Un “familistère”, qu’est-ce que c’est ? C’est un ensemble de logements, c’est même une petite ville, mais plus encore. Le familistère de Guise, c’est un lieu incroyable, le fruit de l’imagination d’un utopiste, Jean-Baptiste André Godin, qui avait à cœur de mettre les employés de son usine sur un pied d’égalité. Il a construit un énorme complexe de logements et a ainsi redistribué les richesses de son usine à sa manière.
L’histoire du familistère
“Établissement où plusieurs familles ou individus vivent ensemble dans une sorte de communauté et trouvent dans des magasins coopératifs ce qui leur est nécessaire, le familistère de Guise, voulu par l’industriel Jean-Baptiste André Godin pour l’hébergement de ses ouvriers, est un haut lieu de l’histoire économique et sociale des 19e et 20e siècles.” (wikipedia)
Jean-Baptiste André Godin inventa en 1840 le célèbre poêle en fonte de fer qui permet de mieux se chauffer. Ses poêles rencontrèrent un tel succès qu’il fit fortune. Mais contrairement à certains “grands patrons” de l’époque, il se souciait d’améliorer la vie des employés de son usine et de leurs
familles et choisit de partager ses profits. Socialiste, influencé par les idées innovantes d’un philosophe, il désirait une société plus juste avec un confort équivalent pour tous : “les équivalents de la richesse”. C’est-à-dire lumière, hygiène, alimentation saine, accès à l’éducation et loisirs variés. Il fonda dans ce but une cité modèle : le Familistère.
Tout cela était très nouveau pour l’époque, car la plupart des gens vivaient dans de tout petits logements sombres et insalubres. Le Familistère était un ovni, une merveilleuse innovation, une cité inconcevable qui fut pourtant conçue, et qui survécut pendant un siècle.
Le familistère de Guise
C’est un vaste site que vous allez pouvoir visiter à Guise, prévoyez la journée ! (au fait, le U de Guise se prononce ;))
Classé aux monuments historiques depuis 1991, le familistère accueille depuis 2010 un musée qui se déplie sur plusieurs bâtiments, tant il y a de choses à dire.
L’aile droite et appartement de Godin
Dans l’aile droite, on découvre les différents visages du familistère, décennie après décennie, alors qu’il s’agrandissait, se modernisait et accueillait une population grandissante.
On découvre que le Familistère et l’usine Godin ne faisaient qu’un. D’ailleurs, “Monsieur Godin” avait instauré ses propres règles permettant d’améliorer la qualité de vie de ses ouvriers : interdiction du travail des enfants de moins de 14 ans, réduction du temps de travail hebdomadaire, mise en place d’un système d’assurance maladie et de retraite pour les plus de 60 ans. À l’époque, c’était inconcevable.
Le Familistère de Guise a été construit à côté de l’immense usine Godin (dont il ne reste aujourd’hui que quelques bâtiments), au beau milieu des champs.
La salle du rez-de-chaussée accueille une exposition qui présente la vie de Godin avant la création du Familistère : il a découvert la philosophie sociale de Fourier et a participé financièrement à l’établissement d’une communauté d’ouvriers au Texas, mais il a aussi été inspiré par d’autres idées communautaires : les communautés owénistes britanniques et américaines, les communautés icariennes du Nouveau Monde, de multiples expérimentations anarchistes…
Godin vivait au Familistère avec son épouse Marie Moret, mais dans un appartement plus confortable et plus “bourgeois” que celui des ouvriers. Dans l’appartement recréé, le sol est revêtu de parquet et non de carreaux en terre cuite, il y a plus d’espace, il comporte plusieurs pièces et il est mieux décoré…
Partout dans le familistère, différents médiums sont proposés : vidéo, tablette tactile, photo, textes plus ou moins détaillés…
Au milieu du 19e siècle, la majorité des enfants travaillaient dans les usines textiles, dans les champs ou à la mine (Jules Ferry n’a fait voter sa loi qu’en 1882). Godin ne voulait pas entendre parler de travail pour les enfants. Ils devaient se rendre à l’école pour apprendre à lire, écrire, compter, mais on leur organisait aussi des jeux, des fêtes et des bals.
Des poêles Godin sont disséminés un peu partout dans le Familistère. Ils changent de style avec les époques et sont tous plus beaux les uns que les autres.
Le théâtre du familistère
Le théâtre, toujours en activité aujourd’hui, était à l’époque un lieu très important pour le Familistère. Là, les élèves des écoles jouaient des spectacles, Godin prononçait des discours et des décisions importantes étaient prises au cours des assemblées générales qui s’y déroulaient.
La fête de l’Enfance avait lieu chaque année en septembre et les enfants présentaient sur scène un petit spectacle.
En plus des visites guidées, le Familistère propose des “moments d’échange” avec les médiateurs/trices, d’une durée de 20 minutes, pour en apprendre un peu plus sur le Palais social et son histoire.
“Les clés du Palais”, ont lieu dans le théâtre du Familistère chaque jour à 14h30, ainsi qu’une séance supplémentaire à 10h30 les samedis, dimanches et durant les vacances scolaires.
Vous y regarderez une vidéo immersive où monsieur Godin lui-même vous expliquera comment et pourquoi il a fondé ce site.
Le pavillon central
Avec sa vaste cour vitrée, le pavillon central, achevé en 1865, est la pièce centrale du Familistère, au niveau géographique comme muséal. On l’appelle d’ailleurs “le Palais social”. C’est dans ce bâtiment que vous en apprendrez le plus sur le site et ses habitants au fil des décennies.
Mais il est toujours habité !
La grande cour répond aux principes du familistère : l’espace, l’air qui circule depuis des bouches d’aérations, la lumière diffusée depuis la verrière…
Tout autour de cette cour s’élèvent les niveaux d’habitation et leurs logements, desservis par des coursives. Et c’est dans certains des anciens logements que sont installées les différentes expositions.
Vous pouvez ainsi découvrir les principaux matériaux de construction du Familistère : l’argile pour les carreaux de pavement, les tuiles et la brique ; le bois pour les planchers ; le verre pour la grande verrière ; la fonte pour certains éléments d’architecture…
Godin a popularisé le poêle en fonte de fer qui permettait de mieux se chauffer. Ces poêles, et d’autres objets en fonte de fer comme les cocottes, étaient fabriqués dans son usine de Guise et dans celle de Laeken en Belgique.
L’exposition s’étend sur trois étages. Elle retrace l’histoire sociale et économique du Familistère, de sa fondation en 1859 à la dissolution de “l’Association coopérative du capital et du travail” en 1968.
De nombreux graphiques, documents et objets détaillent le fonctionnement interne du familistère, les règles, le “classement” des ouvriers selon leur ancienneté, les salaires, etc. Le Familistère, c’était avant tout des êtres humains !
« L’aventure du Familistère » se conclut avec la salle des « Paroles du Familistère ». Elle présente de rares témoignages vidéos d’anciens habitants et ouvriers qui font le récit de leur expérience personnelle du Palais social, mais aussi des usines de Guise et de Bruxelles.
Dans les étages, des appartements ont été reconstitués et meublés tels qu’ils existaient en 1867, 1929, 1950 et 1968.
Une collection de superbes poêles Godin vous permet d’admirer le superbe travail des ouvriers et artistes des usines, souvent influencés par les modes et styles du moment (notamment Art Nouveau et Art Déco).
De part et d’autre de l’entrée du pavillon central se trouvaient deux magasins.
L’ancienne mercerie est devenue l’une des boutiques du musée. L’ancienne épicerie a été reconvertie en une salle de projection où des films sur le Familistère sont diffusés tous les jours.
Le jardin du familistère
Faites le tour de l’aile droite pour accéder au jardin. Vous croiserez les monuments aux morts de la guerre 1914 – 1918, dédié spécifiquement aux ouvriers des usines Godin morts pour la France.
Au Familistère, de nombreux moments festifs permettaient aux habitants de vivre ensemble des moments de loisir. Le kiosque était un lieu de rassemblement où l’on pouvait jouer de la musique. Godin a d’ailleurs lui-même composé des morceaux et des chansons !
La buanderie – piscine
L’accès à l’hygiène était un élément essentiel pour Godin, car les éléments de la vie saine étaient l’espace libre, l’air pur, la lumière et l’eau en abondance. Au milieu du 19e siècle, cet accès facilité à l’hygiène était une grande avancée sociale.
Dans la buanderie, les habitantes lavaient le linge. Des bains-douches permettaient aux habitants de se laver après les journées de travail.
La piscine permettait l’activité physique, mais aussi la mixité sociale : tout le monde pouvait s’y retrouver, de l’ouvrier au directeur. Les enfants y apprenaient à nager.
Le jardin d’agrément
Sortez de la buanderie et contournez-la pour vous diriger vers le jardin d’agrément, qui offrait une transition entre l’usine et les habitations sur plus d’un hectare.
À la fois verger et potager collectif (avec ses serres), jardin pédagogique pour les enfants du Familistère, et lieu de promenade, il est devenu lieu de mémoire à la mort de Jean-Baptiste Godin : un mausolée s’élève au-dessus des tombes de Godin et de Marie Moret, dans la partie haute du jardin.
J’espère que cette présentation vous aura donné envie de visiter le Familistère de Guise !
Des visites guidées sont proposées à 11h30 et 15h30 chaque jour. Elles sont limitées à 35 personnes. Réservez vos places dès maintenant.
La visite d’accueil (45mn) est une introduction à l’histoire et à la signification du Familistère.
Les visites express (20 minutes) abordent des thèmes particuliers de l’histoire Familistère ou de son actualité : « Les caves, poumons du Palais social », « Appartement de Godin : le laboratoire du Familistère », « Habiter le Familistère en 1867 », etc.
Le familistère propose également des ateliers pour les adultes et les enfants.
INFORMATIONS PRATIQUES
Adresse : Cité Familistere, 02120 Guise
Horaires : de 10h à 18h toute l’année. Du 1er novembre au 28 février, le Familistère est fermé les lundis. Compter un minimum de 3 heures de présence sur le site.
Tarifs : Plein tarif : 10 €, Réduit : 7 € (étudiants, 10-18 ans, demandeurs d’emploi et personnes handicapées). Visite guidée : 12€ / 9€. Gratuit : moins de 10 ans, carte presse, carte ICOM.
Puisque vous êtes dans le coin :
– Visitez aussi le château fort de Guise, ancienne forteresse dont les ruines et les souterrains furent le théâtre de 1 000 années d’histoire.
– Visitez un autre musée unique, celui du touage de Riqueval.
– Poussez jusqu’à la belle ville de Saint-Quentin, capitale française de l’Art Déco.
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