Niché dans la charmante commune d’Ambleteuse, non loin de Boulogne-sur-Mer, le Musée 39-45 offre aux visiteurs un plongeon fascinant dans l’époque tumultueuse que fut la Seconde Guerre mondiale. Ce musée captivant vous invite à découvrir une collection impressionnante d’objets et de documents retraçant les années sombres, témoignant des événements qui ont façonné l’histoire moderne de l’Europe.
Ambleteuse, comme de nombreuses cités de la Côte d’Opale, a été un lieu stratégique pendant la Seconde Guerre mondiale, notamment en raison de sa proximité avec l’Angleterre. Cette région est encore parsemée de fortifications allemandes qui faisaient partie du Mur de l’Atlantique.
Les origines du Musée 39-45
Comme beaucoup de musées privés, le Musée 39-45 a vu le jour grâce à la passion et à la détermination de deux passionnés d’histoire locale et collectionneurs, désireux de préserver et de transmettre le souvenir des événements de la Seconde Guerre mondiale. Il a fallu plus de 40 années de recherche et de voyages à Denis Barbe et Christophe Deschodt pour réunir ces milliers d’objets du monde entier, dont certains sont très rares, voire uniques. Un travail de titan !
Et ainsi, en 1989, le Musée 39-45 a ouvert ses portes dans un bâtiment spécialement aménagé pour accueillir cette incroyable collection, unique en France.
Au fil des années, la collection continue de s’enrichir. Les éléments visibles ne représentent qu’une partie du patrimoine du musée, les réserves conséquentes permettent à ses deux créateurs de présenter de nouveaux objets à chaque nouvelle saison.
Les collections du Musée 39-45
Le Musée 39-45 d’Ambleteuse se distingue réellement par l’étendue et la diversité de ses collections. Je n’avais encore jamais vu ailleurs une telle variété, une telle volonté d’exhaustivité. Le musée vous propose sur 800 m2 une visite complète du dernier conflit mondial, de la campagne de Pologne à la capitulation du Japon, en passant par la Campagne de France et celle d’ Angleterre, la Guerre en Afrique, en URSS, la bataille de Normandie, la Guerre d’Italie, I’offensive des Ardennes, la Guerre dans le Pacifique…
À travers une douzaine de salles, le musée expose une vaste gamme d’objets, de documents d’archives, d’uniformes et d’armes, tous soigneusement conservés et présentés le long d’un parcours chronologique et thématique. Les pièces exposées couvrent tous les aspects de la guerre, jusqu’à la Libération.
Le musée fait un effort particulier pour replacer les objets exposés dans leur contexte, en fournissant des explications détaillées sur leur origine, leur fonction et l’histoire des personnes qui les ont utilisés.
Les cartons explicatifs sont clairs et bien documentés.
Les visiteurs peuvent découvrir des pièces rares comme des équipements utilisés par les différentes armées impliquées, des affiches de propagande de l’époque, et même des éléments personnels ayant appartenu aux soldats et aux civils. Chaque objet raconte une histoire, qu’il s’agisse d’un casque éraflé par des éclats d’obus ou d’un étui à cigarettes découpé et gravé par un soldat.
Le Musée 39-45 ne se contente pas de présenter des objets, il s’efforce également de créer une expérience immersive pour les visiteurs. Une centaine de mannequins mis en situation dans des décors fidèlement reconstitués montre à la fois l’équipement militaire, mais aussi la vie quotidienne des soldats qu’ils soient alliés ou Allemands. Chaque scène regorge de détails.
Il y a des uniformes que l’on voit rarement… et que je n’avais jamais vu ailleurs. Un exemple frappant : le Brigadier-chef du 2e régiment de spahis algériens, avec sa cape. Ce régiment a vaillamment combattu des chars allemands dans les Ardennes en mai 1940, puis a participé, à partir d’août 1944, aux campagnes de France et d’Allemagne.
On remarque aussi I’uniforme que portait le général Moulin, dont l’unité a été anéantie en mai 1940 près de Cambrai, l’uniforme d’un soldat écossais du régiment “Cameron”, le seul qui ait combattu en kilt pendant la Campagne de France en 1940, celui d’un officier supérieur des cosaques du Don coiffé de la traditionnelle Schapska en astrakan, celui d’un pilote de la France libre ayant appartenu à I’escadrille Normandie-Niemen…
Gurkha des troupes coloniales britanniques, Marine américain de la bataille de Guadalcanal, Sous-officier allemand de I’Afrika Korps, soldat italien de la bataille d’EI Alamein, soldat japonais de la Campagne de Birmanie, Sous-officier polonais de Monte Cassino…
Le musée aborde même (encore une rareté) la Légion des Volontaires Français contre le bolchévisme, un régiment de la Wehrmacht composée de Français ayant choisi de se battre aux côtés des Allemands, contre les Russes.
Mais le Musée 39-45 ne se limite pas aux aspects militaires du conflit. Il présente également des objets du quotidien, des affiches de propagande, des journaux d’époque et des témoignages poignants, permettant de mieux comprendre l’impact de la guerre sur les populations civiles.
Le musée n’oublie pas, bien sûr, les Résistants français et leur patient combat de l’ombre. Là encore, on trouve des pièces rares, telle une boucle de ceinturon de I’armée allemande sur laquelle un FFL a soudé une croix de Lorraine ou encore ce minuscule petit cercueil que la Résistance envoyait aux “collabos” pour leur signifier leur arrêt de mort.
Une vitrine est consacrée au sergent Romain Duquesnoy, un membre de la 2e Division blindée du Général Leclerc, qui s’est battu en Alsace en décembre 1944, puis en Allemagne à partir d’avril 1945. La 12e compagnie de la 2e DB a été la première à atteindre le Berghof (la résidence d’Hitler dans les Alpes Bavaroises), devançant les parachutistes américains de la 101e Airborne. Romain Duquesnoy en a ramené plusieurs souvenirs : un diplôme de citoyen d’honneur offert à Hitler avant la guerre, une carte de visite de Martin Borman (chef du parti nazi), une dague de SA, un fragment de drap de SS, une chemise d’Herman Goering…
On peut même trouver dans le musée une rue de Paris reconstituée sous l’occupation avec trois boutiques spécialisées : un magasin réservé à l’occupant allemand (qui fournissait insignes, uniformes, mais aussi objets de la vie quotidienne) ; un bazar d’alimentation où l’on retrouve, outre les tickets de rationnement, tous les produits de substitution de l’époque et de la propagande vichyste ; et un magasin pour dames, où les femmes pouvaient se procurer des chaussures avec des semelles en bois articulé…
Parmi les dernières scènes reconstituées figure évidemment, dans une scène saisissante, le Débarquement de Normandie en juin 1944, avec les Alliés d’un côté et les Allemands dans leur bunker de l’autre. On remarque (avec le béret vert) le rare uniforme d’un soldat français du célèbre commando Kieffer, dont les 177 hommes participèrent au Débarquement.
A la fin de la visite, la projection d’un film d’archives, dans une petite salle de cinéma, vous fait revivre durant 30 minutes le débarquement en Normandie et la libération de Paris. Jetez un œil dans le cinéma, car il a été créé dans le style des années 1940 avec des sièges d’époque et il expose un grand nombre d’accessoires de films de guerre (armes, costumes et accessoires de films tels que “Il faut sauver le soldat Ryan” et “Black Hawk Down”).
Les enfants peuvent obtenir un questionnaire pédagogique, sorte de jeu de piste au travers duquel ils doivent trouver les réponses en regardant attentivement les vitrines ou en lisant les panneaux explicatifs.
À l’extérieur, vous pouvez approcher un char Sherman américain de 30 tonnes nommé “Jean Bart”, un canon américain de 105 mm, un canon allemand de 88 mm pour la DCA, une mine marine, une bombe volante V1 et une guérite allemande en béton provenant du Cap Griz-Nez.
Juste à côté de l’accueil, une boutique propose de nombreux livres, des souvenirs, des répliques de médailles, des cartes postales et même du surplus militaire (blousons, treillis, ponchos, duvets, housses, pulls de différentes nationalités).
Le Musée 39-45 organise régulièrement des événements spéciaux, tels que des reconstitutions historiques. Ainsi, au moins de juillet, l’association “Deeds, not words!” recréé un camp militaire américain de la Seconde Guerre mondiale avec une tente médicale, des véhicules, des passionnés vêtus d’uniformes et de nombreuses animations.
Le musée est accessible aux personnes à mobilité réduites. Vous pouvez garer votre voiture sur le parking du musée. Un arrêt de bus est situé à 1mn du musée (ligne 427, arrêt “Stade”, depuis Boulogne-sur-Mer ou Calais).
INFORMATIONS PRATIQUES
Adresse : 2, rue des Garennes 62164 Ambleteuse
Horaires : tous les jours, du 1er février au 11 novembre, de 10h à 18h (18h30 en juillet et août).
Tarifs : 8,90€ par adulte et 5,90€ par enfant (6 à 14 ans).
Contact : 03 21 87 33 01 et musee3945@orange.fr
Une visite au Musée 39-45 d’Ambleteuse est une expérience émouvante et enrichissante, qui permet de mieux comprendre l’histoire de la Seconde Guerre mondiale et de rendre hommage à ceux qui ont combattu pour notre liberté. Un lieu incontournable pour tous les amateurs d’histoire visitant le Pas-de-Calais.
Puisque vous êtes dans le coin, passez le week-end à Boulogne-sur-Mer, musée à ciel ouvert, ou remontez jusqu’à Calais, belle ville de la dentelle. Vous pouvez aussi faire une jolie balade au cran du Noirda d’Audresselles ou une randonnée magique au Cap Blanc-Nez.
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