La seule maison du mineur de France est située non loin de Béthune, dans une ancienne maison de coron qu’une association de passionnés a meublée comme en 1900 et vous invite à découvrir. Car si l’on connaît bien la mine et le travail des gueules noires dans la région, on découvre leur intimité et leur vie familiale.
Tous les premiers samedis du mois, vous êtes convié à un voyage dans le temps pour découvrir le passé minier annezinois. La maison du mineur reconstitue la vie quotidienne d’une famille des houillères. La cafetière qui mijote sur le poêle à charbon, la cuisine où sèche le linge à peine sorti de la lessiveuse, la machine à coudre pour réparer tous les vêtements, l’énorme landau qui servait à promener le dernier-né, les lourdes chaussures à semelles de bois, le seau de charbon, les napperons brodés… Tout y est.
L’histoire de la mine à Annezin
En 1850, les compagnies minières effectuèrent des forages dans la région, qui révélèrent la présence de charbon dans le sous-sol du petit village d’Annezin. Un premier puits de mine fut creusé en 1856, puis un second, et les deux furent reliés par une voie de chemin de fer.
Qui dit charbon dit mineur, et les compagnies des mines décidèrent rapidement de construire des logements pour héberger tous ces hommes et leurs familles dans cette zone rurale. Des barres de maisons, appelées “corons”, firent leur apparition.
Ces longues barres de 5 à 80 maisons identiques bâties sur un terrain peu coûteux étaient séparées par de toutes petites rues pour optimiser le terrain.
On a une mauvaise opinion du “coron”. Pourtant, à l’époque, ces logements étaient confortables comparés aux vieilles fermes sans chauffage, sans eau et sans électricité.
Une pompe à eau se trouvait à l’entrée du « coron » et servait à tous les habitants. Une cave permettait aux mineurs de ranger le charbon et les pommes de terre. Toutes les maisons possédaient un petit jardin où les mineurs pouvaient cultiver des légumes. Et les corons eurent l’eau courante et l’électricité avant tout le monde.
La population ayant doublé, on créa un nouveau cimetière, une nouvelle église et le téléphone arriva dans la ville dès 1885.
Le 16 mars 1900, une inondation noya complètement les deux puits (sans victime, heureusement), mettant brusquement fin à l’exploitation minière à Annezin. Les mineurs allaient-ils tous se retrouver au chômage et à la rue ? En effet, la maison n’appartenait pas au mineur, il n’était qu’un simple occupant. S’il subissait un accident (et ne pouvait plus travailler) ou se mettait en grève, il perdait à la fois son travail et son habitation.
Mais le personnel, les corons et les bureaux des mines furent rachetés par la Compagnie des mines de Bruay. Les mineurs continuèrent à vivre à Annezin, mais travaillèrent dans les mines Bruaysiennes, où un train les emmenait tous les matins.
La maison du mineur d’Annezin
La plupart des corons ont été détruits dans la ville et la Maison du mineur, qui fait partie d’un ensemble de 13 habitations construites en 1864, et l’une des rares qui ont été préservées.
“Des bénévoles de l’équipe d’animation du musée lui ont redonné vie en la meublant avec un grand souci d’authenticité, mêlant des éléments de cadre de vie du mineur et de sa famille avec de nombreux objets, outils et documents liés à la mémoire minière.“
Site de la Maison du mineur d’Annezin
Durant votre visite, un guide de l’association vous explique l’histoire de la ville, de la mine et de la maison en elle-même.
En entrant dans la pièce à vivre, on découvre le petit poêle qui sert de chauffage, le point d’eau pour la toilette (rare à cette époque), les photos de famille sur la cheminée, la machine à coudre de madame, le landau et le berceau du bébé…
Certains des loisirs du mineur sont également représentés : des javelots flamands / picards et une pointeuse de colombophile.
L’association a également ajouté un cabinet (anachronique chez un mineur, selon leur propre aveu) qui présente la panoplie des outils de travail, la lampe et la barrette, des “gaillettes” (morceaux de charbon) et les médicaments du dispensaire, etc.
Dans le couloir, l’association a rassemblé de surprenants documents et photographies qui nous racontent le passé minier : le travail des enfants, des femmes, l’époque des compagnies privées (avant la nationalisation de 1946) et leurs actionnaires.
La cuisine dévoile une superbe cuisinière sur laquelle l’épouse du mineur préparait les repas ou faisait chauffer l’eau de la lessive avant de faire sécher le linge au-dessus du foyer.
Un escalier bien raide monte à la chambre des parents où se trouve le berceau du petit dernier, des images pieuses accrochées aux murs, la bassine pour se débarbouiller…
La maison du mineur d’Annezin vous invite à un captivant voyage dans la mémoire minière. Vous pouvez entrer sans frapper, le guide vous accueillera à bras ouverts.
INFORMATIONS PRATIQUES
Adresse : 11 rue Duguesclin 62232 Annezin
Horaires : Ouvert le 1er samedi du mois de 10h à 12h. Visite guidée d’1h30 environ.
Tarifs : 2€ /adulte ; 1€ /enfant de moins de 12 ans.
Puisque vous êtes dans le coin :
Allez vous promener dans l’ancienne gare d’eau de Béthune ou visitez le Musée de la chaussure de Lillers.
Et si l’univers de la mine vous intéresse, ne passez pas à côté de la Cité des électriciens de Bruay-la-Buissière ou du Centre historique minier de Lewarde.
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Bonjour,
Dommage que cela ne soit ouvert que le samedi. Nous aurions beaucoup aimé visiter.
Oui, c’est dommage. Ce musée gagnerait à être ouvert en semaine (le mercredi, pour les enfants ;)), mais il est animé par des bénévoles qui ne sont pas toujours disponibles… N’hésitez pas à contacter la mairie, ils y organisent peut-être des événements durant l’année.