Niché dans un parc de 2 000 ha au cœur de la verdoyante région de l’Avesnois, cette majestueuse demeure de style Louis XIII vous fait voyager dans le temps et l’espace. En passant tout à tour par l’Allemagne, la Belgique et même Monaco, traversons les époques du 17ᵉ siècle à nos jours et découvrons l’histoire de l’illustre famille qui possède le château de Trélon depuis 450 ans.
Le château de Trélon que l’on peut voir aujourd’hui date du 17ᵉ siècle. Mais le premier bâtiment fut construit pour Nicolas d’Avesnes, seigneur de Condé, au 12ᵉ siècle. C’était une lourde forteresse entourée de remparts qui, de par sa situation géographique, eut à subir beaucoup de sièges et de destructions : Jean de Luxembourg en 1478, François 1er en 1543, Henri II en 1552, le vicomte de Turenne en 1637…

Le domaine devint propriété de la maison de Merode (une famille noble allemande) en 1577 par le mariage de Louise de Blois au baron Louis de Mérode. Si le petit-fils de celui-ci, Hermand-Philippe de Mérode, fut élevé au rang de marquis en 1625 par Philippe IV, roi d’Espagne, il garda ses titres et ses propriétés lorsque la région du Hainaut fut rattachée au royaume de France en 1678.
La forteresse, démolie vers la fin du 17ᵉ siècle, fut remplacée par un majestueux château construit en 1701, qui fut réaménagé en 1751 puis considérablement modifié entre 1853 et 1924 pour lui donner son visage actuel.

Philippe de Merode s’y installa en 1946 avec la volonté de restaurer le château, fortement endommagé durant la guerre, et son épouse Micheline de Gontaut-Biron l’occupa jusqu’à son décès à l’âge de 100 ans, en 2017.
C’est elle qui, en avril 2017, avait décidé d’ouvrir le château de Trélon au public.
Et il y a de quoi visiter ! Les siècles ont légué à la demeure une superbe collection de mobilier, de tapisseries, de porcelaines de Sèvres, d’horloges et de tableaux.
Mais avant d’entrer pour la visite guidée, n’hésitez pas à faire le tour de la bâtisse principale. La tour accueille la chapelle du château. Une statue en terre cuite représentant la Vierge y fut installée en 1878 par Werner de Merode. On peut lire sous les pieds de la statue la devise de la famille Merode : “Plus d’Honneur que d’Honneurs”, ce qui, selon le guide, signifie que les Merode préfère l’Honneur aux titres et aux distinctions.

Dans l’immense jardin du château sont plantés depuis le milieu du 19ᵉ siècle, deux séquoias venus des États-Unis.
Visite guidée du château de Trélon
La visite guidée (thématique ou non) est passionnante. On découvre quasiment toutes les pièces et comment on y vécut au siècle dernier : la chapelle, le salon de chasse, les chambres à coucher, la bibliothèque, la salle de billard, le vestibule, la petite et la grande salle à manger, etc.
Dans l’ancienne cuisine devenue lingerie s’empilent des dizaines de draps immaculés, mais on remarque surtout le téléphone. Si vous êtes fan de la série britannique “Downton Abbey”, vous connaissez les petites clochettes qui servaient à appeler les différents domestiques selon le besoin. La famille Merode était plus moderne car elle fit rapidement installer un téléphone interne au château de Trélon.

L’escalier du personnel est impressionnant… par le nombre de marches. La “domesticité” devait avoir de bonnes jambes pour monter et descendre constamment d’un étage à un autre !

La grande salle à manger marque principalement par ses quatre élégantes tapisseries du 17ᵉ siècle, inspirées des signes astrologiques. On reconnait rapidement le lion, il est plus difficile d’identifier les gémeaux ou le cancer.
C’est dans cette grande pièce que le propriétaire des lieux accueillait ses invités de marque pour le dîner.





La famille Merode a été liée à la plupart des cours européennes au fil de l’Histoire. Ils sont cousins ou aïeux des familles de Monaco, de la famille royale espagnole ou de la famille royale italienne.
Les premières traces des Merode remontent à 1050 dans la région de Rhénanie-Westphalie entre Cologne et Aix-la-Chapelle. Une partie de la famille est ensuite arrivée en Belgique et s’est installée au château de Westerloo (qui appartient toujours aux Merode).
Plusieurs membres de la famille Merode ont été sénateurs, Grand Maréchal de la Cour ou ambassadeur de Belgique.
Parmi les très nombreux descendants des Merode, on compte l’archiduc Lorenz d’Autriche-Este, prince de Belgique. L’une des petites-filles de Werner, Maria Victoria del Pozzo, a épousé le prince Amédée de Savoie, 1er duc d’Aoste, qui a été temporairement roi d’Espagne de 1870 à 1873.
À l’étage, les chambres des “maîtres de maison” sont vastes et lumineuses. Elles ont été réaménagées dans les années 1950 / 1960, mais ont gardé le charme désuet de leur mobilier.


Du grand luxe pour l’époque : la salle d’eau attenante à la chambre.



La chambre d’un domestique était certes plus simple et plus petite, mais elle était très confortable comparé aux habitats ruraux qui n’avaient pas la moindre commodité.

Sur les murs du grand salon sont accrochés des tableaux représentant le roi Philippe IV d’Espagne ou les princes et princesses de Merode des siècles passés.

Détail croustillant : ce paravent a été réalisé avec le tissu d’une magnifique robe de la grand-mère de la princesse Micheline qui l’avait portée lors d’une soirée avec Napoléon III. Rien ne se perd, tout se transforme.



Monseigneur Xavier de Merode fut archevêque et bras droit du pape Pie IX. Il mourut à Rome, dans les bras du pape lui-même. La jolie chapelle du château de Trélon conservent de nombreux souvenirs de cet homme, notamment un buste et des photographies.
Le vitrail représente quant à lui saint Matthias apparaissant… au baron Werner de Mérode (qui fit construire la chapelle, on n’est jamais mieux servit que par soi-même ;-)).

La “petite” salle à manger était utilisée par les Merode quand ils ne recevaient pas. On peut y observer, entre autre, les assiettes qui portent les armoiries de la famille.



Je veux la même bibliothèque ! Construite sur mesure par le menuisier qui s’est également occupé de la cuisine, des salles de bains, etc., elle couvre deux longs murs et contient des ouvrages anciens aux couvertures élimées. On a envie de s’asseoir dans l’un des fauteuils avec une tasse de thé pour parcourir quelques pages…

Le “petit” salon, qui n’a évidement rien de petit, accueille un tableau du peintre Louis-Joseph Watteau et, comme toute la demeure, de magnifiques sièges tapissés et fleuris.
C’est peut-être dans ce salon que naquit l’idée de supprimer l’impôt à Monaco. L’absence de tout impôt sur le revenu dans la principauté résulte en effet d’une ordonnance prise en 1869 par le Prince Charles III de Monaco… sur les conseils de son épouse la comtesse Antoinette de Merode.

Le joli cocon qu’était la chambre de Micheline de Merode est restée en l’état depuis son décès.

Les deux dernières tapisseries inspirées des signes astrologiques sont présentes dans le grand hall, éclairés par la lumière d’une grande verrière.

Félix de Merode (1791-1857) participa à la révolution, l’indépendance et la constitution du royaume de Belgique. Il refusa pourtant le trône qu’on lui proposait, ne s’en jugeant pas digne, et vota pour l’élection du prince Léopold de Saxe-Cobourg-Gotha comme premier roi des Belges. Mais pour le remercier, le roi belge Albert 1er éleva la maison de Merode au rang de prince de Belgique en 1928. Le buste de Félix figure en bonne place au bas du majestueux escalier qui mène aux étages.


Le château de Trélon a été inscrit à l’inventaire des monuments historiques en 1986.
Il est visitable principalement l’été, mais des visites thématiques (murder party, robes de princesse, vie des domestiques, soirée blanche…) sont organisés chaque année. Ce serait dommage de rater ça !
INFORMATIONS PRATIQUES
Adresse : 10 place de la Piquerie 59132 Trélon
Horaires : Visites guidées à 11h, 14h30 et 16h30.
Avril, mai et octobre : les samedis et dimanches.
Juin à septembre : du jeudi au lundi.
Tarifs : 8€, gratuit pour les moins de 12 ans.
Renseignements : https://www.chateaudetrelon.com/
Puisque vous êtes dans le coin :
– Visitez également l’atelier musée du verre de Trélon, la Maison Thénard de style Art déco (rue de la Liberté) et tentez de voir le couvent des Carmes fondé en 1625 par Philippe-Eugène de Merode.
– Juste à côté, ne ratez pas la Maison du bocage de Sains-du-Nord et le parc de l’ancienne abbaye de Liessies.
– A 10mn au sud la ville de Fourmies et son Musée du textile et de la vie sociale.
Et si vous aimez les châteaux ayant une histoire familiale, je vous conseille aussi le château de Bernicourt, à Roost-Warendin, près de Douai.
Cet article vous a plu ? Gardez-le ou partagez-le.



Bio pays Trelon où les gins sont jamais triste. la la l’alere
magnifique a visiter atout pris
Totalement d’accord ! 😉