérieurs.

Pour connaître les jours des événements et festivals, consultez l’agenda de l’association CMCF.

Si vous voulez visiter d’autres musées de la mine, vous pouvez vous rendre sur le site du 9-9bis de Oignies, au Centre historique minier de Lewarde ou au Musée de l’école et de la mine à Harnes. Vous pouvez aussi faire le tour du terril Sainte-Henriette à Dourges. Et puisque vous êtres entre Lens et Douai, pourquoi ne pas passer un week-end dans l’une de ces deux villes ?

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1 commentaire

  1. OMBROUCK Pierre a dit :

    Un grand bravo à tous les amis qui, sur le site de l’ancienne fosse 2 de Oignies, perpétuent le souvenir que représentent le matériel minier de jour comme de fond et le matériel SNCF, tout en leur assurant bénévolement la restauration et l’entretien.

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