Une bien jolie balade vous est proposée par le village patrimoine de Merris, discrète bourgade de 1000 habitants située non loin d’Hazebrouck.
Cette charmante localité a de nombreuses surprises à vous offrir, dont des circuits pédestres à la fois bucoliques et historiques.
La particularité de Merris est le rôle que le village a joué (ou plutôt subi) durant le premier conflit mondial :
« S’il est difficile de savoir à quand remontent les origines de Merris, il est par contre certain que c’est la Première Guerre mondiale qui a dessiné le village tel qu’il est aujourd’hui. Merris était situé à proximité immédiate du nœud ferroviaire qu’était Hazebrouck, c’était donc un lieu stratégique pour les Allemands qui ont régulièrement bombardé le secteur. En avril 1918, les troupes allemandes et anglaises se sont affrontées sur le territoire merrisien, n’y laissant que des ruines. La Reconstruction, qui prit une bonne dizaine d’années, ne s’est pas faite à l’identique de ce qui existait avant la guerre, mais de façon créative et homogène, ce qui fait de Merris un très bel ambassadeur du patrimoine de la Reconstruction post-Première Guerre mondiale. Aujourd’hui, la commune conserve son caractère rural et agricole. La commune est aussi fière d’être l’une des rares dans laquelle la tradition de la dentelle perdure. Une école (le Relais de la Dentelle), en pleine campagne merrisienne, dispense toujours des formations à cette technique qui a fait la renommée de la Flandre.«
EffetFlandres.fr
La balade
À l’aide d’un plan (disponible ici en PDF), le village patrimoine de Merris vous propose de découvrir ces bâtiments les plus intéressants et emblématiques.
1 – L’Internat Familial, construit à partir de 1888 pour servir d’hospice, et qui fut également un orphelinat. Son architecture flamande et son aspect monumental lui donnent des airs d’université anglaise.
2 – Les bâtiments scolaires, construits après la Première Guerre mondiale dans un style néo-Renaissance flamande.
3 – Le très grand calvaire, béni en 1936, depuis lequel vous pouvez admirer un beau panorama sur les Monts de Flandre.
4 – La grande ferme flamande, bâtie après-guerre, exemple typique de ferme flamande à cour carrée.
5 – L’église provisoire d’après-guerre, qui fut en service de 1922 à 1929 et sert aujourd’hui de salle polyvalente.
6 – L’église Saint-Laurent, un édifice remarquable de la Reconstruction, terminée en 1929 et qui conserve l’esprit de l’architecture flamande.
Mémoire de la Guerre 1914 – 1918
Outre ses bâtiments remarquables, Merris propose également des circuits spécifiques à la Première Guerre mondiale, et notamment à l’année 1918. En effet, durant le printemps 1918, Merris se retrouve au beau milieu de l’offensive allemande sur la Lys. La Première division australienne arrête les Allemands et les bloque sur une ligne de front allant du mont de Merris à la forêt de Nieppe. Tout autour, les communes de Vieux-Berquin, Meteren, Outtersteene et Bailleul sont envahies par l’ennemi jusqu’à ce que, le 29 juillet 1918, le Dixième bataillon australien reprenne Merris, en ruines.
Yannick Benoist, qui retrouvait régulièrement dans son jardin divers objets datant de la Première Guerre mondiale, et Pierre Duquesnoy, un Merrisien passionné par la recherche de ces objets remontés en surface, se sont liés d’amitié et ont créé, avec d’autres habitants, le « Comité de Soutien au Patrimoine Merrisien ». Pour célébrer le centenaire 14-18 à Merris et Vieux-Berquin, mais aussi commémorer les combats et les pertes en vies humaines, le Comité a créé un chemin de mémoire.
Le chemin de la mémoire
Composé de 3 circuits à Merris et d’une boucle à Vieux-Berquin (de jolis parcours pédestres dans la campagne), le chemin est parcouru de panneaux signalétiques (avec textes et photos) vous expliquant les différentes opérations, les positions des belligérants, les batailles importantes, les soldats décorés, etc.
Les trois circuits, dédiés aux Britanniques, Français, Australiens et Néo-Zélandais qui se sont battus dans le secteur, ont été distingués par le label national « centenaire 14-18 ». Ils démarrent à l’église de Merris où un premier panneau nous explique que, peu après leur arrivée, les Allemands ont exigé une rançon de 5000 francs, sous peine d’exécuter le curé et 10 villageois. Heureusement, la somme fut rassemblée très rapidement et les otages libérés.
Premier circuit de 3 km aller-retour (bleu) : Opération Georgette
En avril 1918, les soldats britanniques, bien que moins nombreux, sont parvenus à repousser l’attaque allemande dans le bois de Merris et près de la voie ferrée, au prix de pertes terribles.
Deuxième circuit de 4,5 km aller-retour (rouge) : Mont de Merris
Les Australiens sont arrivés en renfort pour arrêter la progression des Allemands. L’un d’eux, Phil Davey, a reçu une Victoria Cross pour avoir attaqué seul une mitrailleuse allemande avec des grenades, sauvant ainsi les vies de ses camarades.
Troisième circuit de 4,2 km aller-retour (vert) : Monts de Flandre
L’attaque des Allemands s’est arrêtée sur le Mont Kemmel, mais on a une vue sur tous les monts de la chaine des Flandres. (C’est sur un autre Mont, le mont des Cats, qu’est décédé le prince Maximilian von Hessen, neveu du Kaiser Guillaume II et arrière-petit-fils de la reine Victoria).
La boucle de la mémoire de Vieux-Berquin
Elle démarre de la Grand-Place. Le long de cette boucle de 6 km, on découvre la « bataille de la Couronne », durant laquelle de nombreux soldats britanniques ont perdu la vie, puis les bataillons australiens qui se sont installés en bordure de la forêt de Nieppe, et enfin la « bataille de la Becque » qui vit la contre-offensive britannique en juin 1918.
Tout au long de ce chemin de mémoire, vous pouvez observer ou visiter :
Une borne Vauthier
La borne « Merris », sculptée dans les années 1920 (comme toutes les bornes Vauthier) pour commémorer la ligne de front de juillet 1918, avait disparu lors de l’occupation allemande en 1940. La nouvelle borne a été taillée dans un bloc de granit par Frédéric Cassarano.
Une maison du souvenir
Un petit musée installé dans l’ancienne chapelle de l’Internat Familial (rue du Docteur Maréchal), où certains des objets découverts par Yannick Benoist sont exposés. Via de grands portraits, la Maison met en valeur une vingtaine de soldats australiens et anglais tombés aux alentours de Merris.
Une stèle commémorative
Dédiée à 4 soldats Australiens dont les corps n’ont été retrouvés qu’en 2003, elle se dresse sur la place de l’église.
Lors de notre parcours de l’un des circuits, nous avons eu la chance d’avoir pour guide Yannick Benoist, vice-président du CSPM, passionné par la période et par son village, et auteur du livre « Merris au cœur de la guerre 14-18 ».
Autour de Merris
Dans la continuation de ce chemin de la mémoire, vous pouvez aussi voir :
Le monument aux morts de Merris, original avec ses colonnes ainsi que ses statues d’une femme et d’un petit garçon en deuil.
Le cimetière communal de Merris où sont enterrés 7 soldats français tombés en 1914-1918, ainsi que 17 soldats britanniques tombés durant la Bataille de France au printemps 1940.
Le cimetière britannique d’Outtersteene (« Outtersteene communal cemetery extension »), où sont enterrés 1393 soldats de la Première Guerre Mondiale, dont des soldats australiens tombés à Merris. Le cimetière fut également utilisé en 1940 pour y enterrer 72 soldats britanniques tués durant la retraite vers Dunkerque.
Le « Aval Wood Military Cemetery », à Vieux Berquin, où sont enterrés 408 Britanniques, 3 Australiens et un Allemand tombés durant la Première Guerre mondiale.
Circuit pédestre
Si la période de la guerre ne vous intéresse pas vraiment, mais que vous aimez marcher, vous pouvez (outre les édifices intéressants de Merris), parcourir le circuit du Mont de Merris (6 ou 12 kilomètres). Ce circuit autour de Merris emprunte des petites routes macadamisées et des chemins agricoles.
Comment s’y rendre ?
Merris est situé un peu à l’ouest de l’A25, à hauteur de Bailleul/Hazebrouck.
Du nord, prenez la sortie 11, direction Hazebrouck, Strazeele et Merris.
Du sud, prenez la sortie 10, tournez à gauche vers Vieux-Berquin. Un peu avant Vieux-Berquin, vous trouverez des panneaux Merris.
Vous avez un creux ?
Le bistrot de Tonton à Merris
Le Bistrot de Tonton vous réserve une cuisine traditionnelle faite à partir de produits frais et locaux. Tonton vous propose une grande carte de bières, dont des bières locales comme l’Anosteké et l’Angelus, pour accompagner vos plats. L’estaminet est ouvert du mardi au vendredi midi, le dimanche midi et les vendredi et samedi soir.
Les vergers de Soenen, 320 route de Merris à Meteren.
De délicieux jus de pommes et pétillant de pomme, dans une exploitation écoresponsable.
Les vergers Herreman, 494 route de Doulieu à Meteren
Puisque vous êtes dans le coin, visitez la jolie ville de Bailleul ou le Musée de la vie rurale de Steenwerck. Vous pouvez aussi vous promener le long du Chemin des jacinthes à Sant-Jans-Cappel, passer une journée au Mont des Cats ou à Boeschepe.
Cet article vous a plu ? Gardez-le ou partagez-le !