Coups de coeur

Balade nature et patrimoine à Felleries, village des bois-jolis

Felleries est un petit village de l’Avesnois, situé non loin de la Belgique et en plein coeur du Parc naturel régional de l’Avesnois. Pendant plusieurs siècles, il a vécu de l’artisanat du bois, au point qu’un musée y a été créé pour en raconter l’histoire.

Au début du moyen-âge, Felleries n’était qu’une clairière défrichée où, déjà, les hommes travaillaient le bois. Le village a fait son apparition, autour d’une petite église, vers le début du 12e siècle.

Dès 1600, Felleries a développé un artisanat, puis une véritable industrie de la boissellerie (la fabrication des objets de la vie quotidienne en bois) aussi appelé localement bois-jolis. Jusqu’en 1850, l’arrondissement d’Avesnes étant couvert de bois et le village était niché au coeur de la forêt. Les habitants fabriquaient des sabots, des louches, des gobelets… Felleries est devenu le centre de cette fabrication, qui s’étendait sur plus de trente à quarante communes aux alentours. Les produits créés étaient vendus dans la région, mais aussi en Belgique et en Hollande.

Au 19e siècle, la naissance de l’industrie textile dans la région de Fourmies et l’amélioration des moyens de transport vers la Lille-Roubaix-Tourcoing, ont entraîné un développement fulgurant de l’activité. Felleries a fabriqué les bobines et des navettes pour leurs filatures. Plus de cinq millions par an étaient produites dans le village !

Si la principale industrie du village de Felleries était la boissellerie, il existait aussi dans le village au 19e siècle trois moulins à blé, une scierie de bois à vapeur, une brasserie-malterie, deux tanneries, une blanchisserie et deux briqueteries. Sur la “grande place” du village se dresse encore l’ancienne Brasserie-malterie Danhiez, ainsi que le kiosque à musique octogonal, avec ses colonnes en fonte et son garde-corps en fer forgé, qui date de 1929.

Le musée des Bois Jolis de Felleries

Le musée des Bois-Jolis retrace l’épopée de la boissellerie à Felleries à travers de nombreux objets d’antan comme la boîte à sel, à épices, les moules à beurre et à maroilles, mais aussi des jeux anciens comme les jeux de quilles.
Le musée loge dans un ancien moulin à eau qui existait déjà en 1466 et a été en partie reconstruit au 18e siècle. Il produisait de la farine. C’est le seul moulin de la région Nord-Pas-de-Calais possédant deux roues à augets (de 3 mètres de diamètre chacune).

Le musée a vu le jour en 1975, sous l’impulsion de passionnés qui ont créé une association pour restaurer le moulin. Vous pouvez profiter d’une visite guidée (je vous la recommande) durant laquelle l’histoire du village, le travail du bois, le mécanisme du moulin ou encore la fabrication de la farine vous sont tour à tour présentés.

L’animateur vous explique d’abord l’histoire de la boissellerie à Felleries et du tournage sur bois. La première pièce présente logiquement les différentes scies qui permettaient de couper les arbres : Felleries était ce que l’on appelle un “village clairière” bâti au milieu de la forêt.

On trouve dans le musée une grande diversité d’objets en bois et de la documentation photographique relatant la vie active du village autour de cet artisanat.

Des panneaux accrochés dans chacune des salles vous expliquent l’histoire du village et de la boissellerie.

La seconde salle met à l’honneur les fameux “bois jolis”, les objets de la vie quotidienne en bois tournés et décorés. Et les “artisans”boisseliers” savaient TOUT faire ! Couverts, bols, écuelles, égrugeoirs (un mortier), livrettes (pour mesurer le beurre), éclissons (moules à fromage), boîte à poivre, gobelets, pièges pour souris, robinets, pelles à remuer le grain, manches de faucille, sabots longs et classiques, ellettes pour filer le lin et la laine, bobines, fuseaux, rouets, cercles de tambours…

Les objets présentés étaient fabriqués à la main par des artisans et non usinés. Les salles d’exposition présentent notamment des quilles, des crosses et des “billons” (massue) de jeux traditionnels.

Il y a eu jusqu’à trente-cinq ateliers de boisseliers fabriquant des objets de la vie quotidienne, dont beaucoup sont présentés dans les vitrines.

En franchissant la troisième salle, vous découvrez l’évolution des “tours à bois”. Les premiers, petits, étaient utilisés par une personne, de plus grands étaient manœuvrés par trois personnes, puis est arrivé le tour à pédale où le tourneur était tout seul, et enfin le semi-automatique de 1920 avec lequel on utilisait des gabarits.

Tour à manivelle

Felleries fabriquait les bobines en bois, des navettes, des fuseaux à dentelles et des ailettes de rouets pour les filatures (du village jusqu’en Belgique), mais aussi des robinets pour les tonneaux des fabricants de produits chimiques.

A l’étage, l’animateur vous explique le fonctionnement du moulin. Il met en route les deux roues à augets, qui tournent grâce à l’eau de la rivière Belleuse, pour une démonstration de broyage des grains de blé.

Une petite maquette (en bois, ben sûr) permet de mieux comprendre le fonctionnement du moulin et des tournants, c’est à dire les deux meules dont chacune est actionnée par une roue.

Au départ, les roues étaient en chêne. Mais l’usure du temps a poussé l’association et la mairie à les remplacer. Elles ont été recréées à l’identique, mais en métal, en 2003, et mises en place la même année, ainsi qu’une paire de meules à farine en complet état de marche.

L’activité principale du moulin à eau était la fabrication de la farine. Vous pouvez donc descendre un escalier (un peu raide) pour rejoindre le sous-sol et découvrir la création, puis le cheminement de la farine.

Dans le sous-sol, on parle à nouveau de bois.
Chaque essence de bois présente différentes teintes, motifs et textures. Sur la photo, du bas vers le haut : avec écorce, sans écorce et travaillé/tourné. Les différences de couleurs, notamment, sont flagrantes.
L’animateur nous a expliqué que le chêne, connu pour sa solidité et sa longévité, est parfait pour les meubles. Le pin, plus tendre et moins cher, est souvent utilisé pour les éléments de décoration.

La différence de couleur est évidente avec la sciure, mais chaque bois possède aussi son odeur, plus ou moins forte, plus ou moins agréable, que l’on peut respirer dans de grands tubes.

La visite permet également de comprendre les évolutions techniques des tours à bois, d’abord manuels puis mécaniques. Elle se conclut par une démonstration de tournage sur bois. L’animateur fabrique devant nous un petit objet en bois sur un tour en une dizaine de minutes.

Le musée organise des “stages découverte” de tournage et de creusage sur bois, à partir de 16 ans. N’hésitez pas à vous renseigner.
Le musée participe aux “Journées du patrimoine de pays et des moulins”, vers la fin juin (entrée gratuite, mise en route du moulin) ainsi qu’à des fêtes et festivals dans l’Avesnois.

Promenade autour de Felleries

Felleries est entouré de paysages naturels propices à la randonnée. Deux sentiers de randonnée passent par Felleries : le Sentier des Moulins à eau et le Chemin de la Fache d’Ahant. “Promenade boisée et vallonnée, qui offre de belles vues sur la campagne de l’Avesnois et sur les méandres de l’Helpe majeure”. 

Je n’ai parcouru qu’un petit morceau du Circuit des Moulins à eau (balisage jaune), mais il était déjà fort agréable.

J’ai commencé ma promenade en passant à côté du Moulin des Bois Jolis, puis en longeant la Belleuse jusqu’à un petit portail.

L’intérêt de cette balade est la diversité des milieux traversés. Différents arbres (mélèzes, charmes têtards), une flore variée (ail des ours, orchidées, ombellifères blanches et leur cortège d’insectes, cirses, chardons…) et une faune locale (canards, hérons cendrés, aigrettes blanches, buses).

Nous allons être accompagnés tout au long de la promenade par des papillons et libellules multicolores… et les chants de nombreux oiseaux.

A la sortie du bois, nous tournons à droite. Le balisage jaune est bien visible et se suit facilement.

Le village est caractérisé par ses maisons traditionnelles et ses fermes typiques de la région. Certaines de ces larges maisons sont les anciens moulins, l’ancienne tannerie, etc.

Nous longeons à nouveau la rivière avant de retourner dans le village.

Felleries comprend quelques belles maisons en brique et pierre bleue d’Avesnes. Les façades les plus anciennes possèdent diverses “ancres” en fer forgé destinées à empêcher les 2 murs opposés de s’écarter.

Durant la balade, j’ai croisé cette jolie maison de 1894 digne d’un château avec sa tour pointue.

Mais l’Art déco s’est aussi insinué jusqu’à Felleries ! Le “Clair Logis” et “Mon rêve”, avec leur bow windows pointus et leur garde-corps en fer forgé à spirale, datent de 1931.

L’église Saint-Lambert de Felleries, reconstruite en 1755, a été érigée grâce aux deniers des habitants (une pierre au-dessus du portail en atteste). Incendiée durant la Grande Guerre, elle a perdu ses objets précieux (chaire, retable, maître autel…) provenant de l’abbaye de Liessies. L’église que nous voyons aujourd’hui a été bâtie en 1928.

Derrière l’église et sur la route vers Sémeries, le panorama vers le bocage avesnois est des plus typiques.

Si vous voulez faire le “Sentier des Moulins à eau” en entier, vous croiserez sans doute la jolie chapelle Sainte-Aldegonde de Flaumont-Waudrechies et son portail sculpté.

En ce qui me concerne, je suis retournée vers Felleries pour faire un pique-nique sur l’un des bancs de la place et déguster une morceau de tarte au Maroilles en admirant le kiosque et l’ancienne Brasserie-malterie Danhiez construite en 1852…

Fin avril, le village de Felleries organise une fête de la boissellerie durant laquelle vous pouvez visiter le musée gratuitement, parcourir un village des artisans, mais aussi assister à des démonstrations de tournages sur bois, chantournage, vannerie et ébénisterie, dans une ambiance festive. Durant toute une journée, le village se transforme en immense présentation des métiers du bois, sous toutes ses formes (avec balades en calèche, tours de manège, jeux traditionnels en bois et ateliers créatifs pour les enfants).

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