Coups de coeur

Le beffroi de l’hôtel de ville de Lille

vue depuis le beffroi de l'hôtel de ville de Lille

Quand vous vous promenez à Lille, vous pouvez difficilement manquer le beffroi de l’hôtel de ville : c’est le plus haut d’Europe ! Mais attention à ne pas le confondre avec le beffroi de style néo-flamand de la Chambre de Commerce, à côté de l’Opéra. Le beffroi de l’hôtel de ville, classé monument historique et inscrit au Patrimoine Mondial de l’UNESCO, est accolé à l’édifice municipal, en briques rouges et en béton, fin et élancé, nettement plus moderne.
Vous pouvez monter jusqu’à son sommet et admirer une vue à 360 degrés sur toute la métropole lilloise et ses alentours.

Conçu par l’architecte Emile Dubuisson et bâti sous le mandat de Roger Salengro, l’hôtel de ville apparaît grandiose par l’ampleur de ses dimensions et l’ingéniosité de son plan. Son beffroi est une gigantesque flèche plantée sur son côté.

Histoire du beffroi de l’hôtel de ville de Lille

La ville avait auparavant été dotée d’un beffroi démoli en 1601, puis d’un autre démoli à son tour en 1856. Celui qui avait été construit peu après avait été détruit durant la Première Guerre mondiale.

Le beffroi de l’hôtel de ville que nous voyons aujourd’hui a été construit à partir de 1924, puis inauguré en 1932. Et pourquoi un nouvel hôtel de ville ? Parce que l’ancien, situé place Rihour, avait été détruit par un incendie le 23 avril 1916, durant la Grande Guerre.

Tous les bâtiments ont été conçus par l’architecte lillois Émile Dubuisson. Selon wikipedia, “De 1905 à 1935, il est professeur d’art décoratif à l’école des beaux-arts de Lille et professeur d’architecture à l’École régionale d’architecture de Lille. De 1940 à 1942, il prend la direction de l’école des beaux-arts de Lille. (Il) construit notamment des piscines municipales, des maisons particulières et des établissements de bains dans la région lilloise. Il est également chargé du plan d’aménagement et d’extension de Lille par Gustave Delory en 1921.

Le plan d’aménagement de Gustave Delory… Parlons-en, car il explique pourquoi ce nouvel hôtel de ville a été construit dans l’ancien quartier Saint-Sauveur, décentré par rapport au centre-ville de l’époque. Ce quartier était très ancien et insalubre, il était souvent considéré comme le plus misérable de Lille. Et durant la guerre, de nombreuses maisons avaient été détruites ou abîmées.
Le maire socialiste Gustave Delory (lui-même né à Saint-Sauveur) désirait donc le modifier complètement, démanteler ce qui restait de fortifications pour récupérer de l’espace, percer de larges avenues comme Haussmann l’avait fait à Paris, le moderniser, l’éclaircir, l’assainir, créer de l’habitat, des établissements scolaires, des équipements publics et des espaces verts… Le choix était également politique :construire le symbole du pouvoir municipal au plus près des populations défavorisées.

le beffroi de l'hôtel de ville de Lille

Le style du beffroi

Construit à partir du milieu des années 1920, l’hôtel de ville et son beffroi présentent logiquement les caractéristiques Art déco et néo-flamande que l’on retrouve dans de nombreux édifices de la région. Le beffroi est en brique rouge et non pas en pierre, mais en béton “façon pierre sculptée”. Grâce à la solidité du béton armé qui permet des prouesses techniques, le beffroi s’élève haut, très haut : 104 mètres de hauteur ! C’était le meilleur moyen d’affirmer la puissance politique et économique retrouvée de la capitale des Flandres.

art déco et élégance du beffroi de l'hôtel de ville de Lille

À la base du beffroi (par où l’on rentre pour la visite) se dressent les statues des deux géants fondateurs de la cité, Lydéric et Phinaert. Elles ne sont pas en béton moulé, mais ont été taillées directement dans le béton frais, une technique mise au point par Carlo Sarrabezolles, qui a taillé dans la masse du béton en prise, donc très rapidement, en partant du bas.

lydéric et phinaert au pied du beffroi de l'hôtel de ville, à Lille

La légende dit que le géant Phinaert assassina le prince de Dijon de passage dans la région avec son épouse enceinte, qui parvint à s’enfuir. Elle accoucha d’un garçon, Lydéric, qu’elle confia aux soins d’un ermite… Devenu adulte, Lydéric apprit la vérité sur son passé et retrouva Phinaert à la cour du roi Dagobert. Au terme d’un duel judiciaire, Lydéric tua le géant Phinaert et vengea ainsi ses parents.
Le rapport avec Lille ? Les terres de Phinaert revinrent à Lydéric, qui y fonda la cité de Lille.

L’hôtel de ville de Lille est le premier bâtiment en béton armé de cet ordre de grandeur qui fut construit en France. À l’intérieur, de grandes salles aux plafonds très hauts et de vastes espaces.

Visiter le beffroi de l’hôtel de ville

Après avoir réservé votre visite auprès de l’Office de Tourisme de Lille, vous montez quelques dizaines de marches avant de parvenir à l’ascenseur. À chaque palier, des “totems” imagés, des panneaux explicatifs et des textes projetés mettent en avant les particularités du beffroi : l’Art Déco, l’influence flamande, le quartier Saint-Sauveur, le panorama…

À la sortie de l’ascenseur, vous parvenez dans une salle aménagée qui vous donne une vue panoramique sur la ville. Les différents panneaux permettent de reconnaître les édifices au loin, mais aussi de comprendre le développement de la ville de Lille, de ses origines aux métamorphoses urbaines contemporaines.

Si vous n’êtes pas frileux (à 104 mètres de hauteur, le vent souffle !), grimpez quelques marches supplémentaires et sortez sur le belvédère. Pour des raisons de sécurité, des filets ont été tendus, mais ils ne vous empêcheront nullement de profiter de la vue. Vous découvrez à 360° Lille et ses environs, la vallée de la Lys, et même les Monts des Flandres par temps clair.

Les toits de l’hôtel de ville. De si haut, se rend d’autant mieux compte de l’étendue du bâtiment. Juste derrière, on aperçoit le square Ruault et l’ancien fort Saint-Sauveur datant du 17e siècle. Plus haut, tout à droite, le Conservatoire National des Arts et Métiers. Et à gauche des deux cheminées se dressent les bâtiments de l’Institut Pasteur de Lille.

La superbe porte de Paris est le dernier reliquat des fortifications qui entourèrent Lille jusqu’à la fin du 19e siècle. La porte devait être démolie avec les remparts, mais a finalement été sauvée. Elle a été réaménagée par l’architecte Louis-Marie Cordonnier, qui l’a complétée par une seconde façade côté ville en 1895.
En remontant, on parvient jusqu’au parc Jean-Baptise Lebas (celui avec les grilles rouges ;))

vu sur la porte de Paris depuis le beffroi de l'hôtel de ville de Lille

Le square Augustin Laurent a été planté d’arbres devant l’extension moderne de l’hôtel de ville. Au fond à gauche, on distingue les grandes tours vitrées du quartier d’Euralille et, sur la droite, l’originale église Saint-Sauveur de style néo-byzantin.
Les nombreux bâtiments modernes datent des années 1950 et 1960, deux décennies qui ont totalement métamorphosé le quartier Saint-Sauveur.

Les appartements modernes cacheraient presque le très bel hospice Gantois, rouge et jaune à gauche, édifié en 1462. Ancien hôpital tenu par des religieuses, il est devenu hôtel-restaurant en 2003. Au second plan, à droite, on aperçoit le clocher de l’église Saint-Maurice et, plus loin, le beffroi de la Chambre de commerce.

Vous pouvez redescendre par l’ascenseur ou par l’escalier. Je vous conseille le second choix, qui vous permettra de voir “les entrailles” en béton du beffroi.

l'intérieur du beffroi de l'hôtel de ville de lille

De plus, chaque palier est agrémenté de panneaux explicatifs sur l’histoire du beffroi et son style, les choix urbanistiques de Gustave Delory, l’histoire des Géants flamands, l’absence de cloche, le phare, l’horloge, etc.

Le Beffroi de l’Hôtel de Ville est visitable du mercredi au dimanche. Toutefois, l’ascenseur n’est abordable qu’après une volée de marches qui rendent inaccessible le beffroi aux personnes à mobilité réduite.

Autour du beffroi de l’hôtel de ville de Lille

Après la visite du beffroi, promenez-vous près de la porte de Paris et autour de l’hôtel de ville.

Au pied de l’hôtel de ville, vous ne pourrez rater l’imposant monument dédié à Gustave Delory et son successeur, Roger Salengro. Tous les deux socialistes et députés-maires de Lille, ils ont modifié la physionomie de la ville.
Décédé en 1925, Delory n’a pas eu l’occasion de voir le résultat de son programme, mais Salengro a perpétué sa politique de grands travaux et d’amélioration de la qualité de vie des Lillois, jusqu’à son décès en 1936. Le conseil municipal de l’époque a voté la construction d’un monument commémoratif à ces deux hommes qui avaient tant marqué la ville et la région.

Faites également le tour de l’hôtel de ville lui-même, ce qui vous permettra de distinguer tous ses détails Art Déco (brique en relief, béton moulé, utilisation de la faïence, géométrie, fer forgé en spirale…) et néo-flamand (les pignons en escalier ou “pas de moineaux”), et les fleurs de lys (symbole de Lille) disséminées un peu partout.

l'hôtel de ville art déco et néo flamand de Lille

Autour de la porte de Lille, plusieurs édifices anciens sont remarquables, mais j’apprécie particulièrement le visage sculpté et les formes végétales sous cette très originale fenêtre arquée en coin.

La porte de Paris vaut le détour… et le tour ;) Cet arc de triomphe a été érigé de 1685 à 1692 pour célébrer la prise de la ville par Louis XIV en 1667. Le sommet de l’Arc est couronné par deux anges, trompettes à la bouche, annonçant au monde entier la victoire du Roi Soleil…

la porte de Paris, à Lille

Le rond-point qui entoure la porte de Paris, et son joli jardin, ne datent que de la fin du 19e siècle.
De l’autre côté, cherchez le visage de femme qui porte une forteresse en diadème, symbolisant la citadelle de Lille.

INFORMATIONS PRATIQUES

Adresse : l’accès au beffroi se fait par la place Roger Salengro 59000 Lille
Horaires : du mercredi au dimanche de 10h à 13h et de 14h à 17h30, sur réservation préalable auprès de l’Office de tourisme.
Tarifs : 6€. Gratuit pour les enfants de moins de 6 ans et les premiers mercredi de chaque mois.
Accès : métro ligne 2, arrêt Mairie de Lille

Puisque vous êtes dans le coin : visitez le formidable musée de l’Institut Pasteur de Lille ou, s’il est ouvert, l’écomusée des écoles publiques.

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