Construit à Bondues après la guerre de 1870 pour moderniser le système de défense, le fort Lobau est l’un des six forts édifié autour de Lille pour défendre la capitale des Flandres. En forme de trapèze et entouré d’un large fossé, il pouvait accueillir 750 hommes et 40 pièces d’artillerie. Mais le fort servi uniquement pour l’entrainement, car il fut rapidement dépassé par les nouvelles techniques de combats inventées au même moment.
Il fut occupé par les Allemands dès le 13 octobre 1914.
En juin 1940, dans la région à nouveau occupée, il devint un dépôt de munitions pour l’armée allemande.
Mais le fort de Bondues ne fut pas qu’un entrepôt. De mars 1943 à mai 1944, 68 résistants furent fusillés dans les fossés du fort. Leurs tombes et le poteau d’exécution criblé de balles furent découverts le 3 septembre 1944, après la fuite des Allemands et la quasi-destruction du fort.
Le fort Lobau fut acheté par la commune de Bondues en 1962, qui créa un mémorial en 1965 afin de commémorer le souvenir des fusillés.
Le musée fut inauguré en septembre 1997, dans le but de faire connaître ce que fut la Résistance dans la région.
La première salle (Salle du souvenir) présente les 68 résistants fusillés, avec une liste émouvante de photos sous lesquelles sont indiqués l’âge et la profession de ces hommes, quand ceux-ci sont connus. Le plus jeune, Yvon Bouton, n’avait que 19 ans.
Ces hommes avaient des origines sociales et des métiers différents, appartenaient à des réseaux de résistance distincts et s’opposaient de manières variées aux Allemands, mais voulaient tous libérer leur région.
La salle suivante rappelle d’abord la longue et pénible occupation allemande de 1914-1918, avant de présenter les durs combats de mai/juin 1940, puis l’occupation du pays par les nazis et l’arbitraire du régime de Vichy.
On passe ensuite à la résistance proprement dite.
Dans leur majorité, les nordistes sont profondément opposés aux Allemands et au régime de Vichy. Mais comment résister dans une région à part, rattachée au gouvernement de Bruxelles, où l’occupant est partout et la répression féroce ? Les idées ne manquent pas : création de journaux clandestins (dont la Voix du Nord), distribution de tracts, sabotages des voies ferrées et des moyens de communication, renseignements transmis aux alliés pour qu’ils bombardent les entrepôts ou usines d’armement, mise en place de réseaux d’évasion pour les aviateurs anglais et les soldats évadés…
Le musée a, entre autres, reconstitué un intérieur d’époque avec l’incontournable TSF où l’on peut entendre un extrait de Radio Londres.
Les salles suivantes exposent les parcours et les liens de quelques résistants, qui permettent de comprendre la diversité de leurs motivations, puis décrivent leur arrestation, leur mort ou leur déportation. On comprend mieux les terribles dangers auxquels ils étaient exposés.
Le musée évoque également un épisode peu connu de l’occupation : la grève des mineurs de mai-juin 1941, qui conduisit à l’exécution de nombreux grévistes.
La diversité et la complexité des organisations de Résistance sont évidentes en regardant le panneau des Réseaux et Mouvements dans la région. “La” Résistance était multiple.
Les dernières salles sont les plus tragiques : arrestation, torture, conditions de détention, exécution ou déportation sont évoquées, notamment avec des souvenirs précieusement ramenés des camps.
En retournant sur vos pas, n’hésitez pas à sortir du musée pour jeter un œil à ce qui reste du Fort, et à avancer jusqu’à la “Cour Sacrée”, un mémorial où le peloton d’exécution menait sa triste besogne. Des plaques y sont vissées sur les murs, une pour chacun des fusillés.
En retournant vers la sortie, un détour par la petite salle audiovisuelle vous permettra de visionner un court documentaire sur l’Occupation et la Libération de la région, créé à partir d’images d’archives.
INFORMATIONS PRATIQUES
Adresse : 2 Chemin Saint-Georges, 59910 Bondues
Horaires : Les lundis, mercredis, jeudis et vendredis de 14h à 16h30 (visite libre). Les premier et troisième dimanches du mois de 14h30 à 18h (visite guidée à 15h30), sauf en juillet et août.
Tarifs : 6 € (audioguide inclus). Moins de 12 ans accompagnés de leurs parents : gratuit.
Attention, le musée n’accepte pas la Carte bleue !
Contact : 03 20 28 88 32
Site internet : www.ville-bondues.fr/musee/le-musee/
“Le Musée possède un important fonds d’archives ainsi qu’une collection d’ouvrages sur la Guerre 39-45, sur la Résistance en France et dans la région du Nord.
Une salle de consultation est ouverte au public, aux chercheurs, étudiants en histoire et à tout élève ou groupe d’élèves qui en font la demande.
Depuis 2001, des colloques sur le thème de la Résistance sont organisés à Bondues par le CRHENO (Centre de Recherche sur l’Histoire de l’Europe du Nord-Ouest), l’Université Charles de Gaulle – Lille III et la ville de Bondues.”
Lectures recommandées sur le fort de la Résistance de Bondues :
La Résistance dans le Nord-Pas-de-Calais – Robert Vandenbussche. C’est toute l’histoire de la Résistance et des résistants dans le Nord – Pas-de-Calais que l’auteur vous invite à découvrir.
Justes, un réseau… : Le Nord sous la botte nazie – Jean-Noël Coghe. À travers l’exemple de son grand-oncle, l’auteur retrace l’histoire de gens ordinaires, de toutes conditions, qui ont formé des réseaux de résistance et sont devenus des héros alors que le Nord était sous la botte nazie.
L’engagement dans la Résistance (France du Nord – Belgique) – Robert Vandenbussche. Les historiens soulignent la très grande diversité des itinéraires, la précocité d’une résistance dans la région interdite, la conjonction des facteurs qui lui donnent des formes patriotiques, mais aussi intellectuelles et humanitaires.
La répression allemande dans le Nord de la France (1940-1944) – Laurent Thiery. Fruit d’une dizaine d’années de recherches, ce livre fait appel à des archives inédites de la répression allemande dans le Nord et le Pas-de-Calais, notamment celles de la police et des tribunaux militaires d’occupation. Documents à l’appui, il brise le cou à de nombreuses erreurs et images erronées portées par la mémoire collective depuis des décennies.
Puisque vous êtes dans le coin, allez vous promener dans le très joli parc du Septentrion ou passez la journée à Wambrechies.
Vous pouvez également visiter l’émouvant mémorial Ascq 1944, à Villeneuve d’Ascq et le Musée du 5 juin 1944 à Tourcoing.
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