Coups de coeur

Le terril Sainte Henriette de Dourges

Le terril Sainte Henriette est fortement emblématique, il représente en quelque sorte la porte d’entrée symbolique du Bassin minier depuis l’autoroute du Nord, à la croisée de l’A1 et de l’A21. Le site est aussi un oasis de nature où les fleurs s’épanouissent de milles couleurs, invitant à la promenade.

Le terril Sainte Henriette, le n°87, est haut de 100m. Il doit son nom à Henriette De Clercq, propriétaire du château d’Oignies, à l’origine de la découverte du charbon dans le Pas-de-Calais, sur ses terres, en juin 1842. Dix ans plus tard, Henriette de Clercq a fondé la Compagnie des mines de Dourges et obtenu les droits officiels d’exploitation. La fosse 2 des mines de Dourges, dite Sainte Henriette, est entrée en activité en 1856.

Si Henriette de Clercq a utilisé sa fortune et les revenus de l’exploitation minière pour devenir la “bienfaitrice” de Oignies et de ses habitants, le surnom de “Sainte Henriette” donné au terril vient en réalité d’une tradition usuelle. Les propriétaires des mines avaient pris l’habitude de donner leur prénom (ou celui des membres de leur famille) aux terrils, aux fosses, aux cités minières et à leurs églises…

L’exploitation du terril en 1954

Cette masse noire a été édifiée après son voisin le terril 92, sur des terres agricoles entre deux zones urbanisées et à l’intersection de deux voies ferrées. Le terril a été alimentée après la Seconde Guerre mondiale par le lavoir central d’Hénin et la Fosse 2-2bis des Mines de Dourges. L’exploitation a cessé en 1970.

Ce terril possède encore quelques éléments de la rampe de chargement, partiellement visible : deux blocs de béton matérialisent la base du dispositif.

Balade sur le terril

La nature des terril (du schiste et un peu de charbon), leur couleur sombre et leur taille attirent la chaleur (les terrils affichent en moyenne 5°C de plus que leur environnement immédiat), ils sont donc un lieu d’accueil pour des espèces dites “pionnières” ou “xéro-thermophiles” (recherchant des milieux particulièrement secs et chauds). Ces deux particularités ont permis l’apparition d’une biodiversité tout à fait singulière aux terrils du bassin minier.

Le terril de Sainte-Henriette se différencie des autres terrils coniques par une crête et une bosse laissées par un glissement de schistes survenu à l’est du terril, vers 1960.

Le terril Sainte Henriette est particulièrement pointu, aussi n’est-il pas accessible. Lors de ma visite (une “visite guidée nature” organisée par la formidable association CPIE Chaîne des terrils), nous avons donc contourné ce grand cône sombre pour nous rendre sur le sommet plat de son voisin, le terril n°92, qui offre un paysage similaire.

Le guide nous a rappelé que, depuis l’inscription du Bassin minier au patrimoine mondial en 2012, le terril Sainte Henriette figure sur la liste des sites UNESCO !

Le terril conique et son voisin plat sont entourés d’une zone de pelouses qui accueillent plusieurs espèces de plantes dites “patrimoniales” dont la Canche caryophyllée et la Canche printanière, l’Œillet prolifère et l’Astragale à feuilles de réglisse.

Des mares temporaires sont présentes autour du terril conique et attirent les batraciens comme les insectes (le gros Crapaud calamite, le Conocéphale gracieux et le Grillon d’Italie).

Nous partons sur le sentier de droite pour effectuer l’ascension du terril. Le chemin – pas trop raide – grimpe en escargot, jusqu’au sommet.

Sur les pentes du terril, vous croisez de très jolis Pavots-cornus jaunes, du Galéopsis à feuilles étroites, du Micropyre délicat et de l’Oseille ronde.

C’est en grimpant sur les flancs du terril n°92 que l’on comprend pourquoi il est impossible de manquer le terril Sainte-Henriette quand on arrive dans le Pas-de-Calais. Au bord de l’autoroute A1 et de la voie du TGV Nord, il est visible à plus de 10 kilomètres à la ronde.

Durant la promenade, nous croisons à plusieurs reprises de la “pierre feuilletée” qui s’effrite en plaques fines : du schiste rouge. Selon wikipedia, “Les schistes tirés des terrils houillers existent en deux types : les rouges (résultant d’une cuisson à l’intérieur de terrils entrés spontanément en combustion) et les noirs (à l’état naturel, plus friables et plus gras)”.

Arrivés au sommet du terril, on a une vue panoramique sur les environs. Vous pouvez contempler l’un des panoramas le plus urbain de Bassin Minier : routes, autoroutes, voies ferrées, lignes à haute tension, ligne ferroviaire à grande vitesse…

On peut s’amuser à identifier des points de repères : clochers, beffrois, industries, voies de communication et terrils voisins. On aperçoit par exemple les terrils jumeaux de Loos-en-Gohelle.

Nous redescendons enfin pour repasser entre les deux terrils, toujours les pieds sur la terre sombre.

N’hésitez pas à visiter l’agenda de l’association CPIE Chaîne des terrils pour savoir si une visite guidée est prévue dans les mois à venir.

Vous pouvez rejoindre le terril en bus, via le réseau TADAO : la ligne B1, en direction de Noyelles-Godault – Europe ou, dans l’autre sens, de Lievin – Université, passe par l’arrêt Jules Verne – Henin Beaumont (boulevard Léonce Lemaître). Vous pouvez aussi accéder au terril Sainte Henriette en vélo par la boucle 25 de la “chaine des parcs” ou le circuit INTERREG 5, au départ de la gare TER de Dourges.
Si vous venez en voiture, vous pouvez vous garer sur l‘un des parkings de la zone commerciale de Noyelle-Godault, près de la rue Emile Zola.

Les terrils 87 et 92 font partis d’un ensemble classés à l’UNESCO, tout comme la Cité Bruno de Dourges. Si vous aimez vous promener dans les anciens sites miniers, parcourez le superbe parc des îles ou le très joli lagunage d’Harnes (où vous pouvez aussi visiter un musée de l’école et de la mine) ou visitez le Centre de la mine et du chemin de fer de Oignies.

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