Lucheux, située dans la Somme, perché sur sa colline picarde, est incontestablement un des plus beaux villages de Picardie, par son architecture classée et remarquablement préservée et sa position géographique propice à la découverte de la nature. Lucheux est aussi le seul village Picard à conserver les 3 édifices symboles de la société française médiévale : un château, une église et un beffroi !
Flânez dans ses ruelles pittoresques et fleuries, laissez-vous transporter à travers les siècles, au gré des vieilles pierres et des légendes locales. Le village est aussi une étape idéale pour les amateurs de nature, avec ses vallons verdoyants et sa forêt, parfaits pour une balade « nature et patrimoine ».
Vous trouverez à Lucheux plusieurs possibilités de randonnées, à pieds ou à vélo… J’ai choisi de me promener le long du « Parcours découverte« , en l’aménageant un peu à mon goût. Nous commençons dans la rue du 8 mai 1945, face à une très vieille maison de brique parsemée de pierres blanches. Le beffroi se situe juste sur notre droite.
Le beffroi, classé depuis 1896, enjambe la route principale de Lucheux. C’est un exemple rare de « beffroi-porche ». Il est doté d’une horloge dont le mécanisme est remonté tous les huit jours par un employé communal et la toiture du clocheton est recouverte de tuiles en bois de noisetier !
Le beffroi est reconnu à l’UNESCO depuis 2005. Faites prisonnière à Compiègne le 23 mai 1430, Jeanne d’Arc aurait été enfermée dans les prisons du château de Lucheux avant d’être conduite à Rouen.
Les Luchéens ont obtenu leur charte communale en 1201, ce qui leur a permis de construire le beffroi, symbole du pouvoir de la commune. Construit vers 1380 sur l’ancienne porte des remparts de la cité, le beffroi possède une architecture atypique, unique dans le nord de la France.
Juste à côté du beffroi se dresse une grande bâtisse de pierre calcaire et de brique.
L’ancien Couvent des Carmes a accueilli les Pères Carmes au 18e siècle, avant que les habitants ne les chassent lors de la Révolution française. Devenu dès lors un bien privé, il accueille à présent la mairie du village.
Le village de Lucheux possède encore quelques belles maisons picardes typiques du 18e siècle ayant conservé leur authenticité.
Le monument aux morts porte les noms des soldats décédés durant la Première et la Seconde Guerre mondiale, mais aussi d’Emile Galet et Maurice Morel, deux ouvriers résistants arrêtés le 18 août 1944 et déportés par le train de Loos, puis décédés dans les camps de la mort.
Le long du parcours, nous allons croiser de jolis panneaux explicatifs « Atlas Participatif Biodiversité Communale » mis en place par la ville de Lucheux et le Val d’Authie. Ils présentent les différents animaux présents dans la localité.
L’Arbre des épousailles, arbre remarquable, est une curiosité botanique : il s’agit probablement de deux vieux tilleuls emmêlés qui auraient environ 300 ans. Il a été classé monument naturel en 1930 sous la désignation « Arbre des mariages », puis Arbre remarquable en 2005.
Derrière ces deux beaux arbres s’étend un grand terrain de « ballon au poing« , un sport traditionnel de Picardie, inscrit à l’inventaire du patrimoine culturel immatériel français depuis 2012.
Tout au bout du terrain, nous prenons sur la droite dans la rue du Petit-Marais pour nous rapprocher des bois vallonnés qui entourent le village.
Nous pouvons faire une halte sur la table de pique-nique ou regarder l’eau couler doucement sous le pont.
La Grouche prend sa source dans le Pas-de-Calais avant de rejoindre l’Authie à Doullens.
À côté du pont, nous trouvons un autre panneau, qui présente la « chouette effraie ». Peut-être l’une d’elles loge-t-elle dans le beffroi ?
Au bout du chemin, il est possible de tourner à gauche, pour entrer dans la forêt, mais nous allons prendre sur la droite pour rester dans le village.
Encore un autre panneau, présentant cette fois le chevreuil, que l’on doit croiser dans les bois…
Il faut prendre de nouveau sur la droite, au pied du pylône, et nous glisser dans l’ouverture taillée dans les feuillages.
La chouette chevêche, contrairement à la chouette effraie, apprécie les arbres et la journée.
Lors de ma promenade, le temps était humide et il avait plu la veille. J’ai croisé de nombreux et énooormes escargots.
Je n’ai, par contre, pas rencontré d’orvet, ce lézard sans pattes qui aime les prairies à végétation haute, les haies et les forêts.
Vous aurez peut-être, comme moi, la surprise de vous retrouvez nez à nez avec un troupeau de vaches et de génisses menées au pré… Il suffira d’attendre qu’elles soient parvenues à destination (sans trop les approcher, elles sont craintives).
Au bout du chemin de terre, tournons à droite pour retrouver la route, appelée « Chemin de la Folie ».
Au bout de la rue, nous tournons de nouveau à droite et avançons jusqu’à l’église Saint-Léger de Lucheux et son ancien presbytère. Cette église de style roman, classée aux Monuments Historiques, a été construite au 12e siècle.
Elle possède des voûtes d’ogives parmi les plus anciennes de France et de magnifiques chapiteaux romans, dont plusieurs illustrent les péchés capitaux par le biais de figures humaines, diaboliques, animales et végétales. Attention : l’église est ouverte uniquement le samedi de 14h à 15h, de mai à septembre, par l’association « Les Amis de Saint Léger ».
En face de l’église s’étend un petit cimetière qui accueille quelques jolies chapelles et des tombes de soldats reconnaissables au « macaron » du Souvenir Français.
William Forsyth, du Premier bataillon des gardes Gallois, est décédé le 25 mai 1940 durant la Bataille de France, à l’âge de 20 ans. (Les Welsh Guards ont été créés en 1915 et sont ceux qui « défilent » vêtus de rouge devant Buckingham Palace, assurant la garde du monarque britannique).
La très belle et très émouvante tombe d’Emile Huret, tué le 26 décembre 1914, a été dressée par ses parents qui ont gravé un message au pied de la tombe : « A la mémoire d’un fils bien-aimé, Emile Huret. Sa vie fut un court passage, il sema autour de lui le bonheur, il alluma dans le cœur de ses parents désolés une reconnaissance qui ne s’éteindra jamais. »
Ernest Flary et Albert Leclercq, tous les deux du 48e bataillon de chasseurs à pied, sont décédés à l’âge de 31 ans.
Le soldat Ernest Flary est décédé à Lassigny, dans l’Oise, en août 1918. Le sergent Albert Leclercq est mort « de maladie contractée en service », dans l’hôpital militaire d’Orléans en mars 1918.
Nous ressortons du cimetière pour continuer notre promenade et longer l’école maternelle Alphonse Ducellier, du nom d’un historien local.
Sur le fronton figurent une citation en latin un peu effacée (« Ipse ??? altissimus »), ainsi que deux médaillons (représentant peut-être Napoléon III et Eugénie ?).
Après quelques centaines de mètres, nous tournons à gauche pour monter la rue du Boisle.
Nous remontons la rue Raymond Dubois pour jeter un œil au château de Lucheux… Ce château, édifié en 1120 par Hugues de Campdavaine (Comte de Saint-Pol), est un véritable témoin de l’architecture militaire médiévale. Détruit à plusieurs reprises par les troupes anglaises, bourguignonnes et espagnoles, il a été définitivement démantelé sur ordre de Richelieu.
D’importants vestiges sont encore présents dans le parc, mais on ne les voit guère. Derrière les arbres, on distingue de la forteresse la porte du Bourg (du 14e siècle) encadrée par deux tours à poivrière.
Cette importante place fortifiée a protégé la frontière Picarde pendant près de 5 siècles. Les descendants se sont succédé dans le château avant de le revendre dans les années 1920. C’est aujourd’hui une demeure privée et fermée au public.
Nous redescendons enfin la rue Raymond Dubois vers la rue du 8 mai 1945 et la très ancienne maison qui fait le coin des deux rues, pour revenir à notre point de départ.
À Lucheux, passé et sérénité se mêlent pour une escapade hors du temps !
Découvrez l’histoire de cette cité médiévale et de ses monuments lors d’une visite guidée proposée par l’Office de Tourisme du Territoire Nord Picardie de Doullens. Le départ des visites a lieu place du Beau-Bourg (face au Beffroi), les mercredi et samedi à 14h30 durant le printemps et l’été.
Réservation conseillée au 03.22.32.54.52 / durée : 1h30 / tarif : 6€.
Cet article vous a plu ? Gardez-le ou partagez-le.