Située à 1h d’Amiens et environ 2h de Paris ou Lille, Rue est une petite ville charmante lovée aux portes de la Baie de Somme. Capitale historique du Marquenterre, Rue a beaucoup à offrir aux visiteurs avec son beffroi, la chapelle du Saint-Esprit ou le musée des frères Caudron. Située à 8 km du Crotoy, Rue possède bien des richesses à découvrir.
Le mot picard « ru » signifie « petit ruisseau ». Tout comme Montreuil-sur-Mer, Rue a été jusqu’au 14e siècle un port de mer. Il jouissait d’une grande prospérité grâce au commerce de vin et de sel, mais s’est finalement ensablé. À partir du 15e siècle, la ville a profité de ses terres gagnées sur la mer pour s’agrandir et ériger des fortifications.
Les habitants ont également construit de superbes édifices, tels que la chapelle du Saint-Esprit, celle de l’Hospice et le beffroi, au point qu’entre les 15e et 17e siècles, Rue a été une terre de pèlerinage et une place militarisée.
Il ne reste presque plus rien des remparts qui ont été détruits dès le 17e siècle, avec le rattachement du nord du pays au royaume de France, puis durant les troubles révolutionnaires.
Au 19e et 20e siècle, la ville de Rue a connu un nouvel essor grâce aux deux sucreries de betterave et à l’usine d’aviation des frères Caudron.
D’avril à septembre, l’office du tourisme propose une visite guidée « Découverte du Patrimoine Ruen » du mardi au vendredi à 10h. Un guide vous présente durant 1h30 le beffroi, la chapelle du Saint-Esprit et le musée des frères Caudron. Pour le moment, la chapelle de l’Hospice est en travaux.
La chapelle du Saint-Esprit
Une légende raconte qu’en l’an 1101, un habitant de Rue trouva un grand crucifix dans une barque échouée sur la grève. Elle aurait engendré des miracles qui attirèrent foules et pèlerins, nécessitant la construction d’une chapelle au 14e siècle.
Parmi ces pèlerins qui vinrent chercher la protection du Saint-Esprit à Rue, rien de moins que les comtes de Ponthieu, Philippe le Bon (duc de Bourgogne), Isabeau du Portugal (troisième femme du duc), Louis XI, Charles VIII, François 1er, Louis XIII et Richelieu !
La construction s’est déroulée en deux étapes : la première portant sur la chapelle basse au 14e siècle, rehaussée au début du 15e siècle par une décoration flamboyante ; la seconde entre 1506 et 1514 pour le narthex, la salle du trésor et la chapelle haute.
Site important de l’architecture flamboyante en Picardie, son style la rapproche de grands bâtiments, telles l’abbatiale de Saint-Riquier ou l’église collégiale Saint-Wulfran d’Abbeville.
En savoir plus sur la magnifique chapelle du Saint-Esprit.
INFORMATIONS PRATIQUES
Adresse : place Anatole Gosselin 80120 Rue
Horaires : Le narthex (l’entrée) de la chapelle du Saint-Esprit se découvre en visite libre toute l’année du mardi au samedi, de 9h30 à 16h45.
Tarifs : gratuit pour le narthex.
La chapelle de l’Hospice
Plus petite et moins exubérante que la chapelle du Saint-Esprit, la chapelle de l’Hospice jouait toutefois un rôle important dans le pèlerinage du crucifix miraculeux.
La première chapelle fut édifiée au 12e siècle pour accueillir les pèlerins pauvres et malades, mais fut détruite lors de la guerre de Cent Ans. Elle ne fut reconstruite qu’au 16e siècle par la Confrérie de Saint-Jacques de Compostelle.
De style gothique plus simple que la chapelle du Saint-Esprit, la chapelle de l’Hospice impressionne par sa magnifique voûte en carène de bateau renversée.
Deux autels en bois peint, à décor de fleurs et d’oiseaux, sont dédiés à la Vierge et à Saint-Joseph. Peut-être ont-ils été créés par les frères Duthoit à la fin du 18e siècle.
Sur les poutres en bois, vous distinguez des scènes de chasse (avec chien, sanglier, cerf), des animaux (escargots, oiseaux, singes…), des inscriptions et les symboles du chemin de Saint-Jacques de Compostelle (coquillage, sac et bâton). Sur la poutre de gloire dans la nef, on peut lire l’inscription : « En l’an quinze cent et sept fut fait ce chœur et l’an quinze cent douze fut cette nef faite ».
À la Révolution, la chapelle fut transformée en grange, mais heureusement, un faux plafond protégea les poutres et la voûte en carène.
Un petit panneau en bois peint représentant la cène porte une date (1641) et une inscription en latin, a priori ajoutée en 1769, citant Saint Mathieu.
Le chœur ne fut voûté qu’en 1755, date figurant sur une des clefs de voûte. L’autel, les boiseries et les stalles datent du début du 18e siècle.
La façade a été reconstruite à la fin du 19e siècle dans un style néo-flamand.
La chapelle jouxte l’Hospice, conçu au 18e siècle en pierres blanches et briques.
INFORMATIONS PRATIQUES
Adresse : 3 place du Général Leclerc 80120 Rue
Horaires : la chapelle se visite uniquement lors de visites guidées.
Le beffroi de Rue
À partir du 12e siècle et de la découverte du « crucifix », les habitants de Rue s’enrichirent grâce aux pèlerins et aux commerces, au point qu’en 1210, les bourgeois décidèrent de s’affranchir de l’autorité seigneuriale en achetant leur liberté communale. Après qu’elle leur a été accordée par le comte Jean-de-Ponthieu et transcrite dans une charte, ils construisirent un beffroi en bois, symbole de leur indépendance.
La ville s’administrait elle-même par le biais d’un conseil échevinal (justice, taxes et impôts) logé à la base du beffroi.
Détruit pendant la guerre de Cent Ans, le beffroi fut reconstruit au 15e siècle en pierre calcaire.
Pour accéder au chemin de ronde, haut d’une vingtaine de mètres, il faut emprunter un escalier composé de 75 marches étroites. De là-haut, on découvre de vastes paysages, de la baie de Somme à la forêt de Crécy.
Au 19e siècle, on créa un campanile, un clocheton et quatre tourelles qui modifièrent totalement le style du beffroi. Une fois sur le chemin de ronde, on réalise que la pierre tendre de ces éléments a été gravée de noms par les gardes et les visiteurs, dès le 19e siècle.
À la même époque, deux ailes de style néogothique ont été construites pour satisfaire aux besoins de la commune. La mairie y a été logée jusqu’en 1969. Au bas du beffroi, on peut admirer une maquette du premier beffroi en bois, quelques panneaux explicatifs et des objets recréés comme au Moyen Âge.
Le beffroi, inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2005, se découvre uniquement lors des visites guidées proposées par le Service du Patrimoine.
INFORMATIONS PRATIQUES
Adresse : 15, place du Général Leclerc 80120 Rue
Horaires : ascension accompagnée du beffroi (durée : 45 min) de mi-avril à mi-septembre, du mardi au vendredi à 15h. Inscription obligatoire au 03 22 25 69 94.
Tarif : 3€/pers (règlement espèces ou chèques) – Gratuit pour les -12 ans.
Visite « Découverte du Patrimoine Ruen » (durée 1h30) de mi-avril à mi-septembre, du mardi au vendredi à 10h. Inscription obligatoire au 03 22 25 69 94.
Tarif : 6€/pers (règlement espèces ou chèques) – Gratuit pour les -12 ans.
La Découverte du Patrimoine Ruen comporte :
– l’ascension accompagnée du beffroi (76 marches)
– la visite commentée de la Chapelle du Saint-Esprit
– la visite libre du musée des Frères Caudron
L’Église Saint-Wulphy
L’ancienne église Saint-Wulphy datait du 12e siècle et était de style roman. Son clocher, avec ses 44 mètres de hauteur, était le point d’amer des navires de la côte Picarde. Mais elle a été ravagée par une violente tempête en 1798.
La nouvelle église, construite entre 1828 et 1833 sur le même emplacement, est de style néoclassique. On le comprend immédiatement en voyant la façade construite en pierres blanches ainsi que les deux colonnes rondes, surmontées d’un fronton.
Le maître-autel est surmonté d’une « gloire » entourant une vierge sculptée. Les murs de la nef sont ornés de boiseries, de tableaux représentant des scènes religieuses et de statues de saints.
L’église abrite un mobilier riche et varié, dont quelques éléments de l’ancienne église, et notamment de très belles boiseries.
L’entrée de la nef est surmontée d’une tribune où est installé un orgue construit en 1895.
L’église a de nouveau subi les affres de la nature en 2017, lorsqu’un orage de grêles a saccagé toitures, encadrement de fenêtres et vitraux. Une campagne de restauration jusqu’en 2020 a permis la remise en état des murs, des plafonds, des vitraux, des boiseries et des peintures murales.
Malheureusement, un morceau de plafond s’est détaché en juin 2022, imposant une nouvelle fermeture du bâtiment.
INFORMATIONS PRATIQUES
Adresse : 3 Rue Ernest Dumont 80120 Rue
Horaires : L’église est fermée jusqu’à nouvel ordre. Mais, d’habitude, elle est ouverte tous les jours de 10h à 17h. La messe se déroule tous les dimanches matin (sauf exception) à 11h.
Le musée de l’aviation des frères Caudron
La visite de Rue ne serait pas complète sans un arrêt au musée des frères Caudron, à l’intérieur de l’office de tourisme, situé en face de la chapelle du Saint-Esprit. Ce petit musée gagnerait à être connu, car les frères Caudron sont des pionniers de l’aviation française !
Regroupant de nombreux documents personnels, bronzes, trophées, maquettes et photographies offerts par la famille Caudron, ce musée raconte l’évolution en trente années de cette fantastique aventure industrielle.
Lorsqu’en 1909, Louis Blériot s’apprêta à traverser la Manche, les deux frères, natifs du Canton de Rue et passionnés de mécaniques, décidèrent de se lancer dans ce qui était à l’époque une incroyable aventure, un défi formidable : fabriquer des avions et les faire voler.
Après avoir étudié l’histoire des inventeurs des premiers avions (Otto Lilienthal en Allemagne et les frères Wright aux États-Unis), Gaston et René Caudron conçurent un premier modèle, un planeur tracté par une jument. Après divers essais, échecs et réussites, ils réussirent leur premier vol en mai 1909. Dès le mois suivant, les deux frères construisent un modèle plus petit avec un moteur, qu’ils firent voler.
En cinq ans, ils réalisèrent plusieurs modèles différents, les améliorèrent, et devinrent des « avionneurs » reconnus. En 1913, René Caudron présenta le « G.2 » au roi d’Espagne et au Président Poincaré.
Les années suivantes permirent aux frères Caudron de créer une usine d’aviation à Rue et une école de pilotage au Crotoy (une civile et une militaire). Ils équipèrent l’armée française en avions, formèrent d’innombrables pilotes venus du monde entier et fondèrent des écoles d’aviation dans tout « l’Empire » français.
Leurs écoles d’aviation formèrent également des femmes et/ou certaines d’entre elles volèrent sur des « avions Caudron ». Elles sont, et c’est assez rare pour le souligner, mises en valeur dans ce musée.
Parmi elles, Bessie Coleman, première pilote noire américaine formée à l’école du Crotoy en 1921, se lança dans une carrière de vols acrobatiques. Et Adrienne Bolland franchit en avril 1921 la cordillère des Andes, de l’Argentine au Chili.
Entre 1909 et 1939, les frères Caudron construisirent plus de 10 330 avions et formèrent plus de 9 000 pilotes. Ils méritent une visite dans ce passionnant musée !
Si vous voulez en savoir plus sur l’épopée des frères Caudron, un site web leur est dédié.
INFORMATIONS PRATIQUES :
Adresse : office du tourisme de la ville, 10 Place Anatole Gosselin 80120 Rue
Horaires : de janvier à mars et d’octobre à décembre, du mardi au samedi de 9h30 à 12h30 et de 14h à 17h. D’avril à septembre, du mardi au samedi de 9h30 à 13h et de 14h à 18h, et les dimanches et jours fériés de 9h30 à 13h
Tarifs : 1,50€, gratuit pour les – de 12 ans.
Le parcours pédestre
Prenez votre temps et découvrez la jolie ville de Rue à pied grâce à un parcours historique de 2,5km « au temps des fortifications« , à travers les monuments et les événements qui ont marqué son histoire entre les 12e et 16e siècles.
Le long du parcours, onze panneaux d’information vous immergent au Moyen-Age et vous permettent d’imaginer la cité telle qu’elle existait, avec ses bastions, ses remparts, ses portes, sa place du commerce, ses congrégations, etc.
Rue est une petite ville charmante, à deux pas de la mer, souvent ignorée des circuits touristiques. Et c’est bien dommage, car, rien que pour la superbe chapelle du Saint-Esprit, elle vaut la peine de faire un petit détour ou de délaisser la Baie de Somme le temps d’une journée.
J’espère que cet article vous aura donné des idées sur les choses à faire, quoi voir et quoi visiter à Rue pour une journée ou un week-end.
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Merci beaucoup! Un article très intéressant sur cette charmante destination touristique aux portes de la Baie de Somme.
Merci beaucoup, Audrey.